Société Générale : les commissaires au comptes sur le gril des avocats de Kerviel

[13/10/2008 17:34:59] PARIS (AFP)

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érôme Kerviel (c) arrive au Palais de justice de Paris entre ses avocats Caroline Wassermann (d) et Francis Tissot (d) (Photo : Joel Saget)

Les commissaires aux comptes de la Société Générale ont été mis sur le gril lundi par les avocats de Jérôme Kerviel selon qui le trader, soupçonné de falsifications ayant fait perdre 4,9 milliards d’euros à la banque, ne serait qu’un “lampiste” du “système” financier existant.

Les deux commissaires aux comptes des cabinets d’audit Deloitte et Ernst and Young, chargés par la banque de certifier ses comptes, étaient questionnés depuis 9H00 dans le bureau des magistrats instructeurs Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset par les avocats du trader, en présence de Jérôme Kerviel et des avocats de la banque.

Cette audition se poursuivait en fin d’après-midi.

La défense de Kerviel entend pouvoir démontrer à cette occasion que les commissaires aux comptes n’ont pas fait correctement leur travail de contrôle.

“Soit les commissaires n’ont vu aucune anomalie et cela peut vouloir dire que les comptes étaient falsifiés, soit ils étaient informés et ont couvert la banque”, a résumé à l’AFP Me Bernard Benaïem, l’un des avocats du trader.

“Les honoraires des commissaires aux comptes sont de 14 millions d’euros”, a souligné Me Eric Dupond-Moretti, un autre avocat du trader, en expliquant que cela correspondait “à 8.333 jours de vérifications par an” à la Société Générale. “Et on vient nous dire que personne n’a rien vu”, s’est-il étonné.

Mes Benaïem et Dupond-Moretti ont réaffirmé devant la presse leur conviction que la hiérarchie du trader, et notamment les services comptables, étaient parfaitement au courant des actions de leur client.

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Le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke arrive au palais de justice de Paris le 13 octobre 2008 (Photo : Joel Saget)

Celles-ci auraient été, selon eux, favorisées par la logique du “système” financier existant.

“Ce que nous disons, c’est que de façon évidente, et aujourd’hui la crise financière vient le confirmer, il y a un système qui existait et il ne faut pas que des lampistes, tels que Kerviel, soient les seuls a supporter les conséquences de cette crise financière”, a expliqué Me Benaïem.

Jérôme Kerviel est accusé d’avoir pris des engagements financiers non-autorisés de près de 50 milliards d’euros sur les marchés en les camouflant notamment par des opérations fictives.

Les opérations fictives de Kerviel ont été validées par la comptabilité malgré des alertes sur leur invraisemblance, a expliqué dimanche à l’AFP Me Caroline Wassermann, autre avocate du trader.

Selon elle, un responsable du service “middle résultat”, Marine Auclair, a notamment adressé le 16 avril 2007 un courriel à sa hiérarchie et à plusieurs contrôleurs financiers après avoir découvert un montant de 94 millions d’euros non-justifié en comptabilité.

“Un certain nombre d’éléments qui figurent au dossier pénal nous montrent de façon évidente qu’il y a eu des échanges de mails, de correspondances, des propos qui ont été tenus et qui font que le doute n’est pas possible”, a insisté lundi Me Benaïem.

Pour Me Jean Veil, l’audition des commissaires aux comptes “n’a rien a voir avec le procès pénal.

“C’est un débat purement civil. Les commissaires aux comptes ont-ils ou non une responsabilité civile dans cette affaire”, a résumé devant la presse l’avocat de la Société Générale en expliquant que la défense de M. Kerviel cherchait “à atténuer sa responsabilité financière”.

“Comme de toutes façons, il me semble qu’il aura beaucoup de difficultés à rembourser les 4,9 milliards, c’est un débat sans grand intérêt”, a-t-il conclu.