Chine : les autorités poussent les épargnants à la dépense

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é de Shanghai (Photo : Mark Ralston)

[18/02/2009 09:47:56] SHANGHAI, Chine (AFP) Comment inciter les Chinois, champions mondiaux de l’épargne, à consommer ? Avec des bons d’alimentation et des coupons, estiment les autorités chinoises.

Elles pensent ainsi avoir trouvé le moyen de pousser l’épargnant forcené qu’est le citoyen chinois dans les restaurants, magasins et cinémas, en cette période de forte contraction de la croissance.

Ainsi, aux côtés d’un plan de relance de plus de 450 milliards d’euros et de baisses successives des taux d’intérêt, le modeste coupon, pour l’alimentation, une séance de shopping ou de cinéma, est devenu un remède anticrise.

La municipalité de Hangzhou (est) a déjà adopté la formule à grande échelle. Elle a distribué pour 100 millions de yuans (11 millions d’euros) de coupons en janvier à 670.000 résidents à bas revenus.

“Nous pensons que les dépenses de consommation sont vitales pour le développement économique”, a dit le Premier ministre Wen Jiabao dans une interview récente. Mais ces dépenses “dépendent de l’argent que (le consommateur) a en poche”, a-t-il ajouté.

Or le consommateur chinois a peu en poche, car il range soigneusement dans un bas de laine entre 30 et 40% de ses revenus, soucieux d’assurer son avenir dans un pays où protection sociale et médicale sont très insuffisantes.

Hangzhou, ville touristique courue, est allée plus loin, distribuant pour 40 millions de yuans de coupons supplémentaires non à ses administrés mais dans les villes et provinces voisines, à utiliser, bien évidemment, dans ses propres hôtels et commerces.

La municipalité réfléchit même au versement à ses employés de jusqu’à 10% de leur salaire en coupons.

“On a appliqué à la lettre le principe de verser de l’argent dans les poches des gens”, a relevé Jing Ulrich, économiste de JP Morgan, dans une note.

“Les coupons de consommation pourraient se répandre et être même davantage utilisés que les réductions d’impôts –qui, elles, pourraient pousser encore plus aux économies”, a-t-elle estimé.

Ces initiatives interviennent alors que la confiance de la population est au plus bas depuis six ans, très entamée par la crise économique mondiale.

Fin 2008, l’indice de confiance de la société d’études Horizon, basée en Chine, avait chuté de 4,5 points par rapport à septembre, à 59,9, selon les médias chinois. Un plus bas depuis l’épidémie de SRAS (pneumonie atypique) en 2003.

En janvier, mois du Nouvel an lunaire, synonyme de fêtes et de dépenses, les ventes de détail, avec ou sans coupons, se sont bien tenues. 290 milliards de yuans ont été dépensés pendant la semaine de congés, en hausse de 13,8% sur un an. Mais la période est très particulière, comme Noël dans les pays occidentaux.

Une fois les fêtes terminées, la population pourrait bien retourner à l’austérité.

“Les coupons de consommation ne marchent qu’une fois. Si vous voulez garder l’effet de stimulation, il faut en redistribuer tous les mois”, souligne Shi Jianxun, un économiste de l’Université Tongji à Shanghai.

Shi se fait plutôt l’avocat de mesures sur le long terme, consistant à résoudre les inégalités, le fossé croissant entre les revenus des citadins et des paysans, l’absence de protection sociale.

“La Chine doit revoir la structure de ses revenus nationaux, changer son statut de +nation riche, citoyens pauvres+ en collectant moins d’impôts et en améliorant la sécurité sociale”, estime-t-il.

“Alors les gens ne thésauriseraient pas tant”.