Crise : les dirigeants des monarchies du Golfe au chevet de leurs économies

[29/12/2008 10:34:43] DUBAI (AFP)

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étrangères des Emirats arabes unis (G) et son homologue du Bahreïn Cheikh Khaled Bin Ahmed al-Khalifa, le 28 décembre 2008 à Mascate. (Photo : Marwan Naamani)

Les dirigeants des monarchies du Golfe examineront lundi lors de leur sommet à Mascate l’impact de la crise mondiale sur leurs économies qui, selon certains experts, devrait encore être atténué en 2009 grâce aux recettes pétrolières records engrangées ces dernières années.

“Nos dirigeants vont étudier la question (de la crise financière), conscients de la nécessité d’avoir une approche commune” sur les moyens d’y faire face, a déclaré le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Abderrahmane Al-Attiya.

Les six membres du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar), qui contrôlent 45% des réserves mondiales de brut et 25% des réserves de gaz naturel et qui assurent le quart des approvisionnements du monde en pétrole, “disposent de quoi pouvoir surmonter la crise”, a ajouté M. Attiya cette semaine dans le quotidien arabe Al-Hayat.

Il a justifié son optimisme notamment par “les réserves financières cumulées ces cinq dernières années”, marquées par une envolée sans précédent des prix du brut, qui ont cependant chuté brutalement ces dernières semaines à moins de 40 dollars le baril, contre 147 dollars en juillet.

Cette chute des prix est appelée à se poursuivre en 2009. Une baisse des revenus avec celle de la production pétrolière décidée par l’Opep pour ses membres, dont ceux du CCG, et le durcissement des restrictions sur les prêts bancaires sont autant de facteurs qui conduiraient à un ralentissement de la croissance économique dans les six monarchies, selon l’Institute of International Finance (IIF).

Le taux de croissance du PIB des pays du CCG devrait tomber à 4,2% en 2009, contre 5,7% en 2008, a indiqué l’IIF dans une étude publiée début décembre.

En outre, les fonds souverains des pays du CCG, estimés à 1.500 milliards de dollars à la mi-2008, “ont perdu 450 milliards de dollars sous l’effet de la crise financière mondiale, soit l’équivalent d’une année de recettes pétrolières” pour ces pays, a estimé le directeur de Deutsche Bank pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord, Henry Azzam.

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à l’ouverture du sommet du CCG, le 28 décembre 2008 à Mascate. (Photo : Marwan Naamani)

“La région du Golfe a subi la crise financière et elle ne s’en sortira que lorsque le monde aura surmonté cette crise”, a-t-il ajouté lundi sur la chaîne de télévision CNBC Arabia.

Mais pour l’expert koweïtien Jassem Al-Saadoun, “les pays pétroliers du Golfe seront en mesure de supporter la crise et d’amortir son impact sur leurs économies pendant une année ou une année et demie”.

Grâce à leurs réserves en devises, “ils pourront financer leur déficit budgétaire attendu en 2009 et probablement en 2010”, a ajouté M. Saadoun, chef du cabinet koweïtien de consultants Al-Shall, prédisant un prix plancher du brut entre 40 et 50 dollars/baril en 2009 et de 50 à 70 dollars en 2010.

L’Arabie saoudite, première puissance pétrolière mondiale, a annoncé un déficit de 17,3 milliards de dollars dans son budget 2009 après un excédent sans précédent de quelque 160 milliards de dollars en 2008, mais s’est engagée à continuer à financer ses grands projets de développement en puisant entre autres dans ses réserves, estimées à quelque 440 milliards de dollars.

Dans leur quête d’une intégration économique de leurs pays, les dirigeants du CCG vont adopter lors de leur sommet de deux jours à Mascate “l’accord sur l’unité monétaire”, prévoyant le lancement prévu en 2010 d’une monnaie unique du Golfe, a indiqué M. Attiya.

Lors de leur dernier sommet annuel à Doha, ils s’étaient réengagés en faveur de l’échéance 2010, bien que cet objectif collectif eut été remis en question par la décision d’Oman de se retirer du projet, et celle du Koweït de lier sa monnaie à un panier de devises plutôt qu’au seul dollar, dans le but de combattre l’inflation.