Tunisie : Le dialogue directeurs des journaux-Syndicat des journalistes est-il possible?

Après la conférence tumultueuse du Syndicat national des journalistes
tunisiens (SNJT) du 4 mai, l’Association des directeurs des journaux ont
tenu leur conférence de presse, le 5 mai 2009. Pour la première fois depuis
sa création, l’Association publie son rapport annuel qui dresse l’état des
lieux des organes de presse en Tunisie.

Paradoxalement, une audience peu nombreuse a assisté à cette conférence.
Comme si les journalistes et leurs patrons avaient un problème dialogue.
Peut-on dire que l’incident du syndicat a produit un effet sur les esprits?
En tout cas, M. Boubaker Sghaër, directeur de L’observateur, s’est indigué
en soulignant que «l’association regrette beaucoup ce qui s’est passé. Ce
genre de pratiques n’est pas dignes du secteur».

Et comme s’il mettait en doute le rapport du SNJT, M. Boubaker a estimé que
les données qui s’y trouvent devraient être appuyées par des preuves. «Ce
sont des accusations dangereuses sans aucune preuve. Le syndicat devra
adopter une méthodologie claire basée sur l’objectivité», a-t-il signalé.

De son côté M. Abdellatif Benhedya, directeur de L’Expert, a déploré les
accusations formulées dans le rapport contre son journal en signalant
l’existence d’une mésentente entre le syndicat et les organes de presse. A
ce stade, et pour apaiser les esprits, a affirmé M. Hédi Méchri, directeur
de L’Economiste Maghrébin et président de l’association, soulignera: “Nous
ne sommes pas dans une logique d’affrontements. Pour cohabiter ensemble, il
faut réamorcer, reconstruire le dialogue et pallier au déficit de
communication qui existe entre les deux institutions. Désormais, nous sommes
prêts à faire passer notre rapport annuel au SNJT pour le consulter avant
même sa publication».

Concernant le dit rapport, certains lui reprochent de n’avoir pas traité
toutes les problématiques du secteur et de la situation des journalistes. En
fait, le rapport a été basé sur un questionnaire qui a été adressé à tous
les organes de presse écrite. Ajoutons à cela qu’il y a absence
d’indicateurs du secteur tels que le nombre de publications, les revenus de
la publicité, ….

Au chapitre de préoccupations, on invoque la hausse des prix des matières
premières (papier, encre, équipements, etc.) ainsi que le monopole des
agences de publicité privées sur les budgets de la publicité alors que ces
derniers sont en baisse dans la presse écrite. Sans oublier également la
question de la TVA qui est versée avant même le paiement des factures par
les clients. «Les banques prélèvent d’importantes avances sur TVA lors de
l’importation du papier et qui ne sont rendues qu’après une bonne période»,
indique le rapport.

Du côté de la distribution, les directeurs de journaux se plaignent des
coûts élevés de la distribution des journaux à l’intérieur ou à l’extérieur
du pays.

Par ailleurs, le rapport indique que «la presse écrite fait face à la
concurrence de la presse électronique essentiellement en raison de l’absence
d’un cadre législatif qui organise ce secteur». A ce titre M. Mechri a
insisté sur l’importance de miser sur la qualité du produit médiatique.