UMA : toujours une grande frustration

UMA : toujours une grande frustration

Par Abou SARRA

La conférence sur le rôle du
secteur privé dans le développement économique et l’intégration régionale du
Maghreb, tenue en grande pompe, les 28 et 29 novembre à Tunis, avec la
participation de trois ministres des finances, de cinq gouverneurs des
banques centrales maghrébines, du Directeur Général adjoint du FMI, du
Président de l’Union maghrébine des employeurs (UME) et des présidents des
centrales patronales, s’est achevée sur un sentiment de frustration.

 

Malgré les efforts déployés pour franchir des pas concrets sur la voie de
l’intégration de ce sous espace, l’Union du Maghreb Arabe (UMA) est toujours
une profession de foi. C’est du moins, le constat qui s’est dégagé lors
d’une conférence de presse tenue, jeudi 29 novembre 2007, à Tunis, par
MM.Taoufik Baccar, gouverneur de la Banque centrale, Murilo Portugal
directeur général adjoint du FMI,et Hédi Djilani, Président de l’UME.

 

Le non Maghreb, a-t-on martelé, fait perdre, chaque année, à chaque pays
de la région, deux points de croissance qui auraient pu être utilisés, en
cette période d’incertitudes et de fractures, pour réduire la pauvreté et le
chômage qui a tendance à frapper de plus en plus des « essaims de qualité »
: les diplômés du supérieur.

 

La frustration est encore plus grande lorsqu’on sait que les échanges intra
maghrébins représentent à peine 2% de la valeur du commerce extérieur de la
région, soit le taux le plus faible qu’enregistre un groupement régional
dans le monde. Mention spéciale au passage pour la Tunisie qui fait un peu
mieux d’efforts en assurant 7% de ses échanges extérieurs avec les pays du
Maghreb.

 

Pour se donner bonne conscience, la conférence de Tunis, tout comme
l’avaient recommandé les conférences tenues à Alger sur la facilitation du
commerce (Novembre 2005) et à Rabat sur les Perspectives d’intégration
financière dans le Maghreb (Décembre 2006), a plaidé selon les termes de
M.Baccar pour un Maghreb « pragmatique » tenant compte des spécificités de
chaque pays et proposé une batterie de pistes pour booster, un tant soit
peu, l’édifice maghrébin.

 

Les participants, qui ont débattu deux documents sur le rôle du privé dans
la construction du Maghreb, documents élaborés par le FMI et l’UME, ont
adopté un plan d’action.

 

Globalement, Il s’agit de préalables à réunir au niveau institutionnel et au
niveau patronal pour accompagner les hommes d’affaires de la région dans
leur quête de placements dans la région.

 

Au plan de l’administration, M.Taoufik Baccar a mis l’accent sur l’effort à
fournir pour simplifier, les procédures, réduire les délais, harmoniser les
législations et régimes fiscaux, promouvoir la bonne gouvernance et
transparence des entreprises, généraliser l’utilisation des nouvelles
technologies de l’information et de la communication (NTIC) et faciliter
l’accès des Pme aux sources de financement.

 

Au niveau des patronats, l’UME a mis en place un site Web dont l’objectif
est de promouvoir des partenariats et des alliances d’affaires entre
opérateurs maghrébins. Elle s’est engagée à accompagner de grands projets
fédérateurs d’envergure maghrébine, à créer un observatoire chargé de suivre
l’évolution de l’investissement et du commerce extérieur au Maghreb, à
intensifier les contacts d’ affaires à travers l’organisation de deux
manifestations : un Forum annuel des investisseurs maghrébins et des
conférences sur le partenariat et l’investissement dans la région.

 

Toujours au chapitre du secteur privé, l’UME s’est engagée à créer des prix
annuels pour les entreprises maghrébines les plus performantes en matière
d’intégration et d’innovation, l’organisation de sessions de formation
managériale.

 

Quant au directeur général adjoint du FMI, il estime que le Maghreb doit
avant tout rehausser son taux de croissance pour faire reculer le taux de
chômage encore élevé et améliorer plus rapidement les niveaux de vie. Il
plaide en conséquence pour une accélération de la croissance par la
dynamisation de l’investissement privé et de la productivité.

 

Selon lui, « compte tenu du fait que le secteur public n’offre guère de
possibilités pour accroître l’investissement et créer des emplois, un niveau
plus élevé d’investissement privé, y compris l’investissement direct
étranger aiderait à améliorer la productivité à travers l’apprentissage par
la pratique et les transferts des technologies ».