Economie : Où placez-vous les limites du libéralisme ?!


Par Maryam OMAR

Vous êtes-vous surpris à vous interroger sur les limites du libéralisme au
moment de crises monumentales qui émeuvent la totalité du marché mondial ?
Surtout si vous êtes un chef d’entreprise, avez-vous ressenti quelque
angoisse de crainte que le risque de contagion (bien réel, il faut dire)
s’élance des Etats-Unis où les dernières crises financières sont nées pour
aller vers les pays asiatiques puis vers l’Europe et, de là, vers la Tunisie
? Avez-vous pesté contre ce libéralisme débridé qui permet à tous de faire
n’importe quoi, à commencer par détourner impunément de leur usage premier
des produits financiers sensibles ?

 

Car c’est ce qui vient de se passer dans l’énorme crise actuelle de
titrisation (portant sur l’escompte des effets de commerce), rendue encore
plus grave par le fait que nous n’avons pas encore complètement digéré les
effets de la crise précédente ; celle des sub-primes (crédits immobiliers à
taux variables). Tout cela, basé sur le ‘’Laissez faire, laissez passer’’,
est l’une des conséquences du libéralisme outrancier pratiqué par beaucoup
de pays et, à leur tête, les Etats-Unis.

 

En s’interdisant tout contrôle sur les marchés autre que ceux garantissant
leur existence (système judiciaire, « police de la bourse », système de
défense des droits de propriété…), le libéralisme économique est accusé de
laisser le champ libre aux spéculateurs. De fait, la libéralisation des
marchés a vu l’explosion du volume des transactions et de la spéculation, y
compris sur des actifs sensibles comme la monnaie ou la dette publique,
marchés surveillés par les banques centrales.

 

Sur le marché des changes, ces mouvements sont alimentés par des capitaux
flottants souvent supérieurs en montant aux réserves de change des États
(pratique utilisée par Georges Soros). Ils tirent parti d’infimes
différences de taux entre deux marchés (arbitrage) ou sur de très faibles
variations de cours d’un jour à l’autre. Ces capitaux entrent dans un jeu à
somme nulle, aucune richesse supplémentaire n’étant directement créée.

 

Le même phénomène intervient sur le marché des actions, avec des
conséquences pratiques importantes pour les entreprises, qui peuvent voir
leur valeur boursière s’effondrer, parfois à juste titre, parfois sur une
rumeur.

 

Bizarrement, les libéraux se considèrent comme des incompris à propos de la
spéculation. Ils sont convaincus, contrairement à leurs détracteurs, que la
spéculation est un phénomène toujours bénéfique alors que tout échange
librement consenti entraîne un enrichissement de chacune des parties, même
si cet échange a l’apparence (comptable et illusoire) d’un jeu à somme
nulle.

 

‘’Nous entrons dans une époque où le libéralisme va devenir la plus suspecte
et la plus impraticable des vertus’’, disait André Gide. Pas si sûr !!

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