BM : Zoellick veut être le banquier d’une mondialisation “durable, pour tous”

 
 
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Robert Zoellick, le 07 août 2007 à Hanoï (Photo : Hoang Dinh Nam)

[10/10/2007 21:37:28] WASHINGTON (AFP) Le nouveau président de la Banque mondiale (BM), l’Américain Robert Zoellick, a souhaité mercredi que la vieille institution de Bretton Woods se mette au service d’une “mondialisation durable, pour tous”, dans son premier grand discours stratégique.

“C’est la vision de la Banque mondiale que de contribuer à une mondialisation pour tous et durable, pour vaincre la pauvreté, renforcer la croissance en prenant soin de l’environnement et offrir à chacun possibilités et espoir”, a déclaré M. Zoellick quelque cent jours après sa nomination.

L’ancien Représentant américain au Commerce, qui se retrouvera dans un peu plus d’une semaine face aux ministres des Finances des 185 pays membres de la BM, a pris soin de se démarquer de son prédécesseur, l’Américain Paul Wolfowitz, contraint à la démission après une affaire de népotisme.

M. Zoellick a ostensiblement relégué à l’arrière-plan la croisade anticorruption dont l’ex-numéro deux du Pentagone avait fait le coeur de sa politique à la tête de l’institution.

“Mon expérience m’a montré que le personnel de la Banque mondiale a conscience de l’importance de la lutte contre la corruption”, a-t-il dit, classant cette préoccupation au chapitre des “défis internes” et non des “thèmes stratégiques”.

M. Zoellick, qui a pris ses fonction début juillet, a toutefois maintenu l’autre grande priorité de son prédécesseur: l’aide à l’Afrique.

Ce choix a d’ailleurs dicté la première action à porter selon lui à son bilan: l’engagement du conseil d’administration de la BM en faveur d’une contribution record de 3,5 milliards de dollars au fonds d’aide aux pays les plus pauvres de la planète (AID).

Le nouveau dirigeant est cependant allé plus loin que son prédécesseur, en tranchant un vieux dilemme de la BM: l’aide aux pays émergents. L’institution ne devrait-elle pas se concentrer sur les pays les plus pauvres, au lieu d’aider ces pays qui ont accès aux marchés des capitaux ?

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Robert Zoellick, bio-portrait

M. Zoellick a au contraire fait l’une de ses priorités de la recherche de modèles économiques spécifiquement adaptés aux pays émergents.

“Ces pays font toujours face à des défis majeurs en terme de développement”, a-t-il plaidé, rappelant qu’aujourd’hui 70% des pauvres de la planète vivent en Inde, en Chine et dans d’autres pays en plein boom économique.

“Le président Zoellick comprend que la raison d’être de la Banque est de combattre la pauvreté et il a dessiné un plan pour y parvenir”, a réagi Bernice Romero, responsable de l’organisation non-gouvernementale Oxfam, dans un communiqué.

“Mais à partir de demain, c’est-à-dire du 101e jour, il va falloir que nous voyions ce plan sortir les gens de la misère. La Banque doit rester concentrée et ne pas s’écarter de sa mission de base”, a-t-elle ajouté.

M. Zoellick, dont la première mission était de rassurer les pays membres contributeurs de la BM et d’apaiser une institution déchirée par l’affaire Wolfowitz, a aussi proposé des axes de travail originaux.

D’abord: apprendre à aider plus efficacement les pays sortant d’une période de conflits.

“Notre compréhension de la façon dont il faut opérer face à ces situations dramatiques est, au mieux, modeste”, a-t-il dit.

Ensuite: “l’un des défis les plus remarquables de notre époque est de savoir comment soutenir ceux qui cherchent à faire progresser le développement et les possibilités dans le monde arabe”, a-t-il estimé.

Pour finir, l’ancien conseiller international de la banque d’affaires Goldman Sachs a élevé au rang de priorités des programmes thématiques comme le changement climatique ou les épidémies et la consolidation des équipes de la BM.

Celles-ci ont fait l’objet de critiques, plusieurs universitaires mettant en garde contre la perte d’excellence du personnel et le manque de rigueur de certains travaux, parfois biaisé pour servir les politiques de l’institution.

 10/10/2007 21:37:28 – © 2007 AFP