Obama choisit une équipe pilotée par Geithner pour superviser l’automobile

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étaire au Trésor Timothy Geithner à Washington le 11 février 2009 (Photo : Karen Bleier)

[16/02/2009 17:02:59] WASHINGTON (AFP) Le président américain Barack Obama va charger son secrétaire au Trésor Timothy Geithner de piloter directement la restructuration de l’industrie automobile, toujours au bord de l’abîme malgré l’aide de l’Etat, a-t-on appris lundi.

La Maison blanche a décidé de ne pas nommer d’administrateur fédéral unique pour superviser le redressement des constructeurs renfloués par l’Etat comme envisagé jusqu’ici, a indiqué à l’AFP une source ayant requis l’anonymat.

“Il n’y aura pas de +tsar de l’automobile+”, a assuré cette source à la veille de la présentation par General Motors (GM) et Chrysler de leurs plans de restructuration, qui nécessitent l’aval de Washington.

A la place, le président Obama va confier cette tâche à son grand argentier, Timothy Geithner, flanqué du conseiller économique à la Maison Blanche Lawrence Summers.

Le secrétaire au Trésor, déjà au coeur des chantiers de redressement d’une économie américaine au plus mal depuis les années 30, aura sous sa coupe une équipe d’experts venant de diverses agences gouvernementales (Economie, Travail, Transports, Commerce, Energie).

Toujours selon la même source, Ron Bloom, ex-banquier d’affaires et expert des restructurations, devenu proche conseiller du président du syndicat de l’industrie United Steelworkers, fera partie des troupes.

Ce changement de cap est une relative surprise: l’idée d’un “tsar” avait germé à l’automne lorsque General Motors (GM), Ford et Chrysler étaient venus à Washington plaider pour une aide d’urgence, menaçant d’une crise de liquidités et d’une faillite début 2009 pour au moins l’un des trois.

Son principe semblait acquis en décembre mais, depuis le début de l’année, aucun nouvel élément n’avait filtré, faisant spéculer sur les retards pris par l’administration Obama dans le choix de divers hommes-clés, dont le “tsar” de l’automobile.

L’annonce d’une “équipe Geithner” survient à la veille d’un point d’étape crucial pour GM et Chrysler, qui ont reçu ensemble fin 2008 un total de 17,4 milliards de dollars: 4 milliards pour Chrysler, et le reste pour GM (9,4 milliards directement et 4 milliards via sa filiale de services financiers GMAC). Ford a pour sa part refusé d’être renfloué, assurant pouvoir se redresser seul.

La Maison Blanche attend de GM et Chrysler qu’ils fassent état mardi de progrès concrets depuis l’aide de décembre, et qu’ils justifient ainsi des sommes avancées, avant une présentation exhaustive exigée d’ici le 31 mars.

S’ils échouent à convaincre de la pertinence de leurs plans, les sommes avancées devront être remboursées et les 7 milliards de dollars supplémentaires promis annulés, ce qui laisse peu de marges de manoeuvre autre que le recours au régime des faillites pour GM et/ou Chrysler.

Le scénario d’une faillite est jugé très plausible par la communauté financière: GM et Chrysler sont exsangues financièrement malgré l’aide fédérale. Ils doivent par ailleurs s’assurer dans un bref délai de concessions importantes de la part de divers partenaires: syndicats, créanciers, fournisseurs.

Depuis décembre, GM et Chrysler ont multiplié les annonces de restructuration, GM annonçant encore lundi des mesures en Europe.

Côté Maison Blanche, le conseiller du président David Axelrod a rappelé dimanche la nécessité de restructurations “substantielles” et appelé à des “concessions” de tous le acteurs après un bref blocage des discussions entre GM et le syndicat automobile UAW pendant le week-end.

Le conseiller a refusé de “spéculer” sur le type restructuration nécessaire, dont le régime des faillites, qui signifie des concessions drastiques pour tous les partenaires impliqués.

Selon la presse, GM a intégré cette possibilité dans son plan et compte demander mardi une aide publique supplémentaire ou, le cas échéant, une mise en faillite avec l’Etat pour garant.