La
présence des marques internationales avec leurs fortes attentes en
communication et leurs budgets conséquents bousculent l’ordre établi.
Derrière ce qu’on appelle «les grosses op» se cachent des réalisations
importantes en termes de conceptions, de budgets et d’impact. Elles cachent
aussi du management à l‘internationale.
Les cahiers de charges sont très difficiles à honorer, pour la plus part des
agences de services ou de voyage tunisiennes. Limitées par leurs moyens mais
aussi par les réalités et limites de la destination elle-même. Elles se
taillent quand même la part belle d’un business juteux mais sous-exploité.
«On est loin de la conception d’évènements avec tous ses tenants et
aboutissants. Réduits à l’exécutif, qui du reste est un énorme travail, les
prestataires locaux se contentent d’assurer de l’exécutif à des programmes
conçus par des agences créatives étrangères. C’est une petite niche
porteuse, difficile d’accès, où les détails sont extrêmement précis et
compliqués», déclare Bahri Touil, dont la société se spécialise dans
l’organisation de congrès.
L’émergence de structures spécialisées dans le MICE (Meeting, Incentive,
Conférence and Events) est aussi l’une des caractéristiques de cette
dernière décennie. On répertorie deux catégories d’agences de voyage: les
généralistes qui se sont spécialisées et celles qui sont dédiées à ce
segment, lancées par des jeunes professionnels ayant travaillé dans le
secteur qui se sont mis à leurs comptes.
L’esprit est innovant, les concepts et terminaisons sont assimilés, les
sites web bien conçus, les démarchages sont réguliers, les présentations de
destinations sont performantes …ce qui n’empêche pas le secteur de rester à
la traîne.
La Tunisie est encore considérée comme un lieu géographique. L’unanimité est
à lui reconnaître un fort potentiel, en termes de tourisme évènementiel,
mais le problème est fondamentalement bien plus profond. Nous y reviendrons
plus en détails dans un autre dossier.
Manque de produits, quasi inexistence de structures hôtelières de haut
standing et de labels internationaux. Par déficit d’image, en marketing et
en publicité. Par déficit d’efficacité et qualité de service. Finalement, ce
segment manque du minimum pour fonctionner. Il a d’ailleurs atteint ses
limites très rapidement.
Bien qu’une petite dynamique se soit mise en place (englobant hôtels,
restaurants, sociétés produisant des cadeaux d’entreprises, des sociétés
d’animations touristiques, des agences de location de matériel en tous
genres…), un bon nombre de professionnels garde un goût de gâchis et de
frustrations.
L’inventivité de certains opérateurs a certes pu éponger les lacunes d’une
destination qui n’arrive pas à redresser son tourisme en général ni à lancer
ses tourismes thématiques en particulier. Ce segment étant le plus
inaccessible et fragile, exigeant et rémunérateur.
Nombreuses sociétés étrangères ont certes choisi la Tunisie comme
destination pour leurs évènements. La concurrence est dure et des
destinations entières se sont dédiées à ce produit, présentant des atouts
exceptionnels tant au niveau des structures que des mentalités.
En Tunisie, la profession est consciente que la destination se contente
d’opérations modestes et de moindre catégorie et ce, en fonction du nombre
de personnes, des budgets prévus par personne et même du nombre général
d’opérations que l’on pourrait voire se confirmer.
Parmi les atouts majeurs de la Tunisie figure la proximité géographique.
Inexploitée pour cause de déficit de programmations aériennes, «l’open sky»
tarde à venir, il ralentit réellement le processus du développement de notre
tourisme. Cette clientèle est une clientèle individuelle qui voyage en
groupe, à l’occasion. Le «Low Cost» est une réalité aujourd’hui. On tarde à
assimiler cette donne en Tunisie.
«La proximité et la diversité sont des atouts incroyables que l’on
sous-exploite», commente un professionnel, qui a organisé un évènement
d’exception à partir de l’Italie. «L’idée était d’éblouir les clients en
leur faisant quitter Rome le matin, les plonger en plein désert avec
atterrissage à Tozeur. Juste prendre l’avion pour déjeuner, profiter d’un
bain de sable et offrir à ses clients un cocktail sur les dunes. Rentrer
dans la soirée pour être au bureau frais et dispo, le lendemain au boulot».
Peu de destinations peuvent se targuer de présenter un tel atout.
Du côté des professionnels, on continue de grincer les dents. Les outils de
travail manquent pour construire des projets innovants et séducteurs.
«Essayez de me trouver un restaurant haut de gamme pour 300-400 personnes en
dehors des structures hôtelières à Tunis. Comment voulez-vous que l’on
impose Tunis comme capitale pour les gros évènements si nous n’avons pas les
outils nécessaires pour construire des évènements?», résume un autre
professionnel.
«Tozeur aurait pu être une Mecque pour l’évènementiel. Les activités y sont
suspendues, les restaurants de qualité ou à thème sont inexistants en dehors
des hôtels, les hôtels de luxe n’existent pas, une discothèque digne de ce
nom non plus…c’est déprimant à la fin !», finit-il par conclure.
Pour construire des événements, il faut des lieux, des prestataires de
qualité dans le catering, la lumière, le son, l’image, la décoration
florale, mais aussi et surtout de nouveaux concepts.
Les sites archéologiques sont sous-exploités, des lieux de tournage
cinématographiques mythiques sont en état de délabrement, les lieux
historiques sont soumis à de grosses restrictions qui ralentissent toutes
les initiatives.
En évènementiel local, bien que ce business soit la chasse gardée de
sociétés de services et des agences de communication, certaines agences de
voyage arrivent à trouver une niche. Réconfortées par une expérience sur le
terrain, des «Past events» prestigieux avec des témoignages d’agences
étrangères, elles séduisent aisément des entreprises qui ont besoin d’être
rassurées par un savoir-faire confirmé.
Ces agences s’appuient, par exemple, sur des concepts encore méconnus tel
que le team building qui se présente sous forme de chasse aux trésors,
rallye, et autres jeux d’équipes. Des activités ludiques basées sur l’esprit
de compétition, de nature à insuffler la solidarité entres les membres d’une
même équipe ou force de ventes par exemple.
Au cours de mes recherches, ma surprise fut grande de constater qu’un
nouveau produit très à la mode depuis des années est finalement disponible
en Tunisie. Du côté de Bizerte et de Korba. Le paintball
http://paintballtunisie.com est une activité sportive et de loisirs qui
oppose deux équipes dont les joueurs sont équipés de masques, de protection
et de lanceurs propulsant par air comprimé des billes de peinture
constituées de capsules médicales renfermant une gélatine colorée.
Peut-être les prémices de la naissance de certaines initiatives privées qui
entraîneront d’autres, en attendant une profonde réflexion et réforme sur le
secteur.
La
