Alors que la Fed et la BoE baissent leur taux, la BCE veut rester ferme

 
 
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Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort le 6 juin 2007 (Photo : Martin Oeser)

[06/12/2007 16:57:14] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne a affiché jeudi sa détermination à lutter contre la moindre menace de dérapage des prix dans la zone euro, refusant de laisser germer l’idée d’une baisse de taux dans la foulée des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne.

“Nous sommes constamment en alerte. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour éviter” les risques de surchauffe inflationniste, a prévenu le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, lors d’une conférence de presse à l’issue de la dernière réunion du conseil de politique monétaire de l’année.

Après le pic de l’inflation en novembre, qui a – avec un taux de 3%-, grimpé à un sommet depuis six ans et demi, il est “essentiel” que les syndicats ne demandent pas de hausses de salaires très élevées susceptibles de mettre en danger durablement la stabilité des prix, a-t-il souligné.

Cette fermeté de ton revient à menacer indirectement d’une nouvelle remontée des taux directeurs, un discours qui va à l’encontre de la tendance actuelle.

La Banque d’Angleterre (BoE) a ainsi annoncé jeudi une baisse de taux d’un quart de point visant à aider une économie en perte de vitesse. Aux Etats-Unis, frappé de plein fouet par la débâcle des crédits immobiliers à risque (subprime), la Réserve fédérale (Fed) a déjà réduit ses taux à deux reprises, et n’a pas exclu de continuer.

Le Français a au contraire laissé entendre que sans les incertitudes liées à l’impact de la crise du subprime sur l’économie, la BCE aurait resserré les vannes du crédit jeudi au lieu de laisser son principal taux inchangé à 4%.

Certains gouverneurs étaient favorables à un tour de vis dès jeudi, a-t-il assuré, mais le conseil a consensuellement jugé plus sage d’attendre d’y voir plus clair sur la crise.

La BCE a déjà relevé les conditions du crédit de la zone euro à huit reprises depuis décembre 2005, et gelé son neuvième tour de vis en septembre pour cause d’effondrement des marchés financiers.

Ces propos semblaient diviser les analystes.

Pour Aurelio Maccario, de la banque Unicredit, ils “pointent en direction d’une nouvelle petite dose de resserrement monétaire, probablement au deuxième semestre 2008”.

“Ces commentaires sur l’inflation ne doivent pas être pris au sérieux”, rétorque Jörg Krämer, économiste à la Commerzbank.

“Le plus important, c’est que la BCE a nettement abaissé ses optimistes prévisions de croissance en 2008 et qu’elle voit l’inflation de nouveau en dessous de 2% en 2009”, ajoute l’économiste.

Les projections trimestrielles révisées, annoncées jeudi par M. Trichet, se distinguent en effet par un net abaissement des estimations de croissance pour 2008 – qui tombe à 2% contre 2,3% auparavant – et un retour de l’inflation dans les limites autorisées par la BCE avec un taux moyen de 1,8% en 2009.

L’euro fort face au dollar, qui désavantage les exportateurs européens et la crise du crédit assombrissent l’horizon pour la croissance. La flambée de l’or noir et la montée des prix de denrées alimentaires pèsent à la fois sur l’inflation et sur la croissance, en décourageant la consommation des ménages.

Les dangers sont donc légion pour l’économie et la BCE le reconnaît. Et en prédisant une inflation plus sage en 2009, elle exprime sa confiance dans le caractère temporaire de la grimpée des prix. M. Krämer se trouve ainsi conforté dans sa prévision d’une baisse de taux dans la zone euro en fin d’année prochaine.

Pour Jonathan Loynes de Capital Economics, la pression pour un assouplissement des taux dans la zone euro va augmenter au deuxième semestre de l’an prochain. L’analyste ne peut imaginer que la BCE puisse regarder l’économie s’essouffler “sans vouloir y répondre”.

 06/12/2007 16:57:14 – © 2007 AFP