Emploi des jeunes des quartiers : le plan du gouvernement “insuffisant” selon le Conseil économique et social

 
 
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étaire d’Etat à la Ville présente le plan “Espoir banlieue”, le 22 janvier 2008 à Vaulx-en-Velin (Photo : Fred Dufour)

[07/07/2008 08:34:30] PARIS (AFP) Le Conseil économique et social (CES) juge le Plan banlieues du gouvernement “insuffisant” pour favoriser l’emploi des jeunes des quartiers populaires et a appelé lundi à un “coup de pouce républicain” pour leur ouvrir le monde du travail et lutter contre les discriminations.

“C’est un peu le volet manquant au Plan banlieues, qui manquait de précision sur la question de l’emploi. C’est un coup de pouce républicain à ces jeunes”, a expliqué à l’AFP Fodé Sylla, rapporteur du texte sur “l’emploi des jeunes des quartiers populaires”, qui sera soumis mercredi au vote des membres du CES (syndicats, patronat, associations).

“L’emploi n’a été que récemment inscrit comme une priorité dans la politique de la Ville” et les résultats sont “mitigés”, selon le document, qui juge “incertain” le Plan banlieues lancé en début d’année par le président de la République et Fadela Amara.

“Bien qu’il soit trop tôt pour tirer un bilan, il est possible de souligner d’ores et déjà un certain nombre d’insuffisances”, souligne-t-il.

“Il y a un constat global qu’entre ce qu’on nous avait annoncé – +un plan Marshall pour les banlieues+ – et ce qu’on obtient, il y a un manque de moyens clairs pour mener à bien les ambitions très fortes qui ont été fixées”, résume l’ancien président de SOS racisme Fodé Sylla.

Pour l’heure, “les discriminations liées à l’origine et à l’adresse” restent “massives” dans les zones urbaines sensibles (ZUS), où le taux de chômage des 18-25 ans dépasse 38% contre 22% en moyenne nationale et où 20% des contrats de travail sont précaires (CDD, intérim, etc).

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égration professionnelle” (Cipro), le 18 Janvier 2008 à la Mission locale de Dreux. (Photo : Alain Jocard)

Cette catégorie “subit de plein fouet une concentration de difficultés” pour trouver un emploi, constate le CES qui propose d'”activer tous les maillons de la chaîne de l’emploi”.

Il recommande ainsi de “sanctionner” les entreprises discriminantes en leur interdisant par la loi l’accès aux marchés publics. “Il est interdit à une entreprise qui doit un euro au fisc d’accéder à un marché public : une entreprise qui discrimine ne doit pas y avoir accès non plus”, fait valoir M. Sylla.

Alors que jusqu’ici, les employeurs qui s’installent dans des zones franches urbaines (ZFU) sont exonérés de cotisations sociales, le rapport propose d’attacher le bénéfice de ces allégements “au lieu de résidence des salariés recrutés”.

On sait en effet par exemple que certaines entreprises parisiennes écartent d’emblée les CV émanant de banlieues populaires, comme la Seine-Saint-Denis (93).

Ces propositions doivent s’accompagner de mesures facilitant la mobilité, prévient toutefois le CES. Nombre de quartiers populaires sont en effet “mal desservis par les transports publics”, ce qui est “un frein important à l’emploi”.

Une délégation du CES a pu constater lors d’une récente visite à Villiers-le-Bel le long parcours que certains habitants sont contraints d’effectuer pour rejoindre leur travail à Roissy, pourtant bien proche à vol d’oiseau.

Le rapport souligne aussi la nécessité de lever les conditions de nationalité posées dans certains emplois publics, en milieu hospitalier notamment, et d’attirer les jeunes vers le “vivier” de l’artisanat.

Opposé au CV anonyme, le rapport prône le développement d’outils permettant d’évaluer “l’avancée de la diversité dans l’emploi”, comme les “testing” et des outils statistiques soigneusement encadrés par la Commission nationale informatique et libertés (Cnil).

 07/07/2008 08:34:30 – Â© 2008 AFP