L’Ecole primaire privée en Tunisie


Par Imededdine Boulaâba

L’enseignement privé du
secondaire est synonyme, dans les milieux éducatifs, de lieu de repêchage
pour les désadaptés du lycée public, ce qui l’a dévalorisé aux yeux des
citoyens et rehaussé, immanquablement, les structures étatiques. Par contre,
la privatisation du primaire procède d’une tout autre logique puisque les
promoteurs ont bénéficié, dès le début, d’une infrastructure à même
d’assurer au projet envol et expansion.

 

Les raisons de la
performance

 

La mission et l’apport de
la prélature ont marqué la mémoire collective en Tunisie qui se souvient,
intensément, de ces sœurs, sobres, austères et ascétiques, symboles d’une
école de qualité et d’intransigeance. Cette renommée fut capitalisée et
renforcée lorsque les Tunisiens ont pris la relève des missionnaires qui ont
légué à nos compatriotes des bâtiments en symbiose avec leur rôle
pédagogique avec en prime des traditions éducatives avant-gardistes.

 

Bien entendu, les
nouveaux promoteurs ne se sont pas contentés des acquis de leurs
prédécesseurs ; assimilant dès le début le caractère transcendantal du
projet, ils ont réussi à épouser, durant les deux dernières décennies, les
mutations sociales et psychologiques de la société tunisienne en répondant
aux besoins pressants des classes moyennes et bourgeoises, en quête de
reconnaissance et de signes distinctifs.

 

Les services
parascolaires

 

Les responsables des
écoles primaires privées appliquent scrupuleusement les programmes officiels
mais, contrairement au secteur public, ils dispensent aux apprenants des
cours de français et d’anglais à partir de la première année. Les enfants
sont initiés à l’informatique, à la danse et à une panoplie d’activités
sportives et culturelles contribuant ainsi à leur épanouissement et à
l’éclosion de toutes leurs potentialités.

 

La plupart des
établissements disposent d’un bus permanent lors des excursions dont la
portée pédagogique est indéniable pour des écoliers soumis, au courant de la
semaine, à de fortes pressions parentales et à un rythme de travail assez
volumineux. En fait, la logistique de base de l’enseignement privé au
primaire demeure la disponibilité du personnel et le suivi pédagogique
constant, ce qui lui permet de se distinguer et de contribuer à satisfaire
l’égo de parents prêts à tous les sacrifices pour la starisation de leurs
enfants.

 

Tunis, lieu
privilégié de l’école
libre

 

L’enseignement primaire
privé est concentré essentiellement dans le district de Tunis-ville,
conséquence objective des bouleversements sociologiques qu’a connus la
capitale durant les dernières décennies. En effet, le besoin de caser leur
progéniture, pendant toute la journée, est devenu une véritable obsession
pour des franges non négligeables des classes moyennes tunisiennes qui
voient dans les services parascolaires la réponse idéale à leurs
préoccupations.

 

Ces services importants
conjugués à un encadrement pédagogique performant ont engendré un climat de
confiance entre les différents partenaires de l’acte éducatif. C’est ainsi
que Tunis, haut lieu des professions libérales, a réussi à coller, grâce au
dynamisme et à une vision prospective de promoteurs audacieux, aux besoins
des nouvelles élites, issues d’un ordre marchand, avide de rigueur,
d’efficacité et d’exploits.

 

Une émulation
salutaire

 

L’enseignement primaire
public est en mesure de relever le défi des écoles privées qui ont
actuellement le vent en poupe. D’ailleurs, le nombre des lauréats des
établissements étatiques est une preuve notable d’une saine gestion des
potentialités de la collectivité dans l’ensemble. Seulement, pour le
ministère de tutelle, structure dépositaire de l’avenir et de la formation
des générations futures, l’heure doit être à la vigilance et à la
transparence pour renforcer un climat concurrentiel, bénéfique à tous les
acteurs du milieu éducationnel.