Etats-Unis : des Etats songent à des taxes sur le cannabis pour réduire les déficits

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Un plant de cannabis (Photo : Leon Neal)

[02/03/2009 07:52:48] WASHINGTON (AFP) Les Etats américains qui connaissent actuellement des déficits record, songent à améliorer leurs trésoreries avec un impôt sur l’herbe de cannabis qui pourrait rapporter plusieurs milliards de dollars de revenus nouveaux.

Le parlementaire de l’Etat de Californie (ouest), Tom Ammiano de San Francisco, a déposé une proposition de loi lundi créant un impôt sur la culture, l’achat, et la vente du cannabis, sur une base de 14 milliards de dollars de revenus annuels.

M. Ammiano a le soutien pour son projet de loi de l’Organisation nationale pour réforme des lois sur la Marijuana (NORML), qui assure que la récession pousse actuellement les législateurs des Etats à reconsidérer les lois sur le cannabis.

La NORML a travaillé ces derniers mois avec les parlementaires des Etats, y compris le très conservateur Texas (sud), sur des analyses budgétaires destinées à déterminer dans quelle mesure les déficits peuvent être comblés par une légalisation du cannabis.

“Le cannabis par hédonisme, pour l’usage médical, comme plante cultivée industriellement, et pour tout son attirail, est très populaire et devrait être imposé”, a dit à l’AFP le directeur exécutif de la NORML Allen St Pierre.

Selon lui, le projet de loi de M. Ammiano reprend les estimations de la NORML les plus conservatrices.

M. St Pierre estime que la Californie pourrait récolter jusqu’à 20 milliards de dollars par an. Dans cet Etat, les dispensaires qui procurent de la marijuana à des fins médicales, peuvent engranger jusqu’à 50.000 dollars par jour, selon lui.

Mais pour Eric Voth, opposant à la légalisation et président de l’Institut des politiques mondiales sur les drogues, “le nombre de personnes qui deviendront des consommateurs ou qui vont aggraver leurs habitudes en raison de la disparition des contraintes imposées par la loi, va coûter au système bien plus que ce qui pourrait être généré sous forme de revenus fiscaux”.

M. Voth affirme que les tenants de la légalisation mentent aux gens et que leur arrière pensée est la légalisation “à tout prix”.

John Lovell qui représente l’Association des chefs de la police de Californie et l’Association californienne des officiers de police des stupéfiants, estime lui que le projet de loi n’éliminera pas le marché illicite de la marijuana, ne rapportera pas beaucoup d’argent et fera exploser la consommation.

Quelque 115 millions d’Américains vivent déjà dans les 13 Etats qui ont dépénalisé la marijuana à des degrés divers.

Ainsi en Alaska (nord-ouest) et à Denver (Colorado, ouest), la possession de cannabis n’est pas pénalisée pour les petites quantités. “Leurs citoyens sont normaux, leur enfants en bonne santé”, assure M. St Pierre.

En 2005, un économiste de l’Université de Harvard, Jeffery Miron, a publié une lettre ouverte au président George W. Bush appelant à la légalisation.

M. Miron a reconnu que sa lettre, intitulée “Les implications budgétaires de l’interdiction de la marijuana”, pourrait ne pas être considérée plus sérieusement en 2009, même par temps de crise financière.

“Mais, si vous regardez l’histoire de la prohibition de l’alcool, les gens parlaient du besoin de revenus fiscaux, au début de la crise des années 30, comme une des raisons qui leur ferait changer d’avis”, a dit M. St Pierre.

Trois sondages nationaux en 2009 ont révélé qu’un grand nombre d’Américains soutiennent la légalisation: 40% pour Rasmussen, 41% pour CBS News et 44% pour Zogby pour le compte de la NORML. Il y a 20 ans, ce chiffre ne dépassait pas les 20%.