Mondher Khanfir : ‘’Un baril de pétrole à 200 $ serait plutôt favorable à l’économie tunisienne’’

Par : Tallel


Propos recueillis par Tallel BAHOURY


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En
marge du premier Salon des services de Transport & Logistique, nous avons
interviewé M. Mondher Khanfir, Conseiller au Commerce Extérieur et expert en
Supply Chain Management.

 


Webmanagercenter: Comment
avez-vous trouvé cette première édition d’un salon qui a l’air d’avoir
suscité beaucoup d’intérêt et au plus haut niveau ?

 


Mondher Khanfir 
:
La thématique est très intéressante et mérite tout cet intérêt. La Tunisie
cherche justement à étoffer son offre en services Transport & Logistique
pour jouer un rôle régional de plateforme de transit et de commerce
international. Maintenant, j’ai des réserves sur le positionnement du salon,
qui a affiché une faible participation du secteur privé, et a manqué de
contenu technique.

 


Qu’est-ce qui pourrait
être amélioré dans les prochaines éditions (si toutefois il y en aura)?

 

J’espère bien qu’il y en
aura. Maintenant, aux organisateurs de veiller à un équilibre entre les
différents secteurs qui exposent et attirer plus de flux qualifiés. On ne
mélange pas le BtoB avec le BtoC par exemple. Par ailleurs, les prestataires
technologiques, qui sont les supports essentiels d’une logistique moderne
étaient quasiment absents. Le positionnement du salon est encore à
travailler pour en faire un événement incontournable pour les professionnels
fournisseurs et utilisateurs de services Transport & Logistique.

 


Votre avis sur la
situation du secteur Transport & Logistique en Tunisie

 

Je n’aime pas parler de
secteur de Transport et Logistique, même si les économistes cherchent à
l’identifier comme tel pour le modéliser et le traiter statistiquement. Pour
moi, le Transport et la Logistique sont des opérations transactionnelles et
non transactionnelles le long de la chaîne de valeur. Il y a une tendance
générale à l’externalisation de ces opérations –qui se transformeraient
ainsi en services créateurs de valeurs et d’emplois- afin d’améliorer la
compétitivité globale. On comprend l’intérêt d’une libéralisation des
services Transport & Logistique, du moins à l’échelle régionale, qui devrait
accompagner les grands chantiers d’infrastructure actuellement en cours chez
nous.

 

Pour revenir au salon,
nous sommes passés à côté d’une occasion de faire de la promotion de nos
atouts logistiques pour drainer l’investissement étranger en Tunisie. Avec
l’augmentation des coûts de transport, la proximité va peser davantage dans
les décisions de délocalisation. Dans ce contexte, un baril à 200$ serait
plutôt favorable à la Tunisie. Nous avons la chance d’être dans un petit
pays où les distances sont limitées et où l’énergie de substitution est
disponible. De plus, un baril à 15$ pollue autant qu’un baril à 200$. Mais
dans le premier cas, très peu de gens s’en soucient. Le trend actuel sur les
cours de pétrole nous oblige enfin à agir en termes de développement
durable. C’est la grande orientation des donneurs d’ordre internationaux.
C’est une opportunité que les opérateurs logistiques tunisiens peuvent
saisir.

 


Pourriez-vous nous expliciter davantage cette idée ?

 

Côté commerce extérieur,
la flambée des prix des hydrocarbures va pousser les donneurs d’ordre
internationaux à chercher soit une réduction des distances, soit des
économies dans la composante hors transport. Dans les deux cas, le site
Tunisie est bien placée, car à mi-chemin entre deux grandes zones de
consommation, à savoir l’Union européenne et les pays du Golfe.

 

Côté commerce intérieur,
nous devons miser davantage sur les énergies alternatives ou renouvelables,
et qui existent abondamment dans notre pays. Le tout est d’explorer les
gisements de richesses qu’offrent le secteur des services en général, et
celui de la Logistique en particulier, pour faire de la Tunisie une place de
marché forte au cœur de la Méditerranée.