Afrique du Sud : mines à l’arrêt faute d’électricité, les syndicats craignent pour l’emploi

 
 
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La mine de Xstrata, dans la province de Mpumalanga (Afrique du Sud), le 11 mai 2007 (Photo : Isaac Mangena)

[28/01/2008 10:45:23] JOHANNESBURG (AFP) La pénurie d’électricité en Afrique du Sud a paralysé lundi la production des mines de la première puissance économique du continent pour la quatrième journée consécutive, les syndicats exprimant des craintes quant à l’impact de cette crise énergétique sur les emplois.

Les principaux groupes miniers ont précisé que la compagnie publique d’électricité Eskom avait accepté, lors de négociations pendant le week-end, de recommencer à les approvisionner, mais en quantité limitée, ce qui n’est pas suffisant pour relancer la production.

“Nous continuons à assurer la maintenance et d’autres choses que nous pouvons faire sans Eskom, mais aucune de nos mines ne fonctionne en ce moment”, a déclaré lundi à l’AFP Tom Tweedy, porte-parole de De Beers, premier producteur mondial de diamants.

Ce groupe, ainsi que Gold Fields, Harmony et AngloGold Ashanti, les trois géants de l’or dont l’Afrique du Sud est le premier producteur mondial, ont dû arrêter leur production vendredi, Eskom ne parvenant plus à les fournir en électricité.

Reidwaan Wookay, porte-parole de Gold Fields, a ajouté que l’électricité avait été partiellement rétablie, mais que cela permettait d’assurer seulement la maintenance.

“Nous respectons les règles de sécurité et l’électricité dont nous disposons n’est pas suffisante pour envoyer les mineurs au fond”, a-t-il déclaré.

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Des mineurs sud-africains de la mine d’or d’Elandsrand à Carletonville (Afrique du Sud), le 4 ocotbre 2007 (Photo : Gianluigi Guercia)

“Nous l’utilisons pour entretenir les mines et faire en sorte qu’elles soient sûres. Cela ne nous permet pas de creuser ou de lancer une quelconque production.”

AngloGold Ashanti n’envisageait pas non plus lundi de reprise immédiate de ses activités d’extraction.

“Nous attendons de voir ce que fait Eskom. Ils nous ont dit qu’ils allaient augmenter l’approvisionnement en électricité”, a déclaré un porte-parole, Steven Lenahan. “Nous ne sommes pas en production et ne le serons pas avant un moment.”

Une porte-parole d’Eskom, Nto Rikhotso, a précisé qu'”il y a eu une réunion (ce week-end) entre Eskom, les compagnies minières et le ministère de l’Energie et des minéraux. Un accord a été conclu selon lequel les mines peuvent utiliser 70 à 75% d’électricité pour leur production”. “Une autre réunion est prévue demain” mardi, a-t-elle ajouté.

Harmony, qui gère 22 mines et emploie 43.000 personnes, a estimé ses pertes à 60 millions de rands (6 millions d’euros) par jour.

L’arrêt de la production suscite des craintes de licenciements, Eskom ayant averti que la pénurie risquait de durer jusqu’en 2013.

“Notre principal souci est que les travailleurs ne subissent pas les conséquences d’une crise provoquée par l’irresponsabilité” des autorités, a déclaré Patrick Craven, porte-parole de la puissante centrale syndicale Cosatu.

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Une vue générale de la centrale nucléaire de Koeberg (Afrique du Sud), le 18 janvier 2007

“Nous réaffirmons que la responsabilité est celle du gouvernement qui n’a pas écouté les mises en garde. Il devrait maintenant débloquer des fonds pour assurer l’approvisionnement en électricité et sauver des milliers d’emplois.”

Le gouvernement a reconnu vendredi être confronté à une “urgence nationale” et présenté ses excuses pour ne pas avoir développé à temps ses infrastructures – essentiellement des centrales au charbon – dépassées par le boom de la croissance économique.

Reint Dykema, porte-parole du syndicat Solidarity, a estimé que “les acteurs du secteur minier devraient être prudents, en ce moment de crise de l’électricité, et garantir qu’aucun emploi ne soit perdu”.

Les coupures de courant, qui se sont aggravées depuis le début de l’année, affectent toute l’activité du pays, Johannesburg, la capitale économique, étant la plus touchée.

Faute de pouvoir augmenter rapidement sa capacité de production (38.500 mégawatts), le gouvernement entend faire diminuer la demande par une augmentation des tarifs, des quotas de rationnement, ainsi que le recours au gaz et à l’énergie solaire.

 28/01/2008 10:45:23 – © 2008 AFP