Guadeloupe : pas d’accord lundi soir sur l’issue de la grève

[02/03/2009 23:39:20] POINTE-A-PITRE (AFP)

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évrier 2009 à Pointe-à-Pitre (Photo : Dominique Chomereau-Lamotte)

Le protocole d’accord conditionnant l’issue de la grève générale en Guadeloupe ne pourra pas être signé lundi soir par le préfet et le collectif LKP, faute de temps, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Lundi matin (début d’après-midi à Paris), les partisans du collectif guadeloupéen LKP ont manifesté devant les portes restées closes d’un vaste centre commercial de Baie-Mahault (8 km à l’ouest de Pointe-à-Pitre).

“L’idée c’est que nous contraignions (les propriétaires) à signer l’accord” sur l’augmentation de 200 euros des salaires, rejeté par les organisations patronales majoritaires dont le Medef, a expliqué Charlie Lendo, secrétaire général adjoint de l’UGTG, en tête de cortège.

“On va faire appel au patron”, une grande fortune “béké” (descendants de colons blancs) des Antilles françaises, symbole de ceux qu’on appelle ici “les profiteurs”, a expliqué Max Céleste, dirigeant de Combat ouvrier (Lutte ouvrière), membre du LKP, en prévenant: “Même s’il ne signe pas aujourd’hui, les travailleurs se chargeront de faire signer l’accord de gré ou de force”.

La veille, Elie Domota, porte-parole du LKP, avait douché les espoirs d’une suspension immédiate du mouvement en Guadeloupe, en annonçant que la décision sur la suite du mouvement serait prise “lundi après-midi”, au vu d’un document demandé au préfet, actant les points d’accord.

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évrier 2009 à Pointe-à-Pitre (Photo : Lionel Bonaventure)

Il avait également fait part de l’intention du LKP de “passer d’entreprise en entreprise” pour faire signer ce texte.

Craignant des incidents, le préfet de la Guadeloupe Nicolas Desforges a déployé des forces de l’ordre afin d’éviter “l’irruption de manifestants dans les entreprises”.

Alors que la ministre de l’Intérieur et de l’Outremer Michèle Alliot-Marie avait demandé la veille au Medef de l’île d’adopter “une attitude responsable”, son président, Willy Angèle, a répliqué lundi en avertissant qu’il serait “très difficile pour les entreprises de prendre l’engagement de se substituer au bout de deux ans aux primes de l’Etat et des collectivités locales” pour assurer les 200 euros d’augmentation prévue des bas salaires.

Dénonçant les “méthodes musclées” du LKP, accusé d’avoir “fermé par la force des entreprises”, il a estimé que les dépôts de bilan après la grève devraient “se traduire par 10.000 à 14.000 suppressions d’emplois”, assurant craindre un taux de chômage à “plus de 30%” dans l’île.

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éfet Nicolas Desforges entouré des médiateurs le 25 février 2009 à Pointe-à-Pitre (Photo : Lionel Bonaventure)

“Il faut savoir finir une grève”, a lancé sur France Info, le préfet Desforges en soulignant que sa poursuite serait “auto-destructrice pour l’île, son économie et son image, voire même pour sa cohésion sociale”.

A Paris, la confédération Force ouvrière a demandé au ministre du Travail l’extension rapide de l’accord salarial “afin qu’il s’applique à toutes les entreprises”.

En Martinique, l’accord qui paraissait jeudi à portée de main continuait d’achopper, mais les négociations ont repris vers 16H00 (21H00 en métropole). Quelque 3.000 manifestants ont défilé en soutien au collectif juste avant cette reprise.

Après avoir demandé 200 euros puis 250 euros d’augmentation des bas salaires, le président du “Collectif du 5 février”, qui anime le mouvement depuis 26 jours, Michel Monrose, a lié l’accord sur les salaires à un accord sur les prix dans la grande distribution.