Participation tunisienne aux foires et Salons : nous sommes une grande nation, voyons grand !

« Nous n’avons rien contre les critiques, tout au contraire, nous estimons
qu’elles peuvent être très constructives, nous ne sommes pas parfaits, nous
sommes perfectibles. Nous sollicitons toutefois de tous ceux et celles qui
nous adressent des critiques de se renseigner et d’avoir le plus
d’informations possibles sur la participation du CEPEX aux foires à
l’étranger, les conditions qui entourent cette participation et les moyens
dont il dispose en comparaison avec d’autres pays d’économies similaires ».

C’est ainsi que Youssef Néji, PDG du CEPEX a attaqué la rencontre organisée
récemment, au siège de la Maison de l’Exportateur, en direction des
représentants du secteur privé et des médias à propos des participations
tunisiennes aux foires internationales.

L’organisation des foires et salons à l’échelle internationale représente
aujourd’hui une industrie à part entière qui atteint un chiffre d’affaires
de plus de 300 milliards de $, a précisé le PDG du CEPEX pour dire que tout
a un prix. Et à ceux qui se plaignent de la modestie de la présence
tunisienne au sein des foires internationales, il riposte par un argument
inattaquable : il faut avoir les moyens de ses ambitions, la qualité a un
prix.

En Tunisie, on n’en est pas encore comme au Maroc où le budget de
participation dans les foires internationales est réparti en parts
équitables entre le gouvernement, les privés et les fédérations patronales.
Ce qui permet à ce pays de briller de tout son éclat. A titre d’exemple, la
participation tunisienne au Salon SIAL à Paris n’a pas coûté plus de 104
mille Euro pour 200 euro le m2, celle du Maroc a pour sa part coûté 650
mille euro pour 650 euro le m2. Au vu de la différence des prix on n’a pas
de peine à imaginer la différence par rapport à la situation des stands, à
leur aménagement, à leur visibilité et leur attractivité. Rappelons qu’en
Tunisie, les frais de participation, des opérateurs privés ne dépassent pas
les 15% du coût de la location du stand. N’empêche, notre pays reste assez
bien représenté malgré la modestie de ses moyens ce qui relève parfois du
génie.

Une approche sélective
En 2009, et dans le cadre de la politique du gouvernement pour soutenir les
efforts à l’export, un million de dinars a été ajouté au budget alloué aux
foires qui de 2,7 millions de dinars est devenu 3,7 millions de dinars. Ceci
ne veut pas dire que nous pouvons participer à tous les salons qui se
tiennent ailleurs, précise M. Export, « Il va falloir cibler les salons les
plus porteurs, ceux où nos professionnels ont le plus de chances d’établir
des contacts fructueux rapidement ou à terme ». Ces choix sont effectués en
concertation avec les professionnels qui sont les plus concernés par ce
genre d’opérations. En plus des participations programmées, des opérations
improvisées peuvent advenir et sont issues des initiatives de nos
représentations diplomatiques ou de groupements professionnels qui jugent
pertinente une participation à une foire même si elle n’était pas
programmée. « Lorsque l’une de nos représentations diplomatiques nous
contacte pour nous dire qu’elle a réussi à arracher le statut d’invité
d’honneur à la Tunisie dans une manifestation commerciale, nous ne pouvons
pas ne pas répondre présents » explique le premier responsable du CEPEX. Qui
attire l’attention sur la difficulté de la conjoncture et la nécessité pour
les opérateurs et représentants de l’administration de se battre ensemble.
Il a également appelé les professionnels à profiter de la manne qui leur est
offerte dans le cadre du FOPRODEX pour employer un Monsieur export qui sera
pris en charge la première année à 50% par le Fonds, la deuxième à 40% et la
troisième à 30%. Sans oublier que cette formule permet d’employer nombre de
diplômés du supérieur.
« Kad illi tilbiss, kad illi tiswa »
En 2008, on dénombrait 6 405 entreprises à l’export. Ces entreprises ont pu
grâce à une présence accrue dans les foires et salon renforcer leurs places
sur les marchés des pays d’accueil. Ainsi, on a relevé ces dernières année
une croissance importante de la présence tunisienne sur les marchés libyens,
algériens et français ce qui a considérablement augmenté nos parts au niveau
de ces marchés. A hauteur respectivement de 45,46%, 92,11% et 30,11% en
2008. Cette année a vu la participation de la Tunisie à 56 manifestations
qui ont nécessité la location de 10 000m2 de superficie consacrés aux
pavillons tunisiens. L’aménagement des stands assuré par un savoir faire
tunisien serait, d’après certains professionnels, dignes d’admiration au vu
des moyens. D’après l’enquête réalisée par le CEPEX, 86,92% des entreprises
qui ont participé aux foires ont exprimé leur satisfaction.

Pour l’année 2009, la Tunisie participera à 10 foires de plus qui touchent
aux secteurs prioritaires comme celui des industries mécaniques et
électriques, des textiles et des services. Les missions d’hommes d’affaires
dans les marchés traditionnels et les nouveaux marchés seront renforcées,
prés de 30 missions prévues

Pour que les efforts tenant à consolider la part de la Tunisie dans les
marchés étrangers soient fructueux, il faudrait que nos privés
s’investissent plus et dans le cas d’espèce, il ne s’agit pas de moyens
financiers. Plutôt de respect des délais de confirmation de la participation
à une manifestation, la participation aux réunions préparatoires, on ne peut
pas reprocher aux autres un stand mal aménagé, lorsqu’on a brillé par son
absence en amont et très souvent en aval. On ne peut pas conquérir un marché
non plus lorsqu’on reste assis tranquillement dans son bureau à fumer un
cigare alors que les concurrents s’arrachent les clients potentiels.

Pour promouvoir un pays, il n’existe pas de solutions magiques et on n’a pas
besoin de faire appel à la sorcellerie. Il faut des moyens, du savoir faire
et la volonté de tous les partenaires qu’ils fassent partie du secteur privé
ou de l’administration de faire pour le mieux et surtout d’investir dans la
qualité. On ne le dira jamais assez, Il faut apprendre à voir grand.
Certains de nos compatriotes à l’étranger dans le cadre de missions à
l’étranger parlent souvent de la qualité et des moyens mis en place par
certains pays semblables à nous pour conquérir des marchés et c’est tout en
leur honneur. Nos grands-mères nous disaient toujours, il faut avoir une
bonne mise « kad illi tilbiss, kad illi tiswa » (Tu vaux ce que tu portes)
et elles avaient bien raison. Il se trouve que le proverbe qui dit « l’habit
ne fait pas le moine » n’est pas valable quand il s’agit de vendre un pays
et dans ce cas précis « Comme on fait son lit on se couche». Si pour une
fois on arrêtait de voir petit ?