L’aggravation de la crise économique oblige le FMI à revoir son diagnostic

[28/01/2009 20:24:32] WASHINGTON (AFP)

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à Washington (Photo : Tim Sloan)

Le Fonds monétaire international a revu mercredi de manière très pessimiste son diagnostic sur la crise économique mondiale, abaissant massivement ses prévisions de croissance sous l’effet de l’effondrement de l’activité dans les pays développés.

“La croissance de l’économie mondiale devrait tomber à un demi pour cent en 2009, taux le plus faible depuis la Seconde Guerre mondiale. Malgré les actions de grande ampleur engagées par les pouvoirs publics, les tensions demeurent aiguës sur les marchés financiers et brident l’économie réelle”, a résumé l’institution en préambule de ses “Perspectives de l’économie mondiale”.

En novembre, le FMI prévoyait encore 2,2% de croissance mondiale en 2009.

“Ces trois derniers mois, l’économie mondiale a pris un mauvais tournant, les marchés financiers sont restés soumis à des tensions extrêmes, et la production et le commerce mondiaux ont brutalement baissé”, a justifié lors d’une conférence de presse l’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard.

Dans les économies développées, la récession devrait être profonde cette année, avec un produit intérieur brut en recul de 2,0%. Il y a trois mois, l’institution ne prévoyait qu’une légère contraction de 0,3%.

Cette baisse de l’activité atteindrait 1,6% aux Etats-Unis (après +1,1% en 2008), 2,0% en zone euro (après +1,0% en 2008), et 2,6% au Japon (après -0,3% en 2008), où la dégradation des perspectives est spectaculaire.

Pour la France, le recul serait de 1,9% (après +0,8% en 2008), contre -0,5% prévus en novembre. L’Italie connaîtrait trois années consécutives de recul du PIB entre 2008 et 2010, avec un pic cette année (-2,1%).

Pour la première économie du continent européen, l’Allemagne, les prévisions avaient déjà été publiées six jours plus tôt, avec -2,5% en 2009 (après +1,3% en 2008).

La Grande-Bretagne est le pays où la crise devrait être la plus brutale cette année, avec un PIB en chute de 2,8% (après +0,7% en 2008).

Le FMI s’alarme que “les risques de déflation augmentent dans plusieurs pays avancés”, même si dans une note, il estime que “le résultat le plus probable est qu’une déflation durable sera évitée, comme ce fut le cas en 2002-2003”.

Les économies en développement voient aussi leur prévision de croissance nettement abaissée, pour atteindre le chiffre faible, au vu de la croissance de leur population, de 3,3% en 2009 (après 6,3% en 2008).

La Chine resterait le champion du monde de la croissance (6,7% en 2009, après 9,0% en 2008), devant l’Inde (5,1% en 2009, après 7,3% en 2008).

En revanche, le ralentissement devrait être particulièrement brutal en Europe centrale et orientale (-0,4% en 2009, après 3,2% en 2008) et en Russie (-0,7%, après 6,2%), qui vont entrer en récession après des années d’euphorie.

Face à ce “ralentissement prononcé pour l’économie mondiale”, M. Blanchard et le FMI ont une nouvelle fois plaidé pour une intervention forte des pouvoirs publics, d’une part pour améliorer le fonctionnement des marchés financiers, d’autre part pour relancer la demande par des plans de relance.

“Le moment auquel la reprise s’amorcera ainsi que son rythme dépendent avant tout de la vigueur des actions qui seront entreprises par les pouvoirs publics”, a prévenu le FMI.

A condition que de telles mesures soient adoptées, le Fonds prévoit cette reprise pour 2010, avec une croissance de 3,0%, dont 1,1% pour les pays développés.

Dans son “Rapport sur la stabilité financière mondiale” publié le même jour, le FMI a par ailleurs revu à la hausse son estimation du coût de la crise bancaire aux Etats-Unis, qui devrait affecter les institutions financières mondiales à hauteur de 2.200 milliards de dollars, contre 1.400 milliards estimés en octobre.

La première estimation de ce coût, en avril, se chiffrait à 945 milliards de dollars et avait été accueillie à l’époque avec beaucoup de scepticisme.