Les sous-traitants aéronautiques craignent un automne noir en Midi-Pyrénées

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ée par Airbus de ses avions A330 et A340. (Photo : Pascal Pavani)

[31/07/2009 06:43:22] TOULOUSE (AFP) Les sous-traitants aéronautiques de Midi-Pyrénées redoutent que la crise économique, s’ajoutant aux effets du plan de restructuration “Power 8” d’Airbus, n’entraîne un “automne noir” dans la région, bastion de l’industrie aéronautique en France.

“Ils sont étranglés par la baisse de leur production de série alors même qu’ils ont dû faire de lourds investissements de développement à la demande d’Airbus et de Boeing”, explique Anouk Déqué présidente de la CGPME Haute-Garonne.

“10% des avions fabriqués cette année ne peuvent être livrés, le client ne parvenant pas à boucler le montage financier” assure un petit industriel qui a requis l’anonymat.

Du côté d’Airbus, qui maintient le pari de livrer 480 avions en 2009, on estime que les PME locales “exagèrent beaucoup” l’ampleur du problème.

“Pour le fournisseur, ajoute le petit industriel, la baisse des livraisons empêche d’amortir l’investissement, le dérapage est particulièrement préoccupant pour l’A380”, dont le calendrier de livraisons a déjà été repoussé de deux ans pour des difficultés techniques.

A fin 2008, 13 avions seulement avaient été livrés, et selon les derniers chiffres d’Airbus, 4 livraisons seulement ont eu lieu depuis le début de l’année, sur un objectif 2009 de 14.

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écoère de Toulouse prise le 19 décembre 2007 (Photo : Eric Cabanis)

“Dassault, faute de commandes d’avions Falcon, a repris en interne des charges de travail confiées à l’équipementier Latécoère pour occuper ses salariés”, déclarent sans se concerter un petit industriel et un syndicaliste de Latécoère.

Dassault Aviation a pris des mesures de chômage partiel, tout comme Latécoère, “coincé” en outre par les difficultés techniques persistantes du Boeing 787 dont il doit livrer les portes.

L’équipementier vient de confirmer qu’il prévoyait un chiffre d’affaires en baisse de 20% sur l’ensemble de l’année. Il a déjà supprimé 400 à 500 emplois chez les CDD et ses sous-traitants, et ralentit ses transferts de production vers sa filiale tchèque pour éviter un effet domino sur la chaîne industrielle française, selon le syndicaliste.

“Les plus petits sous-traitants travaillent déjà trois jours sur cinq, on s’attend à un automne noir” déclare de son côté Anouk Déqué. La CGPME redoute une vive accélération du chômage partiel jusqu’à 2 millions d’heures dans la région tous secteurs confondus sur l’ensemble de 2009, contre 415.000 heures à fin mai.

Au-delà de la crise en cours, les petits sous-traitants industriels de Midi-Pyrénées s’alarment de la nouvelle politique d’Airbus, qui comme Boeing fait désormais porter la majorité du risque d’investissement sur ses fournisseurs et fait fabriquer de plus en plus hors Europe.

Le plan de restructuration Power 8 lancé par EADS chez Airbus au début 2007 prévoit notamment la suppression de 10.000 emplois non-productifs en quatre ans dont la moitié chez les sous-traitants.

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Logo d’Airbus (Photo : Eric Cabanis)

L’objectif, chez Airbus même, est atteint à près de 90% (sur un total officiel de 4.391 personnes), mais les chiffres sur les sous-traitants ne sont pas connus.

Dans les PME industrielles, les rapprochements souhaités par Airbus pour supprimer des doublons (administration, ressources humaines,…) ne sont pas légion: “comme si on se mariait facilement”, ironise Anouk Déqué.

En revanche, déclare-t-elle, “la fabrication des pièces et des outillages commence à partir”.

“Tel fournisseur de premier rang d’Airbus, se voit demander d’aller faire fabriquer des pièces en zone low cost, on lui donne même le nom l’adresse du fournisseur”, explique la responsable de la CGPME.

A moyen terme, les entrepreneurs interrogés redoutent des “pertes compétences” sur des pans entiers du processus industriel, “comme chez Boeing”.