Sony s’enfonce dans le rouge, démuni face à des ventes en chute libre

[22/01/2009 11:16:28] TOKYO (AFP)

photo_1232612406772-1-1.jpg
à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Le géant de l’électronique japonais Sony a prévenu jeudi qu’il risquait de subir de très lourdes pertes financières au terme de l’exercice en cours, à cause des effets dévastateurs de la crise économique mondiale sur ses ventes, en chute libre.

Sony s’attend désormais à endurer un déficit net annuel de 150 milliards de yens (1,25 milliard d’euros), alors qu’il tablait auparavant sur un gain du même montant, après avoir déjà sabré ses prévisions initiales à l’issue du premier semestre.

“L’environnement dans lequel nous évoluons s’est rapidement détérioré”, a souligné Sony dans un communiqué, mettant l’accent sur les variations brutales des cours des monnaies, la récession internationale, la chute des Bourses et les coûts nouveaux occasionnés par les mesures à prendre pour affronter ce contexte dramatique.

A l’instar de nombreux autres groupes nippons de l’électronique grand public ou de l’automobile, Sony subit d’une part l’impact du ralentissement des ventes, et d’autre part celui, tout aussi dommageable, de la hausse du yen face au dollar, à l’euro et à plusieurs autres devises. Ce phénomène, consécutif à la crise financière, amoindrit sa compétitivité et dévore ses marges.

L’impact fort de ces taux de change défavorables cumulé à une décrue des achats de matériels audiovisuels font désormais craindre au fleuron nippon un déficit d’exploitation annuel de 260 milliards de yens (2,16 milliards d’euros) alors qu’il espérait encore un profit de 200 milliards de yens il y a quelques semaines.

Sony n’était pas tombé dans le rouge sur le plan opérationnel depuis 1995.

“C’est bien pire que je ne le pensais”, s’est ému un analyste d’Okasan Securities, Kazumasa Kubota, pointant du doigt la dégringolade des ventes non pas, selon lui, en raison d’un manque d’attractivité de la gamme, mais à cause d’un plongeon des prix de vente de l’ordre de 30% des appareils électroniques grand public.

La nouvelle prévision de chiffre d’affaires de Sony pour les douze mois d’avril 2008 à mars 2009, 7.700 milliards de yens, est de fait inférieure de 14,5% à la précédente qui était de 9.000 milliards.

Si son coeur de métier, les produits électroniques, est le plus sérieusement touché, les consoles et jeux, un domaine qui résiste généralement mieux face aux crises de consommation, ne va pas non plus afficher les performances attendues au départ, là encore à cause du yen et de ventes moins bonnes qu’espéré.

Pour faire face à cette désastreuse situation commerciale, Sony avait déjà annoncé mi-décembre un vaste plan de restructuration prévoyant la suppression de 16.000 postes au niveau mondial dans son activité centrale, l’électronique, répartis à parts égales entre salariés fixes et temporaires.

Ces lourdes décisions sociales s’accompagnent d’un remaniement structurel qui comprend une révision des projets d’investissement, une part nouvelle de sous-traitance et des fermetures d’activités non rentables et liquidations d’usines non compétitives.

“Des mesures additionnelles de restructuration sont nécessaires pour réduire les coûts fixes”, estime M. Kubota, mais, reconnaît-il “je ne sais pas qui peut aujourd’hui prescrire le bon remède dans un contexte aussi déplorable”.

Le PDG de Sony, Howard Stringer, devait donner une conférence de presse plus tard dans la journée à Tokyo.