Enquête du CJD sur l’environnement institutionnel des PME : Tunis n’est pas la Tunisie

Il est fort possible que des enquêtes sur l’environnement des
affaires en Tunisie aient été déjà réalisées, toutefois ce qui fera l’exception
de l’enquête initiée par le Centre des Jeunes dirigeants et supervisée par Karim
Ben Kahla, expert et enseignant universitaire en économie, est sa dimension
régionale. Car on oublie très souvent que Tunis n’est pas la Tunisie.

En effet, comment pourrait-on se prévaloir d’une croissance économique
respectable si elle ne touche pas toutes les régions du pays ? Comment
pouvons-nous prétendre à un partage équitable des richesses du pays si elles
sont réparties de manière inégale d’une région à l’autre. Les efforts notoires
des pouvoirs publics tunisiens pour désenclaver les zones les plus reculées du
territoire national par le développement d’un réseau routier, le renforcement
des moyens de transport, la décentralisation de l’industrie ainsi que les
encouragements à l’investissement ne pourront pas suffire s’ils ne sont pas
accompagnés d’études sur terrain et d’enquêtes sérieuses pour établir un
diagnostic objectif et réel de la situation dans les régions.

Des enquêtes qui permettent aux plus concernés, ceux qui détiennent dans
leurs mains l’avenir de l’économie du pays, ceux qui enrichissent de jour en
jour le tissu entrepreneurial là où ils sont nés parce qu’ils y croient. Ceux
qui ont choisi de rester chez eux parce qu’ils estiment qu’il est de leur devoir
de développer leurs régions. Ceux qui rencontrent aussi des difficultés dans la
réalisation de leurs objectifs de promouvoir l’initiative privée. Objectifs
partagés avec les pouvoirs publics mais qu’on trouve parfois du mal à
concrétiser pour moult raisons, ou à cause d’entraves qui peuvent dépasser même
les centres de décision.

La qualité des institutions est déterminante pour la qualité du climat des
affaires, elle permet d’améliorer la compétitivité des entreprises, d’attirer
les investisseurs et d’assurer des services performants et une gestion optimale
des ressources de l’Etat, assurent les jeunes dirigeants.

Etablissons notre propre diagnostic loin des classements internationaux

L’environnement institutionnel des PME reste encore méconnu, même si des
agences de notation internationales nous surprennent quelquefois en nous
accordant des classements plus qu’honorables. Leurs indicateurs sont-ils aussi
objectifs qu’elles le pensent ? Les critères pris en considération pour juger de
la qualité de l’environnement institutionnel des entreprises tunisiennes
sont-ils fiables ? C’est fort possible. Toujours est-il que, comme le vieil
adage le dit, «on n’est jamais mieux servi que par soit-même» et que si l’on
doit parler de l’environnement des affaires, autant établir notre propre
diagnostic de la situation réelle de l’entreprise dans notre pays et sur tout le
territoire national, établissons notre propre baromètre pour juger de la qualité
de l’environnement institutionnel de nos entreprises.

Personne ne saurait autant que nous saisir les spécificités de chaque
parcelle de notre territoire ou les approches de développement entreprises au
niveau de chaque région, ni même la formalisation des recommandations.

Aux Nations unies, on a développé un concept appelé «Culture matters» pour
dire qu’en matière de développement, il faut accorder de l’importance aux
approches culturelles. Parce que l’entreprise et l’initiative privée font
également partie de la culture qui peut être différente d’une région à une
autre.

On le découvrira peut-être jeudi 4 novembre lorsqu’on annoncera les résultats
de l’enquête à l’occasion de l’Assemblée générale du Centre des jeunes
dirigeants (CJD). Une enquête qui décrira les composantes et les acteurs de
l’environnement institutionnel des PME tunisiennes, qui les évaluera. Une
enquête dont le rôle est de saisir la logique d’action des opérateurs. Elle
abordera également la question de la décentralisation administrative en mettant
l’accent sur les possibles raisons qui poussent à résister aux changements.

Jeudi 4 novembre, les jeunes dirigeants auront également à proposer les
recommandations qu’ils estimeraient utiles pour que l’environnement
institutionnel des affaires leur offre les meilleures opportunités pour
améliorer leurs performances.