Le Turkménistan réclame à la Russie plus d’argent pour son gaz

 
 
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Le siège de Gazprom à Moscou (Photo : Yuri Kadobnov)

[23/11/2007 14:42:21] ACHKHABAD (AFP) Le Turkménistan a réclamé vendredi, selon le géant russe Gazprom, une hausse d’au moins 30% du prix du gaz vendu à la Russie et réexporté ensuite en partie vers l’Europe, laquelle convoite un accès direct aux hydrocarbures de cette ex-république soviétique d’Asie centrale.

“Les partenaires turkmènes ont mis en avant la question de la nécessité d’augmenter le prix d’achat du gaz d’au moins 30% dès l’année 2008”, a déclaré, d’après l’agence Interfax, le patron de Gazprom, Alexeï Miller, qui accompagnait le Premier ministre russe, Viktor Zoubkov, en visite à Achkhabad.

Le Turkménistan s’est engagé à exporter vers la Russie, pour la période 2007-2009, 50 milliards de m3 de gaz à 100 dollars les 1.000 m3, mais entend à présent modifier cet accord.

Gazprom, qui a besoin du gaz turkmène pour respecter ses contrats de livraison avec l’étranger, revend cet hydrocarbure en Europe à plus du double du prix d’achat.

“Nos collègues turkmènes nous ont informés (…) que les représentants de la Commission européenne et de l’Administration américaine avaient émis la thèse selon laquelle le prix du gaz fixé dans les contrats d’exportation est très bas”, a expliqué M. Miller, jugeant dès lors “pas étonnante” la revendication du Turkménistan.

L’entreprise russe a indiqué dans un communiqué que les négociations allaient reprendre “la semaine prochaine”, tandis que le ministère turkmène de l’Energie, contacté par l’AFP, n’était pas en mesure de commenter les déclarations du PDG de Gazprom.

Les Européens, qui veulent se libérer de leur dépendance énergétique à l’égard de la Russie, ont d’ores et déjà assuré être prêts à payer le gaz turkmène au prix du marché, si celui-ci lui était livré directement.

Bruxelles et Washington cherchent à convaincre Achkhabad de construire un gazoduc sous la mer Caspienne, contournant la Russie.

Ouvrant lentement son pays aux investisseurs étrangers, après plus de 20 ans d’isolationnisme imposé par son défunt et fantasque prédécesseur, Saparmourat Niazov, le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov s’est dit intéressé par ce projet.

Mais, jusqu’à présent, il a préféré se tourner vers la Chine, s’engageant à construire d’ici à 2009 vers ce pays un gazoduc, d’une capacité annuelle d’exportation de 30 milliards de m3.

L’autre dossier cher aux Russes abordé vendredi à Achkhabad concerne la finalisation d’un accord, datant du mois de mai, entre le Turkménistan, la Russie et le Kazakhstan pour moderniser le réseau soviétique de gazoducs et construire une nouvelle conduite sur la rive orientale de la mer Caspienne.

Mais les négociations à ce sujet semblent s’enliser, aucun calendrier précis n’ayant été fixé, alors même que l’accord définitif aurait dû être signé en septembre 2007.

Le Premier ministre russe a insisté vendredi sur l’importance de ce projet, estimant qu’il fallait travailler à sa réalisation “au plus vite”.

Le Turkménistan a prévu d’extraire cette année quelque 70 milliards de m3 de gaz, et espère voir passer sa production à 250 milliards de m3 en 2030.

Aucun audit indépendant n’a jamais confirmé l’étendue des réserves de gaz turkmène, mais le département américain à l’Energie les évalue à au moins 2.100 milliards de m3.

 23/11/2007 14:42:21 – © 2007 AFP