Au plus bas depuis trois ans, la Bourse de Paris dans le brouillard

 
 
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à Paris (Photo : Jean-Pierre Muller)

[06/07/2008 11:58:00] PARIS (AFP) Au plus bas depuis trois ans, la Bourse de Paris scrutera la semaine prochaine les premières publications des sociétés américaines, espérant y trouver une raison de rebondir après un premier semestre calamiteux.

L’indice CAC 40 vient d’aligner cinq semaines consécutives de repli, cédant encore 2,99% au cours de la semaine écoulée pour terminer à 4.266,00 points et portant à 24,01% ses pertes depuis le début de l’année. Il est revenu à ses niveaux de juillet 2005.

“Alors que nous entrons dans le second semestre, les marchés continuent à naviguer à vue entre crise financière et équilibre instable dû aux risques d’inflation et de récession”, ont résumé dans une note les stratégistes de BNP Paribas.

La place parisienne s’est enfoncée après avoir clos lundi le troisième plus mauvais semestre de l’histoire du CAC 40 (-21,0%), après les deuxièmes semestres de 1990 (-25,4%) et 2002 (-21,4%), fragilisée par la flambée du brut et une valse de rumeurs sur les banques.

La seule embellie est venue jeudi du discours de politique monétaire de la Banque centrale européenne, moins agressif que prévu, qui a permis au marché “de rebondir sur un support technique important situé à 4.260 points”, selon Arnaud Riverain, responsable de la recherche chez Arkéon Finance.

“Mais dans l’ensemble, on vit un krach boursier latent”, a-t-il expliqué à l’AFP. Faute de visibilité, les investisseurs naviguent au jour le jour “entre les problématiques de consommation, dollar, pétrole, stagflation et crise financière”.

Les craintes géopolitiques ont même fait leur réapparition avec les rumeurs de frappe américaine sur l’Iran, récurrentes depuis une dizaine de jours, et typiques d’un marché qui “cherche toutes les raisons de vendre”, selon Arnaud Riverain.

Dans ce climat, “la vague des résultats semestriels va être charnière pour savoir si l’on entre dans une phase de stabilisation ou de nouvelle correction”, précise le stratégiste d’Arkéon Finance.

Le géant américain Alcoa et le conglomérat industriel General Electric inaugureront la semaine prochaine, respectivement mardi et vendredi, une saison de publications estivales “à hauts risques”, selon les économistes du courtier Aurel.

En effet, “le consensus des analystes sur l’évolution des bénéfices par action est certainement trop optimiste et les valeurs financières vont encore souffrir”, juge Jean-François Virolle, directeur de la stratégie chez Global Equities.

Pour Arnaud Riverain, le risque de fortes déceptions est d’autant plus fort que “les résultats vont souffrir d’un effet de base très dévorable par rapport à l’année dernière, où le pétrole n’était pas aussi haut ni le dollar aussi bas”.

Plus optimistes, les économistes d’Aurel tablent sur des publications “pas désastreuses”, grâce à la croissance toujours soutenue des pays émergents, même si “la communication des entreprises restera très prudente”.

Des chiffres de bonne facture ne lèveraient cependant pas l’incertitude majeure sur les marchés, qui risquent “d’attendre le troisième trimestre” pour savoir si le baril de brut va refluer ou “prendre la direction des 200 dollars”, avertit Arnaud Riverain.

Dans ce contexte, “la sélection de titre est plus que jamais déterminante”, soulignent les gérants de Robeco, conseillant à leurs clients de “se concentrer sur les sociétés ayant un réel pouvoir de fixation des prix”, notamment dans le secteur du luxe et des parapétrolières.

Euronext (CAC 40)

 06/07/2008 11:58:00 – Â© 2008 AFP