Gaz : accord en l’Ukraine et Gazprom, la presse souligne les implications politiques

 
 
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Enseigne de Gazprom à Moscou (Photo : Alexander Nemenov)

[10/10/2007 09:04:25] MOSCOU (AFP) Le géant gazier russe Gazprom et l’Ukraine ont signé mardi un accord censé mettre fin à leur contentieux financier, une affaire dont la Russie répète qu’elle est “économique” mais qui a largement coïncidé avec les législatives ukrainiennes.

Selon des journaux russes et ukrainiens mercredi, cet accord vise à priver sa rivale politique et possible successeur Ioulia Timochenko de marge de manoeuvre..

Les détails de l’accord n’ont pas été révélés, mais selon le quotidien Kommersant, il prévoit le versement à Gazprom d’environ 929 millions de dollars avant le 1er novembre, et le contrôle sur le tiers des dépôts souterrains de gaz en Ukraine à hauteur de 1,2 milliard de dollars.

Si bien que la pro-occidentale Ioulia Timochenko, possible prochain Premier ministre lorsque s’achèveront les négociations en cours pour la formation d’une coalition gouvernementale, “n’héritera que des obligations de créances de la part de Ianoukovitch”, souligne Kommersant.

Gazprom, souvent présenté comme le bras armé du Kremlin dans ses relations diplomatiques avec ses anciens satellites de l’URSS, avait créé la surprise il y a une semaine en annonçant brutalement qu’il pourrait réduire ses livraisons de gaz à l’Ukraine, si celle-ci n’honorait pas avant fin octobre une dette de 1,3 milliard de dollars.

De quoi donner des sueurs froides aux clients occidentaux de Gazprom, qui avaient subi des perturbations de leurs approvisionnements début 2006 lors de la première crise gazière entre l’Ukraine et la Russie, et ont plaidé pour un règlement rapide du problème.

La signature de mardi fait suite à un accord trouvé lundi entre le patron de Gazprom Alexeï Miller et le ministre ukrainien de l’Energie Iouri Boïko, indique Gazprom.

Le président Vladimir Poutine, qui recevait mardi le Premier ministre ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch, s’est dit “très satisfait que le problème ait été réglé à la fois entre entreprises et au niveau gouvernemental”.

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Vladimir Poutine et le Premier ministre ukrainien Viktor Ianoukovitch dans la résidence de Novo Oregovo le 9 octobre 2007 (Photo : Vladimir Rodionov)

“Je suis heureux que nos relations n’aient pas changé en dépit de l’incertitude actuelle en Ukraine”, lui a répondu M. Ianoukovitch en allusion aux négociations en cours à Kiev entre les partis pro-occidentaux et les pro-russes pour la formation d’une coalition gouvernementale après les législatives du 30 septembre.

Depuis le début de la crise, il y a tout juste une semaine, les analystes et la presse indépendants n’ont de cesse de souligner la concomitance des deux événements, signe selon eux, que Moscou essaie d’influencer le jeu politique en Ukraine.

Gazprom a à plusieurs reprises réfuté ces accusations d’ingérence. Le premier vice-Premier ministre russe Dmitri Medvedev, également président du conseil d’administration de Gazprom, a répété dimanche que le prix réclamé à l’Ukraine pour son gaz ne dépendait que de facteurs de marché, “comme c’est le cas pour tous nos partenaires”.

“Les négociations (sur les prix du gaz) provoquent régulièrement des conflits que nous ne comprenons pas. Parfois c’est même l’hystérie”, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il “serait temps que nos partenaires s’habituent à l’idée que l’on doit payer pour son gaz, et payer à temps et conformément aux contrats qui ont été signés”.

Gazprom n’a livré aucun détail sur la manière dont la partie ukrainienne prévoyait d’honorer sa dette mais M. Zoubkov, cité par l’agence Interfax, a indiqué qu’une partie de la dette serait payée par le transfert à Gazprom des droits sur un dépôt de gaz souterrain.

Konstantine Chouichenko, directeur exécutif de l’unique importateur de gaz en Ukraine RosUkrEnergo (contrôlé à 50% par le géant gazier russe Gazprom et à 50% par deux hommes d’affaires ukrainiens), a indiqué de son côté que sa société recevrait un premier paiement de 200 millions de dollars avant le 22 octobre.

Si la partie ukrainienne viole les délais de règlement de la dette, l’accord permet (à RosUkrEnergo) de réduire l’approvisionnement de gaz “proportionnellement à la somme impayée après le 1er novembre”, a rapporté Interfax.

 10/10/2007 09:04:25 – © 2007 AFP