Le Brésil renforce le contrôle de l’Etat sur le pétrole en eaux profondes

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ésident brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le 31 août 2009 à Brasilia (Photo : Evaristo Sa)

[31/08/2009 22:05:04] RIO DE JANEIRO (AFP) Le Brésil a dévoilé lundi son plan pour renforcer son contrôle sur les immenses gisements de pétrole en eaux très profondes, en faisant de la compagnie publique Petrobras le seul opérateur et en lui assurant au moins 30% des revenus dans les zones exploitées par des compagnies étrangères.

Ces réserves de pétrole constituent “un passeport pour l’avenir” et c’est la raison pour laquelle il fallait établir de nouvelles règles pour le secteur en modernisant la loi de 1997 sur le pétrole, a déclaré le président Luiz Inacio Lula da Silva en présentant les nouvelles mesures.

Cette loi de 1997 avait mis fin au monopole de Petrobras et établi un système de concessions. Celui-ci reste toutefois en vigueur pour les anciens gisements.

Découverts fin 2007, ces énormes gisements, dans les eaux de l’Atlantique au large des côtes sud-est du pays, pourraient renfermer quelque 50 milliards de barils de brut, sous une épaisse couche de sel.

Si les réserves se confirment, elles transformeront en dix ans le géant sud-américain – dont les réserves actuelles sont de 14 milliards de barils – en l’un des grands producteurs de brut de la planète.

Lula a affirmé que grâce à Petrobras, contrôlée à 55% par l’Etat, le Brésil deviendra “une grande nation” parmi les principaux pays exportateurs de brut.

Le chef de l’Etat a déjà fait savoir que les revenus du pétrole seraient investis dans un fonds destiné à l’éducation, la science et la technologie ainsi que dans la lutte contre la pauvreté.

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ésident brésilien Luiz Inacio Lula da Silva avec des salariés de Petrobra, le 7 octobre 2008 sur la plateforme pétrolière d’Angra dos Reis

Les nouvelles règles, débattues pendant près d’un an, seront envoyées au Parlement en urgence et soumises à son approbation dans un délai de 90 jours. Elles pourraient devenir un instrument politique dans le cadre des élections présidentielles de 2010 auxquelles Lula ne peut plus se présenter, la constitution brésilienne ne prévoyant pas de troisième mandat.

Le ministre de l’Energie Edson Loabo a déclaré que la nouvelle loi sur le pétrole prévoit également la création d’une “nouvelle entreprise publique de gestion” qui sera chargée de représenter l’Etat dans la négociation des contrats pour partager la production. Cette entreprise ne s’occupera ni de l’extraction, ni de la production et ne fera aucun investissement mais aura son mot à dire sur les modalités d’exploitation.

Dans une note aux marchés, Petrobras a annoncé lundi quelques heures avant l’intervention de Lula, qu’elle sera le seul opérateur des gisements et qu’elle aura donc le contrôle de la production mais que l’Etat fédéral pourra soit lui “accorder l’exclusivité” de l’exploitation, soit “faire des appels d’offres avec la libre participation d’entreprises” privées.

“Dans les zones où seront réalisés des appels d’offres, Petrobras aura une participation d’au moins 30%”. La compagnie pourra également “participer aux appels d’offres” au même titre que les entreprises privées et ainsi augmenter sa participation aux bénéfices.

Un expert du secteur, Adriano Pires, du Centre brésilien d’infrastructure (CBIE), avait estimé la semaine dernière que faire de Petrobras le seul opérateur des nouveaux gisements “pourrait déplaire aux compagnies pétrolières étrangères” dans la mesure où celles-ci n’auront plus de contrôle sur les coûts de production.

Le Confédération nationale de l’industrie a ainsi estimé, dans un communiqué, que les nouvelles règles “généraient des incertitudes pour l’investissement privé”.

L’action préférentielle de Petrobras enregistrait une chute de 3,69% lundi à la Bourse de Sao Paulo, peu avant la clôture.