Plombé par la crise en 2009, le secteur aérien ne décollera pas en 2010

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éroport de Francfort en Allemagne, le plus important de l’Europe occidentale (Photo : Torsten Silz)

[15/09/2009 16:53:59] PARIS (AFP) Plombées en 2009 par la crise économique qui a fait chuter le trafic, les compagnies aériennes devraient encore essuyer des pertes en 2010, a estimé mardi l’Association internationale du transport aérien (IATA).

“La tempête économique mondiale se calme, mais les compagnies aériennes n’ont pas encore trouvé un havre de paix. La crise continue”, a prévenu Giovanni Bisignani, directeur général de IATA –qui représente 230 compagnies aériennes, soit 93% du trafic aérien international, à l’exclusion des compagnies “low-cost”–, lors d’une conférence de presse à Washington retransmise par téléphone.

“Ce n’est pas un choc à court terme. Pour survivre, les compagnies aériennes doivent tailler dans leurs coûts, gérer avec attention leurs capacités –c’est-à-dire cesser éventuellement de desservir certaines liaisons peu rentables ou moins souvent, ndlr–, avoir de l’argent immédiatement disponible”, a-t-il estimé.

Selon IATA, elles devraient perdre l’année prochaine 3,8 milliards de dollars dans le monde, après une perte cette année de 11 milliards de dollars (encore plus lourdes que ce qui était prévu en juin: 9 milliards USD).

“La crise actuelle a un impact financier encore plus fort que les attentats terroristes aux Etats-Unis le 11 septembre 2001”, a-t-il ajouté.

Les pertes combinées de 2008/2009 devraient atteindre 27,8 milliards de dollars, contre 24,3 milliards en 2001/2002, estime l’Association.

Trois facteurs principaux pèsent sur les comptes des transporteurs: le déclin du trafic, la baisse de recette unitaire et la hausse des prix du pétrole, pointe IATA.

Ainsi, en 2009, le trafic de passagers devrait décliner de 4%, celui du fret de 14%. La recette unitaire –l’argent récolté par passager ou marchandise transporté– devrait chuter de 15% pour le fret et de 12% pour les passagers.

La baisse de demande de billets en classes affaires a particulièrement pesé sur les transporteurs, les businessmen voyageant de plus en plus en classe économique, victimes du resserrement des budgets de leurs entreprises.

Porté par les attentes d’une reprise économique, le pétrole s’est récemment renchéri: 61 dollars le baril, contre 56 dollars estimé en juin dernier.

Récemment, “l’optimisme dans l’économie mondiale a conduit les volumes de passagers et de fret à progresser, mais c’est le seul point positif”, note IATA. Elle table sur une reprise du trafic en 2010 de +3,2% pour les passagers, +5% pour le fret.

En revanche, la recette unitaire devrait peu se redresser et le prix du pétrole rester élevé –72 dollars–, l’an prochain.

Alors que la première compagnie aérienne japonaise, Japan Airlines (JAL), malmenée par la crise et en quête d’argent, voit affluer les offres de partenariat de compagnies aériennes étrangères, –les américaines, Delta Air Lines et American Airlines, notamment–, M. Bisignani s’est lancé dans un plaidoyer pour la consolidation du secteur.

“C’est un devoir. Il n’y a pas d’industrie aussi fragmentée que la nôtre”, a-t-il dit. Héritier du passé –où chaque pays possédait une compagnie porte-drapeaux–, le secteur aérien est encore très fragmenté, si on le compare par exemple à l’industrie automobile, a pointé M. Bisignani.

Il s’est félicité du mouvement de concentration qui a commencé ces cinq dernières années en Europe, avec la fusion d’Air France et de la néerlandaise KLM, ainsi que celle enclenchée aux USA avec l’union de Northwest et Delta.

“Mais maintenant, il faut une consolidation entre zones régionales”, a-t-il souhaité.