La perspective d’une réforme de l’audiovisuel dope les actions des chaînes (PAPIER GENERAL)

 
 
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L’immeuble de TF1 à Boulogne, près de Paris (Photo : Jean-Pierre Müller)

[09/10/2007 16:34:33] PARIS, 9 oct 2007 (AFP) Les actions de TF1, Canal+ et M6 ont décollé à la Bourse de Paris mardi, au lendemain de l’annonce d’un vaste projet de réforme du secteur audiovisuel destiné à l’adapter au nouvel environnement et à favoriser l’émergence de grands groupes, comme l’a souhaité Nicolas Sarkozy.

A la mi-journée, les valeurs de l’audiovisuel étaient en très forte hausse alors que le CAC 40 perdait 0,01%: TF1 prenait 9,49% à 20,76 euros, M6 +9,82% à 23,04 euros et Canal+ décollait de 6,98%, à 6,43 euros.

Les trois chaînes privées ont profité des annonces de chantiers par la ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel en vue d’une réforme globale de l’audiovisuel.

Le secteur est encore régi par la loi de 1986 et ses décrets jugés désuets par l’ensemble des acteurs, car peu adaptés à la multiplication des canaux de distribution (chaînes de télévision, internet, VOD ou vidéo à la carte, opérateurs télécoms…).

Quatre groupes de travail seront installés, qui devront formuler des propositions d’ici le printemps 2008 et soumettre une réforme au président Sarkozy.

Dans sa lettre de mission à la ministre, le chef de l’Etat avait formulé cet été le souhait d’une “remise à plat” de la législation qui tienne compte de la “nouvelle donne du marché” et permette “l’émergence de grands groupes de communication audiovisuelle français de premier plan”.

L’un des groupes de travail vise à revoir la réglementation sur les rapports entre producteurs et diffuseurs, encadrés par des décrets de 2001 et 2002.

Cette remise à plat permettrait que chacun profite mieux des nouvelles “fenêtres” que sont les nouveaux supports comme la VOD, en étant “mieux intéressés aux recettes”, selon le ministère.

L’ensemble du secteur est favorable à une meilleure circulation des oeuvres via une plus grande fluidité des droits. Le PDG du groupe Canal+, Bertrand Méheut approuverait une telle libéralisation car selon lui “les diffuseurs souffrent actuellement d’entrave à leur développement”.

“On est ouverts à la discussion, à condition qu’elle intègre les nouveaux opérateurs”, a dit à l’AFP Jacques Peskine, délégué général l’Union syndicale de production audiovisuelle (USPA, 80% de la fiction télévisée).

“La ministre veut prendre les choses en main avec un esprit d’ouverture”, s’est félicité Jean-Pierre Guérin, président de GMT Productions, qui appartient au groupe Lagardère. “Un accord ne me paraît pas impossible”, ajoute-t-il.

La mission confiée à David Kessler, directeur de France Culture, et Dominique Richard, ancien député, devra aboutir à des premières conclusions d’ici décembre 2007.

Autre réforme en vue: assouplir la réglementation sur la publicité, point sur lequel les intérêts des diffuseurs et producteurs devraient plus facilement converger. “La publicité n’est pas l’ennemie de la création”, a fait valoir Mme Albanel.

Selon la banque d’affaires Natixis, “l’augmentation du volume publicitaire pourrait se chiffrer à quelques millions d’euros de chiffres d’affaires supplémentaires” pour TF1 et M6.

Le groupe public France Télévisions pourrait également en profiter.

Autre gros chantier qui a fait bondir les titres: une modification des seuils anti-concentration qui limitent aujourd’hui à 49% la part d’un actionnaire dans une chaîne de télévision.

Il s’agit de renforcer les groupes jugés “tout petits” face à des groupes plurimédias étrangers “hyperpuissants” (Google, Murdoch…). “Tout le monde se met à rêver de Bouygues rachetant les minoritaires de TF1”, observait un vendeur sur la place de Paris.

 09/10/2007 16:34:33 – © 2007 AFP