Le Liban renoue avec les beaux jours du tourisme en redoutant une nouvelle crise

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à Beyrouth le 22 octobre 2008 (Photo : Ramzi Haidar)

[18/12/2008 14:35:11] BEYROUTH (AFP) Le Liban connaît un essor touristique sans précédent depuis 2004 avec des hôtels et des restaurants bondés mais beaucoup craignent de nouvelles violences en raison d’une tension politique persistante, avant les législatives du printemps.

“Le nombre de visiteurs étrangers atteindra 1,3 million pour l’ensemble de l’année 2008, soit le même chiffre qu’en 2004”, affirme à l’AFP Nada Sardouk, directrice générale du ministère du Tourisme.

“Nous avons enregistré une hausse de 25% du nombre de passagers en 2008 par rapport à 2004”, indique Nizar Khoury, directeur commercial de la Middle East Airlines (MEA), le transporteur national.

Le responsable assure que “les vols pour la période des fêtes (al-Adha, Noël et Nouvel an) sont complets et beaucoup n’ont pu faire le déplacement car les hôtels sont pleins”.

Les touristes prennent d’assaut les plages, boîtes de nuit et magasins du pays depuis le début d’été, encouragés par le retour à la stabilité politique après l’accord interlibanais de Doha qui a mis fin en mai à des affrontements aux allures de guerre civile.

Depuis l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri à Beyrouth en 2005, une série de calamités s’est abattue sur le Liban: meurtres politiques, guerre destructrice entre Israël et le Hezbollah en 2006, combats dans un camp palestinien entre l’armée et des islamistes en 2007, crise politique et affrontements intercommunautaires en mai qui ont fait plus de 65 morts.

Pour les hôteliers, restaurateurs et loueurs de voitures, l’année 2008 a été un véritable répit.

“Le taux d’occupation des hôtels est de 100% pour les fêtes, sachant que ce taux était de plus de 70% dans le Grand-Beyrouth au cours des six derniers mois. C’est un très bon chiffre”, affirme Pierre Achkar, président du syndicat des hôteliers.

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éditerranée, en janvier 2008 (Photo : Patrick Baz)

“C’est fini, nous n’acceptons plus de réservations. Il y a des listes d’attente jusqu’à mars 2009”, assure Charbel Abi Rached, de l’hôtel Intercontinental Mzaar, situé près des pistes de ski dans la montagne libanaise.

“Ce fut une année excellente”, se félicite également le président du syndicat des restaurateurs Paul Aariss, selon qui 360 projets de restaurants à gros investissement ont été approuvés en 2008.

L’année 2008 a également été bonne pour les loueurs de voitures, le nombre de licence octroyées à ce secteur ayant augmenté de 50% par rapport à 2004, selon le ministère du Tourisme.

Autre signe de retour à la normalité: les visiteurs syriens reviennent “en nombre” selon Mme Sardouk, après une période de ralentissement à la suite de l’assassinat de Rafic Hariri, dans lequel la Syrie est montrée du doigt.

Toutefois, on craint que de nouveaux troubles dans le pays ne viennent gâcher cet élan.

“Le problème est que le tourisme est extrêmement vulnérable, et la saison est condamnée au moindre incident de sécurité”, explique Mme Sardouk.

La situation au Liban reste précaire avec l’approche des législatives du printemps, qui entraîne un regain de tension politique entre la majorité parlementaire antisyrienne et la minorité menée par le Hezbollah chiite.

Si Londres a décidé il y a une semaine de lever sa mise en garde concernant le déplacement de ses ressortissants au Liban, beaucoup de pays maintiennent cette consigne.

Même l’Arabie saoudite, le Koweït et Bahreïn qui avaient déconseillé en février à leurs citoyens de se rendre au Liban, “n’ont pas encore changé d’avis”, indique Mme Sardouk,

“Pour l’année prochaine, nous savons d’ores et déjà que les mois d’avril et mai vont baisser avec un taux d’occupation à 30 ou 40%”, selon M. Achkar.

“Les étrangers entendent que la situation est incertaine et se disent +on verra après les élections+”, indique le responsable.

Le Liban tentera de conjurer ce mauvais sort en lançant la semaine prochaine une campagne de promotion internationale.