Imperial Tobacco lance une lourde restructuration après le rachat d’Altadis

 
 
[20/06/2008 13:03:31] LONDRES (AFP)

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és d’Altadis devant un local de la société à Strasbourg (Photo : Frederick Florin)

Le fabricant britannique de cigarettes Imperial Tobacco a annoncé jeudi qu’il allait supprimer environ 2.440 emplois, dont 1.060 en France, soit un peu plus de 6% de ses effectifs mondiaux, suite à l’acquisition en début d’année de son concurrent franco-espagnol Altadis.

Alors que le groupe emploie actuellement 40.000 personnes, il prévoit une restructuration de ses activités qui “va potentiellement réduire ce chiffre d’environ 2.440”, et entraînera la fermeture de 6 usines en Europe, sur les 58 actuelles, selon un communiqué.

Quelque 1.060 postes (sur 4.700) devraient être supprimés en France, ainsi que 830 en Espagne, 260 au Royaume-Uni, 250 en Allemagne, 100 en Russie, plus 140 autres répartis entre la Belgique, l’Italie, l’Ukraine et la Slovaquie, a détaillé le groupe britannique. En revanche, 200 postes devraient être créés en Pologne.

“Ce projet a pour objectif de sauvegarder la compétitivité du groupe élargi dans un contexte concurrentiel, règlementaire et fiscal extrêmement difficile”, a argumenté le groupe.

Une allusion au durcissement des règlementations contre le tabagisme en Europe, et aux hausses des prix de vente des cigarettes décidées dans de nombreux Etats, qui ont fait chuter ces dernières années les ventes de cigarettes (en volumes) dans plusieurs pays dont la France.

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Montage de deux photos des logos de Imperial Tobacco et d’Altadis (Photo : Paul Ellis/ Frank Perry)

Mais ce plan de suppression d’emplois a déclenché de vives réactions, particulièrement à Strasbourg et à Metz, dans l’est de la France, où sont situées deux des usines promises à la fermeture.

“C’est la fin d’une histoire, d’une grande histoire”, a déclaré à l’AFP Céline, une des employées de l’usine strasbourgeoise, la dernière et la plus ancienne fabrique de cigares en France.

Des représentants syndicaux ont accusé le groupe d’agir sous la pression de ses actionnaires. A la Bourse de Londres, l’action Imperial Tobacco a toutefois reculé de 3,29% à 1.879 pence.

“Les volumes de production de tabac baissent inéluctablement mais ça n’est pas la raison des plans sociaux, qui découlent de la volonté de nos propriétaires de générer toujours plus de productivité alors que tout pourrait bien se passer avec les départs naturels de salariés”, a dénoncé Jean-Marie Roux (CGT), membre du comité d’entreprise européen du groupe.

Le maire de Strasbourg Roland Ries (PS), a appelé les élus à se mobiliser pour sauver les emplois menacés, tandis que le vice-président du Front national Bruno Gollnisch disait “apporter son soutien” à des salariés qu’il a qualifiés de “nouvelles victimes du capitalisme financier mondialisé”.

Les autres usines appelées à fermer sont situées à Alicante (Espagne), Bristol (Royaume-Uni), Berlin (Allemagne) et en Slovaquie.

D’autres devraient voir leurs activités réduites ou transférées ailleurs, comme Dunkerque (Nord de la France), dont une partie de la production partira au Havre (Ouest).

Le groupe prévoit 600 millions d’euros de frais de restructuration, mais compte ensuite dégager 300 millions d’euros d’économies par an d’ici 2010, puis 400 millions à partir de 2012.

Imperial Tobacco a acquis en janvier son concurrent franco-espagnol Altadis pour 16,2 milliards d’euros (dette incluse).

Cela lui a permis de conforter sa position de numéro quatre mondial du tabac, derrière Altria (USA, ex-Philip Morris), son compatriote British American Tobacco, et le groupe nippon Japan Tobacco, dans un secteur en pleine course à la concentration.

Altadis, issu de la fusion en 1999 entre l’ex-régie publique française des tabacs, la Seita, et le groupe espagnol Tabacalera, fabrique des marques très populaires en France, comme les Gauloises et les Gitanes, ainsi que les Fortuna, cigarettes les plus vendues en Espagne, et les célèbres cigares Cohiba.

 20/06/2008 13:03:31 – Â© 2008 AFP