TIC au Maghreb : Un marché opportun ?

 

Une étude sur «la distribution IT et télécoms au Maghreb»,
réalisée en septembre 2008, a montré que le Maroc tient la première place en
nombre d’acteurs TIC présents sur le marché. En effet, 39% des entreprises IT
sont présentes au Maroc, suivi par la Tunisie (32%) et l’Algérie (29%).

Cette étude, qui a mis l’accent sur ces trois pays, est réalisée par «CompuBase»,
une société française spécialisée dans la collecte de données sur les sociétés
IT et Télécom en Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA). Elle recense, dans sa
base de données, environ 5.000 sociétés IT et télécoms au Maghreb.

L’essor du secteur au Maroc est dû, selon l’étude, au développement du «nearshore».
Ce pays compte actuellement 2.200 sociétés IT et télécoms (contre 1.800 pour la
Tunisie et 1.600 pour l’Algérie). Notons également que le taux de croissance du
secteur IT est estimé à 15%.

La Tunisie a également su tirer profit d’un niveau élevé de formation de ces
cadres, ce qui lui a permis d’attirer certaines entreprises européennes. Par
contre, l’Algérie présente une structure économique «très industrielle et encore
faiblement orientée vers les services».

Le fait remarquable relevé par l’étude est le nombre important de revendeurs
sur le marché des trois pays. Ils représentent, respectivement, 45% en Tunisie,
57% au Maroc et 52% en Algérie. Dans notre pays, un tiers des acteurs est
spécialisé dans les services et l’ingénierie, les éditeurs de logiciels ne
représentent que 7% et les constructeurs que 1%, selon l’étude. Le schéma est
approximativement le même en Algérie et au Maroc où la part des services est
respectivement de 37% et 28%, celle des éditeurs de logiciels de 6% et 9% et
celle des constructeurs est de 2% et 1%.

Concernant les télécommunications, l’étude a montré que l’amélioration des
infrastructures du réseau devrait se renforcer davantage, sachant que ce secteur
présente un fort potentiel de développement et une demande qui est «loin d’être
satisfaite», dans les trois pays. Le taux d’accès à Internet demeure encore en
deçà des normes bien qu’il soit le plus élevé comparativement aux autres pays du
continent africain. La Tunisie est leader sur ce plan avec 15,6% (selon les
statistiques de 2007), 15,1% pour le Maroc et 10,4% pour l’Algérie en 2008.

Par ailleurs, le marché IT nord-africain présente un tissu entrepreneurial
dominé par des entreprises de petite taille. Elles sont 32% à employer 2 à 4
personnes et 24% à employer 10 à 24 personnes. Les plus grandes entreprises,
employant jusqu’à 250 personnes ne dépassent pas les 2% du total.

Notons également la présence de multinationales qui ont généralement des
bureaux de représentation employant un nombre réduit de cadres. A ce niveau, les
rédacteurs de l’étude conclut que «les acteurs IT et télécoms du marché
nord-africain sont moins expérimentés que ceux du marché EMEA dans son ensemble.
76% des acteurs ont plus de cinq ans d’expérience dans le domaine contre 95% en
EMEA».

D’où une faible maturité qui explique que la majorité des acteurs TIC soit
tournés vers le marché intérieur (national), soit 47%. Le marché régional est
couvert par 29% d’entre eux, 18% pour le marché local et 6% seulement pour le
marché international.

Bref, l’étude souligne que les pays nord-africains présentent un haut
potentiel de développement des TIC. Toutefois, elle remarque qu’«une
infrastructure sous-développée, un trafic Internet de mauvaise qualité, une
innovation technologique assez pauvre et une main-d’œuvre peu qualifiée» (qui
varient selon les pays) constituent un obstacle au développement de ce secteur.
Mais justement ce handicap s’avère une opportunité si l’on en croit les
rédacteurs du rapport, puisque ces derniers estiment que le marché des trois
pays de l’Afrique du Nord présente une vraie opportunité pour les investisseurs
grâce à la faible présence directe des grandes sociétés IT. Autant dire des
opportunités qui s’offrent pour «gagner rapidement une visibilité forte dès lors
qu’un investissement minimum y est réalisé».

M.O.