Le secteur high-tech dans la tourmente en France, après une décennie faste

[27/01/2009 18:22:14] PARIS (AFP)

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élécharge de la musique sur son iPhone (Photo : Joe Raedle)

Après avoir fléchi en 2008 pour la première fois depuis dix ans, le marché français du high-tech se prépare à vivre des heures sombres du fait de la crise, mais aussi pour des raisons structurelles, notamment une féroce guerre des prix.

Ce marché, qui regroupe l’électronique grand public, la micro-informatique, la photo, les téléphones et les jeux vidéo, a reculé de 3% l’an dernier, atteignant 19,5 milliards d’euros, selon un bilan présenté mardi par l’institut GfK, spécialiste du secteur. Par habitant, la dépense moyenne est tombée à 300 euros, contre 308 euros en 2007 et 284 euros en 2006.

Un repli qui n’est pas limité à l’Hexagone: il touche également l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord, dans un marché mondial qui reste néanmoins dynamique (+13,7% en 2008) grâce aux pays émergents, Russie et Amérique du Sud en tête.

Ecrans plats, mobiles et GPS, autant de moteurs de croissance qui s’essoufflent: +2% seulement pour les téléviseurs, -9% pour les téléphones (hors “smartphones”) et même -19% pour les systèmes de navigation!

Cette baisse “n’est pas liée directement à la crise”, mais plutôt à des causes internes au secteur, telles que la “panne d’innovation”, la “saturation du taux d’équipement” et surtout la “guerre des prix”, a expliqué François Klipfel, directeur informatique et télécoms chez GfK, lors d’une conférence de presse.

En effet, “la demande reste soutenue en quantité” (+3%), mais pas assez pour compenser la chute des tarifs, a-t-il observé.

Ainsi, un ordinateur coûtait 652 euros en 2008, soit 16% de moins qu’un an plus tôt. Les portables sont devenus particulièrement attractifs, sous l’effet de l’arrivée des mini-PC à bas coût (330 euros en moyenne) qui se sont vendus à “environ 500.000 exemplaires” l’an passé.

Cette nouvelle offre “a instauré dans l’esprit des consommateurs de nouveaux seuils psychologiques de prix”, a souligné Bertrand Huck, directeur commercial au sein du cabinet d’études. Et en 2009, “la concurrence va être encore plus féroce”, a-t-il prévenu.

D’autant plus que la crise va venir jouer les trouble-fête. “Autant elle n’a pas affecté le secteur en 2008”, autant il sera compliqué d’y échapper cette année, qui promet d’être “difficile pour le pouvoir d’achat”, ont prévenu les analystes de GfK.

Guère optimistes, ils tablent sur un déclin des ventes de 9% en 2009, à 17,7 milliards d’euros. L’électronique grand public (-12%) et l’informatique (-10%) vont se retrouver “dans la tourmente”, selon eux, faute de nouveaux relais de croissance.

Certes, quelques produits pourraient résister à la morosité ambiante: la haute définition, les réflex numériques ou les smartphones.

Mais dans le même temps, l’essor de ces téléphones multifonctions, qui permettent de trouver son chemin, regarder des vidéos ou encore prendre des photos, risque de se faire aux dépens des GPS, baladeurs et appareils photo classiques, a estimé M. Huck.

“Quelle est l’attitude du consommateur face à la multitude” de produits dans les rayons, “dans quelle mesure y a-t-il un phénomène de cannibalisation”, s’est-il interrogé.

Par exemple, 55% des possesseurs de mobiles dotés d’une fonction GPS l’utilisent. De même, les caméscopes souffrent de la rivalité des appareils photos, presque tous équipés de la fonction vidéo aujourd’hui. Quant au lecteur DVD, il est menacé par les “box” ADSL, les disques durs multimédias, les consoles et les PC.

Face à ces multiples dangers, de nombreux fabricants, tels que Sony ou Philips, ont déjà annoncé des résultats en berne et des suppressions d’emplois.