Trois banques françaises réussissent leur grand oral pour calmer les marchés

 
 
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Le directeur financier du Crédit Agricole, Gilles de Margerie, le 8 septembre 2004 à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

[30/08/2007 18:48:03] PARIS (AFP) Les trois banques françaises qui publiaient leurs résultats se sont livrées jeudi à un grand oral pour tenter de rassurer les marchés, qui les avaient durement sanctionnées en Bourse, sur leur exposition à la crise des crédits immobiliers américains à risque.

“Une partie des inquiétudes sur les marchés de capitaux est liée à l’incertitude sur qui détient quoi”, a déclaré jeudi le directeur financier du Crédit Agricole, Gilles de Margerie.

“Plusieurs compagnies publient leurs résultats et donnent des détails et une partie des incertitudes et des inquiétudes devraient disparaître”, a-t-il ajouté.

Depuis le déclenchement de la crise financière dite du “subprime”, les banques se relaient pour jauger publiquement ses répercussions sur leur activité. Un exercice délicat, car les conséquences exactes de cette tempête venue des Etats-Unis ne seront pas connues avant plusieurs mois, au mieux.

Le Crédit Agricole s’est lancé pour la première fois jeudi, alors que la franco-belge Dexia et Natixis, filiale des groupes Banque Populaire et Caisse d’Epargne, s’étaient déjà exprimées sur cette crise.

“L’impact est limité pour le Crédit Agricole”, a affirmé son directeur général, Georges Pauget, reconnaissant que les banques font face à “une forme de défiance”. “Il faut alimenter le marché en informations”, a-t-il ajouté.

La démarche a été bien accueillie par le marché, l’action Crédit Agricole prenant jusqu’à 4,27% jeudi en séance. Fortement chahutés en Bourse ces dernières semaines, Natixis et Dexia ont également bénéficié de ce nouvel épisode de la gestion de crise à laquelle les banques sont astreintes depuis un mois.

Visiblement amer, compte tenu du parcours boursier inquiétant de Natixis depuis sa création, il y a neuf mois, le président du groupe Banque Populaire, Philippe Dupont, a condamné le mouvement de panique des investisseurs devant la crise du “subprime”.

“Des réactions parfois excessives amènent tel ou tel à jeter l’anathème, soit sur certaines innovations financières, soit sur certains nouveaux acteurs. Je ne partage pas ces emballements”, a-t-il déclaré.

Pour les banques, dont les investisseurs se détournent encore largement, il faut convaincre et séduire, tout en sachant que la manoeuvre prendra probablement des mois.

“Il s’agit d’une crise sérieuse”, qui “appellera sans doute des ajustements, mais elle ne remettra pas pour autant en cause la stratégie des grands acteurs bancaires diversifiés”, a estimé M. Dupont.

Le modèle dit universel, spécificité française qui consiste à être présent dans tous les métiers de la banque, permet notamment de réduire l’importance relative de chaque activité sur les résultats.

A l’heure des premiers comptes, il semble que les banques françaises aient fait preuve d’une prudence vis-à-vis du risque qui les préserve relativement aujourd’hui. Le secteur bancaire allemand, où les établissements IKB et SachsenLB ont été touchés de plein fouet, vit ainsi beaucoup plus mal les récents événements.

“Il était possible de voir venir la crise du +subprime+ il y a longtemps. Il fallait quasiment être aveugle pour ne pas le voir”, a lancé jeudi le patron de Dexia, Axel Miller, qui s’est félicité de s’être désengagé du “subprime” dès la fin 2004.

“Nous avons eu une certaine anticipation”, a également estimé M. Pauget.

 30/08/2007 18:48:03 – © 2007 AFP