Italie : la récession ne fait plus de doute

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étrangères Franco Frattini, à Bruxelles le 15 octobre 2008 (Photo : Fred Gaudin)

[10/11/2008 13:29:28] MILAN (AFP) L’entrée de l’Italie dans la récession ne fait plus de doute, après l’annonce lundi du pire recul de la production industrielle depuis dix ans, selon des économistes.

En septembre, la production industrielle a baissé de 2,1% par rapport au mois d’août, a annoncé l’institut de statistiques Istat, alors que les économistes tablaient sur un recul de 1,7%, selon un consensus établi par l’agence Dow Jones Newswires.

Ce recul, dû en particulier à la baisse de la production de l’industrie du cuir, du bois, du textile et des moyens de transport, est le plus important depuis décembre 1998.

Sur un an, à nombre de jours travaillés égal, la production industrielle a chuté de 5,7%.

Cette mauvaise nouvelle prouve, selon les économistes, que le PIB du troisième trimestre, dont la première estimation doit être publiée vendredi, s’est lui aussi contracté, après un recul de 0,3% au deuxième trimestre.

Ce qui signifierait une entrée du pays dans la récession, définie comme deux trimestres consécutifs de contraction du PIB.

Même si les économistes s’attendaient à un mauvais mois de septembre, “la très mauvaise performance d’aujourd’hui suggère que l’Italie n’échappera pas à une récession technique”, soulignent les analystes de la banque UniCredit, qui prévoient un recul du PIB de 0,4% au troisième trimestre.

Et selon eux “les enquêtes”, comme l’indice de confiance des entreprises qui a fortement baissé en octobre à 77,7, son plus bas niveau depuis septembre 1993, “montrent que le rythme de la récession va probablement s’intensifier au quatrième trimestre”.

Le gouvernement italien table officiellement sur une croissance de 0,1% en 2008 et de 0,5% en 2009, mais ses prévisions ont été établies en septembre, avant l’aggravation de la crise financière.

Beaucoup plus pessimistes, le FMI table sur un recul du PIB de 0,2% en 2008 et de 0,6% en 2009 et l’Union européenne prévoit une croissance nulle aussi bien en 2008 qu’en 2009.

L’annonce du recul de la production industrielle “lourdement négative (…) confirme que l’Italie est en récession”, renchérit l’économiste Marco Ricci de Centrosim.

Même son de cloche pour Fabio Pammolli, directeur du centre d’études économiques CERM: “l’Italie est déjà en récession”.

Face à cette situation, le gouvernement de Silvio Berlusconi devrait annoncer cette semaine un plan de soutien aux banques, de 10 à 15 milliards d’euros selon la presse, afin qu’elles augmentent leurs prêts aux entreprises et aux ménages.

Le gouvernement prévoit aussi des mesures de stimulation de l’économie réelle avec un fonds de garantie des prêts pour les PME, des mesures de soutien à l’innovation ainsi que la construction d’infrastructures.

Mais selon M. Pammolli, si “la crise actuelle peut aggraver la situation de l’économie italienne (…) il faut comprendre que les problèmes structurels s’étaient déjà manifestés” depuis le début de l’année et que le pays “réunit une série de caractéristiques qui rendent son économie particulièrement fragile”.

L’économiste cite notamment une faible consommation et “la dette publique la plus élevée de l’UE, ce qui rend difficile, sinon impossible, d’adopter des politiques de stimulation de la demande intérieure”.

Ce qui lui laisse penser que “l’Italie mettra plus de temps que les autres à sortir de la crise”.

Le ministre du Travail Maurizio Sacconi a indiqué lundi que le déficit public de l’Italie sera à 3% en 2009, soit beaucoup plus élevé que la prévision de 2,1% du gouvernement.

“Il est quasi certain qu’en 2009, nous arriverons à 3%. (…) Le PIB s’effondre, les entrées fiscales s’écroulent. Comment peut-on rester dans les 3% ?”, s’est interrogé le ministre.