Pénitence écologique ou jeûne technologique pour le carême

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à New York, le 3 juillet 2008 (Photo : Spencer Platt)

[03/04/2009 11:21:59] WASHINGTON (AFP) Se priver de voiture ou renoncer à Facebook: de nombreux croyants aux Etats-Unis sont invités pendant la période du carême à faire pénitence pour l’expiation du réchauffement planétaire ou l’invasion du monde virtuel.

“C’est un péché de détruire l’environnement, c’est une insulte à Dieu d’abimer la création”, affirme la pasteure épiscopalienne Sally Bingham, qui coordonne à San Francisco le “Regeneration Project”, un réseau de 4.000 congrégations préoccupées par l’environnement.

Pendant le carême, qui a débuté cette année le 25 février pour s’achever la semaine sainte le 5 avril avant le jour de Pâques (le 12), la liturgie chrétienne invite à une période de sacrifice et de pénitence.

L’idée d’un carême “vert” a été lancée l’année dernière par deux évêques britanniques anglicans qui avaient appelé à un “jeûne de carbone” pour que chacun limite sa production de gaz à effet de serre. L’appel a eu de l’écho outre-atlantique, particulièrement au sein de l’Eglise épiscopalienne.

“Nous avons envoyé un courriel à nos 30.000 membres suggérant des pistes pour être le plus écologique possible pendant cette période”, dit Sally Bingham, qui a renoncé à la viande jusqu’à Pâques.

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é de légumes (Photo : Jay Directo)

Parmi ces pistes, ne pas utiliser sa voiture, baisser le thermostat, acheter des produits locaux plutôt que “des fraises qui viennent de l’autre côté de la planète”, suggère-t-elle.

“Cette année, je ne mange pas de viande. L’an dernier j’avais coupé le chauffage pendant 40 jours et je portais une parka à la maison. Mes enfants ne venaient plus me voir parce qu’ils pensaient que j’avais perdu la tête”, dit-elle avant d’ajouter: “mais le dimanche je mange un hamburger ! On a le droit de rompre le jeûne le dimanche”.

Une organisation catholique, le St Paul Newman Center de Fresno (Californie), a mis en place un programme de cours pour jeûner écologique. Mary Hetherington, une des enseignantes, invite les participants à un “régime pauvre en carbone” visant à réduire de 2.500 kilos en 40 jours ses émissions de gaz carbonique.

On y enseigne que l’usage d’une corde à linge pour la lessive plutôt que d’un séchoir électrique épargne l’équivalent de 50 kilos de CO2.

“Essayez aussi le jeûne médiatique. Eteignez télévisions, ordinateurs et radios et passez une soirée à jouer à un jeu de société”, prône le Regeneration Project, rejoignant une nouvelle tendance: l’abstinence technologique.

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éléphone portable (Photo : Josep Lago)

Un évêque italien, à Modène, a appelé à une privation de SMS durant le carême pour “se désintoxiquer du monde virtuel et se retrouver soi-même”.

Un peu partout dans les universités américaines, des étudiants renoncent ainsi à consulter leurs sites de socialisation tels Facebook.

“L’idée est de dire que tout ce qui distrait de la prière et du jeûne devrait être abandonné”, explique le théologien de la Duke Divinity School, Paul Griffiths. “La technologie n’est pas un péché en soi, c’est une distraction”, affirme-t-il, assurant que l’ascèse cybernétique entre bien dans la tradition de l’Eglise, même si le Vatican a une chaîne sur YouTube et le Saint Siège un site internet en huit langues.

Un groupe de discussion en ligne “Privons-nous de Facebook pour carême”, partage même les modes d’emploi pour survivre malgré tout. Parmi les “trucs” proposés: souhaiter à l’avance les anniversaires qui tombent pendant cette période et accueillir les visiteurs de sa page par la mention “fermé pour carême”.

Se connecter sur Facebook, c’est la première chose que faisait Nola Boezeman. “C’était devenu une obsession”, reconnaît cette mère de famille de 42 ans d’Apex (Caroline du Nord) qui s’est résolue à l’abstinence. “J’ai pensé que si je passais la moitié du temps que je passe sur Facefook à prier ou faire du bien, je serai plus proche de Dieu”, dit-elle.