Attijariwafabank : Le bulldozer Maghrébin

Attijariwafa Bank a-t-il l’ambition et la volonté de devenir
n°1 en Afrique, devant les cinq banques sud-africaines qui le distancent encore
? Quand on lui pose cette question, Boubker Jai, répond, le sourire en coin, que
«ce n’est pas quelque chose que nous recherchons. Nous ne nous réveillons pas le
matin en nous disant qu’il faut absolument que nous y arrivions », ajoute le
directeur général d’Attijariwafabank. Toutefois, notre interlocuteur admet avoir
un rêve : que la position conquise par la banque au Maroc –c’est-à-dire celle
«d’un groupe multi-métiers développant toutes les facettes de l’activité
financière »- « puisse être transposée dans la totalité des pays où nous sommes
présents», de manière à y être «un opérateur de premier ordre .» Car
Attijariwafabank « n’entend pas jouer les outsiders ou les seconds rôles »,
clame le n°2 de la première banque du Maroc.

Fort symboliquement, le siège de la banque, au 2, Bd Moulay Youssef, à
Casablanca, est lui aussi en cours d’agrandissement. D’ailleurs, les dirigeants
d’Attijari sont tellement absorbés par leur élan conquérant vers de nouvelles
frontières qu’ils n’ont même pas pensé à célébrer un évènement marquant, peut
être le plus important, dans l’histoire de la banque : la naissance d’Attijariwafabank
il y a cinq ans, de la fusion en novembre 2003 de la Banque Commerciale du Maroc
(BCM) avec Wafa Bank qu’elle avait rachetée. Une opération qui nécessitera trois
d’efforts.

Facilitée, selon Boubker Jai, «par la complémentarité entre les 2 banques,
l’une orientée entreprise et clientèle haut de gamme, et l’autre portée sur les
pme et les particuliers, notamment les Marocains Résidents à l’Etranger (MRE) »,
cette fusion visait à bâtir un champion national apte à «pouvoir envisager
sereinement le développement à l’international. »

Ce faisant, Attijariwafabank va développer un «modèle » qu’il déroule dans
chacune de ses conquêtes. La première sera d’ailleurs menée avant même que le
premier groupe financier du Maroc et du Maghreb ait achevée le processus de
fusion opérationnelle BCM-Wafa Bank. Attijari soumissionne pour le rachat de
l’ex-Banque du Sud, remporte l’appel d’offres international et prend pied ainsi
en Tunisie posant ainsi «le premier jalon de notre développement à
l’international », se réjouit Boubker Jai.

Depuis, Attijariwafabank a continué sa percée au Sénégal, avec deux
opérations –le rachat 66,67% du capital de la Banque Sénégalo-Tunisienne, en
octobre 2006, et de la majorité de celui de la Compagnie bancaire de l’Afrique
occidentale (CBAO)- et au Mali, avec la reprise en juillet 2008 des 51% détenus
par l’Etat malien dans le capital de la Banque internationale pour le Mali (BIM-SA).
Mais la première banque du Maroc et du Maghreb n’entend pas s’arrêter en si bon
chemin.

En effet, son nouveau plan de développement, dévoilé en septembre 2008, de
manière prématuré –puisque les objectifs du précédent (2006-2010) avait été
atteints avec deux ans d’avance, prévoit pour la période 2008-2012, une
focalisation sur l’extension de la bancarisation au Maroc, la maîtrise des
risques opérationnels et, en particulier, le développement de la présence du
groupe à l’étranger, et en particulier dans le reste du Maghreb et en Afrique de
l’Ouest. En train d’ouvrir un bureau en Libye et dans l’attente d’une réponse
des autorités algériennes à sa demande d’un agrément pour la création d’une
filiale en Algérie, Attijariwafabank veut «être dans tous les pays de l’Union
Monétaire Ouest Africaine (UMOA, regroupant huit pays : Bénin, Burkina, Côte
d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. », précise son directeur
général. Ce qui en bonne logique devrait rapprocher davantage le bulldozer
qu’est Attijariwafabank de ses concurrents sud-africains. Voire lui permettre de
les supplanter sur le toit de l’Afrique.