évrier 2009 à Fontana, en Californie (Photo : Todd Warshaw) |
[26/05/2009 13:33:10] AMIENS (AFP) La direction de Goodyear-Dunlop Tires France a annoncé mardi un nouveau plan social prévoyant près de 820 licenciements dans son usine de pneus d’Amiens-Nord, lors d’une réunion du Comité central d’entreprise.
Goodyear va entreprendre “un plan visant à interrompre sa production de +pneumatiques tourisme+ dans son usine d’Amiens, comme part de sa stratégie de réduire ses capacités de production dans les pays à coût élevé de fabrication”, a indiqué le groupe américain dans un communiqué.
“Cette initiative, qui devrait être finalisée au troisième trimestre 2010, aboutira à la suppression d’environ 820 postes” sur le site d’Amiens-Nord, a ajouté l’entreprise.
Selon le syndicat CFTC, qui avait révélé l’information, le nombre exact de postes supprimés est de 817.
Ce nouveau plan social est deux fois plus important qu’un précédent plan annoncé en mai 2008, qui avait été annulé en novembre par le tribunal de Nanterre, pour non respect par l’entreprise des procédures légales, puis finalement autorisé par la cour d’appel de Versailles.
Le site d’Amiens-Nord emploie en tout 1.400 personnes. Les 817 licenciements affecteront la production de pneus pour automobiles, dite “pneu tourisme”.
és de l’usine Goodyear rassemblés à l’appel des syndicats CGT et Sud, le 16 septembre 2008 à Amiens (Photo : Denis Charlet) |
La direction a par ailleurs annoncé la mise en vente de son activité de pneus agricoles, qui concerne plus de 440 postes, selon la CFTC.
Le groupe américain n’a pas évoqué cette dernière information dans son communiqué, mais a indiqué “envisager la possibilité de cessions de ses activités dans les pneumatiques agricoles en Amérique latine, en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique”.
La direction du site d’Amiens-Nord, invoquant une dégradation supplémentaire de son activité due à la crise économique, avait fait savoir en mars qu’un millier de postes de l’activité pneumatiques tourisme étaient menacés, tout en annonçant aux syndicats le retrait du précédent plan.
Les réductions d’effectifs annoncées mardi “résultent des coûts non compétitifs de l’usine. Arriver à un accord avec les syndicats s’est révélé impossible”, a souligné Serge Lussier, vice-président pour Goodyear de la production en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, cité dans le communiqué.
“En raison du coûts élevé (de la production) et de la faiblesse de la demande, les pneus tourisme produits (à Amiens-Nord) n’étaient plus compétitifs sur le marché”, a expliqué M.Lussier.
Selon Goodyear, les suppressions de postes, qui devraient le contraindre à passer des charges de 55 millions de dollars, en majeure partie au second trimestre 2009, permettront au groupe de réduire de 6 millions d’unités sa production de pneumatiques.
Goodyear avait annoncé mi-février 5.000 réductions d’effectifs dans le monde en 2009, ainsi que son intention de réduire de 15 à 25 millions d’unités sa capacité de production mondiale sur les deux prochaines années.
és de Goodyear-Dunlop bloquent l’entrée de l’usine d’Amiens, le 14 septembre 2007 (Photo : Alain Julien) |
“On est sous le choc, même si on savait que ça allait nous tomber dessus. C’est dramatique, une catastrophe pour 817 familles et pour l’agglomération amiénoise”, a déclaré Virgilio Mota da Silva, délégué Sud.
“La direction n’a pris aucun engagement, si ce n’est de suivre la procédure légale”, a-t-il précisé.
“On va se bagarrer pour arracher le maximum. Ils ont gagné assez d’argent avec nous”, a-t-il ajouté.
Alors qu’elle produisait près de 23.000 pneus tourisme par jour il y a encore deux ans, l’usine d’Amiens-Nord n’en produit plus aujourd’hui que 9.000 et les salariés sont contraints au chômage partiel une semaine par mois depuis six mois.
En juillet 2008, bien avant la crise, Goodyear-Dunlop avait décidé de mettre en oeuvre un plan de réduction de la production d’Amiens-Nord, après une décision de la CGT, majoritaire, de refuser une réorganisation du travail en quatre équipes au lieu de cinq.
Pour M. Mota da Silva, le nouveau plan social constitue une “punition” pour ce refus syndical. “Ils veulent nous faire porter le chapeau, mais les gestionnaires, c’est eux. On ne peut pas nous rendre responsables de ce qui arrive. Ca fait 15 ans qu’ils n’investissent plus dans l’usine”, a-t-il déclaré.
Dans son communiqué de mardi, le syndicat CFTC a dénoncé l’attitude de la CGT, affirmant qu’elle “porte une lourde responsabilité devant les salariés et leur famille”.