Crise économique : Les indicateurs d’une récession attendue

Selon l’ancien doyen de la Faculté de Droit et des Sciences économiques de
Tunis, Moncef Ben Slama, la conjoncture économique dépressive à l’échelle
internationale est toujours perceptible.

Ainsi, dans ses dernières prévisions actualisées, le FMI table pour 2009 sur une
contraction de 1,3% de l’économie mondiale, la plus grave depuis 1945, avec
notamment -2,8% cette année pour l’économie américaine, -4,2% pour la zone euro
(-3.0%) pour la France. Le FMI, qui redoute une récession profonde au Japon,
considère que «tout retrait prématuré des stimulants économiques risquerait
d’entraver la reprise».

Les signes de détérioration conjoncturelle se justifieraient par le fait qu’il y
a risque que l’économie mondiale se contracte de près de 3% cette année, selon
la Banque mondiale, qui anticipait auparavant une contraction de 1,75%. Le PIB
des pays de l’OCDE a chuté de 2,1% au premier trimestre 2009 par rapport au
trimestre précédent, enregistrant sa plus forte baisse depuis 1960. Sur un an,
le PIB des pays de l’OCDE s’est effondré de 4,2% au premier trimestre 2009,
notamment par la contraction du PIB du Japon (-9,1%) et celui de l’Allemagne
(-6,9%). Sur l’ensemble de 2009, le secrétaire général de l’OCDE estime que les
économies des pays de l’OCDE devraient reculer de 4,6% (17/6/09).

L’économie américaine a, pour sa part, enregistré un recul de 5,7% en rythme
annuel au premier trimestre 2009, contre -5.5% attendus. La production
industrielle a encore reculé en mai, de 1,1%, sa 7e baisse mensuelle
consécutive, contre 0,9% prévus et après une baisse de 0,7% en avril.

De plus, le taux d’utilisation des capacités de production est tombé à 68,3% au
mois de mai et s’inscrit à un plus bas historique. A noter que, sur un an, le
marché automobile est en recul de 33,7% en mai, mais en manifestant des signes
de stabilisation.

La Banque centrale européenne (BCE) a révisé en baisse ses prévisions de
croissance et anticipe désormais une contraction de 4,6% du PIB de la zone euro
cette année.

Sa prévision pour le PIB est maintenant comprise entre -5,1% et -4,1%, au lieu
d’une fourchette de -3,2 à -2,2% annoncée le 5 mars. Pour 2010, la prévision de
la BCE est revue à -0,3% au lieu de zéro. A noter que la production industrielle
de la zone euro a chuté de plus de 20% sur un an en avril. Sur un mois, la
baisse aura été de 1,9%, nettement plus que -0,4% attendu.

Le PIB allemand s’est contracté de 3,8% au premier trimestre 2009 comparé aux
trois mois précédents, et, sur un an, il a diminué de 6,7%. De leur côté, les
principaux instituts d’études économiques s’attendent à une contraction de 6,0%
de l’activité économique cette année.

Le PIB de la France s’est contracté de 1,2% au premier trimestre 2009 par
rapport aux trois mois précédents, par suite notamment de la baisse des
investissements, et en dépit d’une progression de 0.2% des dépenses de
consommation des ménages. On estime désormais que la chute du PIB français
devrait être de 3,0% en 2009, alors que le gouvernement tablait, jusqu’à
présent, sur une baisse de 1,5%.

Le Japon, qui a enregistré une contraction record de 4% au premier trimestre de
2009, la plus forte de son histoire en rythme trimestriel, a accusé un recul de
l’excédent des comptes courants en avril de 54.5%, plus marqué que prévu par les
économistes, à- 39%, le niveau des exportations restant très bas et les revenus
tirés des investissements ayant baissé.

Les incidences de cette conjoncture dépressive sur le front de l’emploi sont
préoccupantes. Selon le BIT, la crise risque d’augmenter de 20 millions le
nombre de chômeurs dans le monde qui pourrait atteindre un record historique de
210 millions de personnes fin 2009. Dans ce contexte, on doit noter que :
L’économie américaine a encore perdu 345.000 postes d’emplois en mai, après des
pertes de 539.000 en avril et de 663.000 en mars. En revanche, le taux de
chômage a atteint 9,4%, contre 9,2% attendus et 8,9% en avril, soit le taux de
chômage le plus élevé depuis juillet 1983. Au total, depuis le début de la
récession en décembre 2007, l’économie américaine a perdu six millions
d’emplois. Ces niveaux de chômage continuent d’être un obstacle pour une relance
significative des dépenses de consommation.

Le taux de chômage dans la zone euro s’est établi à 9,2% en avril, contre 8.9%
en mars, son plus haut niveau depuis septembre 1999. En un mois, le nombre de
sans-emploi a progressé de près de 400.000 pour arriver à un total à 14,6
millions de personnes.

En France, le taux de chômage a augmenté de 1,1 point au premier trimestre,
atteignant 8,7% contre 7,6% au 4ème trimestre 2008, son niveau le plus élevé
depuis le 3ème trimestre 2006. Le ministère de l’Emploi admet que la dégradation
de l’emploi devrait persister “plusieurs trimestres”, avec des destructions
d’emplois salariés dans le privé en 2009 pouvant approcher la prévision de
l’Unedic (-591.000).

Ainsi, le secteur de la construction devrait perdre 47.000 emplois en 2009 en
raison d’une baisse de l’activité de l’ordre de 4,6% (ministère de l’Ecologie et
de l’Aménagement du territoire, 17/6/09). Et, selon l’OFCE, l’économie française
devrait perdre 800.000 emplois en 2009 et 2010, avec un taux de chômage qui
atteindrait 10,7% à la fin 2009.

Le taux de chômage du Japon a augmenté de 0.2 point en avril par rapport à mars,
à 5,0%, son niveau le plus élevé depuis plus de 5 ans. La barre des 5% de taux
de chômage a rarement été franchie au Japon et elle symbolise pour beaucoup de
Japonais une forte dégradation du marché du travail.

Extraits de la conférence présentée par Moncef Ben Slama à l’occasion du 11ème
congrès de l’Ordre des Experts comptables tenu les 25 et 26 juin à Tunis.