Société Générale : ouverture d’une information judiciaire, Kerviel déféré au parquet

 
 
CPS.IAA73.280108133639.photo00.quicklook.default-180x245.jpg
Photo non datée du courtier de la Société Générale Jérôme Kerviel

[28/01/2008 12:52:00] PARIS (AFP) Le parquet de Paris a ouvert lundi une information judiciaire notamment “pour faux et usage de faux” et “introduction dans un système automatisé de données informatiques” dans l’affaire de la “fraude” imputée par la Société Générale à l’un de ses traders, Jérôme Kerviel.

L’information judiciaire, qui vise le courtier mais aussi toute personne pouvant être impliquée dans cette affaire, a également été ouverte pour “abus de confiance aggravé par le caractère professionnel de l’auteur” ainsi que pour “tentative d’escroquerie”, a précisé le procureur de la République de Paris Jean-Claude Marin, lors d’une conférence de presse.

La peine la plus lourde encourue est celle pour abus de confiance, soit 7 ans d’emprisonnement et 750.000 euros d’amende.

M. Marin a annoncé que le parquet allait requérir la mise en détention provisoire de M. Kerviel pour à la fois garantir des investigations à venir mais aussi pour “protéger ce garçon qui subit (…) une pression considérable (…) médiatique et professionnelle” pouvant “le conduire à fuir ce pays”.

A la fin de sa garde à vue qui avait débuté samedi à 14H00, Jérôme Kerviel a été déféré au parquet peu avant 13H00.

CPS.IAA73.280108133639.photo02.quicklook.default-245x163.jpg
Le procureur de Paris Jean-Claude Marin lors de sa conférence de presse, le 28 janvier 2008 (Photo : Jacques Demarthon)

Le procureur de Paris a levé un coin du voile sur les motivations du courtier ainsi que sur sa façon de procéder.

Lors de sa garde à vue, M. Kerviel a reconnu avoir commencé à mener des opérations non autorisées par la banque dès la fin 2005. Jusqu’à présent, la Société Générale avait évoqué des opérations à partir de la fin 2006.

Néanmoins, les engagements financiers d’alors n’étaient “pas de l’ampleur” de ceux découverts par la banque le 18 janvier et qui s’élèveraient à environ 50 milliards d’euros, a révélé M. Marin.

“En 2006 et en 2007, il a peu à peu effectué des prises de positions purement spéculatives”, a poursuivi le procureur.

Si le courtier a affirmé aux enquêteurs n’avoir “pas agi à son profit direct et personnel”, il a “admis”, selon M. Marin, “avoir accompli certains actes et faits pour dissimuler” ses actions sur le marché.

“En l’état, il apparaît qu’un certain nombre d’alertes ont été faites par des responsables de service (de la Société Générale, ndlr) et il semble que ces alertes ont reçu des réponses falsifiées qui ont abouti au constat que les opérations n’étaient pas risquées parce qu’elle étaient couvertes”, a expliqué le procureur.

De sorte que “l’enquête ne démontre pas une absolue défaillance des systèmes (de protection, ndlr) de la Société Générale”, a-t-il ajouté.

Devenu du jour au lendemain le courtier le plus célébre au monde, Jérôme Kerviel “espérait apparaître comme un trader d’exception”, a rapporté M. Marin, “et obtenir des primes de rendement supérieures” pouvant atteindre “300.000 euros pour 2007”.

CPS.IAA73.280108133639.photo01.quicklook.default-245x168.jpg
Photo prise le 6 décembre 2007 à Paris de l’avocat de Jérôme Kerviel, Me Christian Charriere-Bournazel (Photo : Joel Saget)

Dimanche et lundi matin, les avocats du trader de 31 ans, ont clamé l’innocence de leur client. L’un d’eux, Christian Charrière-Bournazel a estimé que si M. Kerviel serait “probablement” mis en examen, il n’y avait en revanche “aucune raison qu’il soit mis en détention provisoire”.

“Ce serait tout à fait effrayant de penser”, a-t-il dit, que les autorités judiciaires donnent du crédit “à cette politique du bouc émissaire”.

“J’ai tout à fait confiance dans les magistrats” qui vont instruire cette affaire, a-t-il ajouté, précisant qu’il avait “l’intention évidemment de demander l’audition de tous les responsables de la banque”.

De son côté, le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, a qualifié Jérôme Kerviel de “fraudeur formidablement dissimulateur” pour expliquer comment le courtier avait réussi à déjouer tous les systèmes de contrôles internes.

“Daniel Bouton prend la responsabilité des propos qu’il tient et qui sont diffamatoires”, a réagi Me Charrière-Bournazel.

 28/01/2008 12:52:00 – © 2008 AFP