[16/08/2007 11:48:12] BANGKOK (AFP) Les petits investisseurs asiatiques manifestaient leur désarroi jeudi en voyant leurs portefeuilles meurtris par la chute généralisée des Bourses régionales sur fond de crise des prêts immobiliers à risque américains “subprimes”. A Bangkok, les actionnaires individuels se sont agglutinés dans les locaux de la maison de courtage Adkinson Securities pour consulter un immense tableau de cotations électronique couvert de chiffres rouges. “Je ne réalisais pas que la crise des +subprimes+ pourrait prendre une telle ampleur. Dans le jeu de la Bourse, il y a des gagnants et des perdants. Je crois que je suis un perdant. C’est vraiment un sale moment”, avouait Sam, un investisseur de 49 ans qui a dû vendre un grand nombre d’actions. Ake Ummaritchote, un entrepreneur de 32 ans regardant les cours s’effondrer sur l’écran de télévision de son bureau, s’est délesté de tous ses titres dans l’espoir de limiter la casse. “Je me suis débarrassé de toutes mes actions parce que je crains que les problèmes d’assèchement du crédit aux Etats-Unis ne se propagent. Presque tous mes gains ont été effacés”, déplorait-il. “Je n’arrive pas à comprendre comment un problème né aux Etats-Unis a pu se répandre sur toute la planète, et jusqu’en Asie”, se lamentait encore cet investisseur.
“Je me demande si je vais recommencer à investir en Bourse. Pour l’instant, j’attends que le marché touche le fond”, lâchait-il, fataliste. La Bourse thaïlandaise a atteint en juillet dernier son plus haut niveau depuis la crise financière asiatique de 1997-98. Mais elle ne s’est jamais complètement remise de la tourmente d’il y a dix ans et évolue encore à un niveau inférieur de plus de moitié à celui du début des années 1990. L’affolement s’est emparé jeudi de la Bourse de Séoul, dont l’indice Kospi a subi la chute la plus brutale de toute son histoire (-6,93%). “Le marché a totalement perdu confiance. Les investisseurs sont comme hantés par un fantôme invisible. On peut appeler ça un authentique krach dû à la panique”, a témoigné Suh Duck-Shik, de chez Samsung Investment and Management. Certes, les classes moyennes, en plein essor dans toute l’Asie et souvent adeptes du boursicotage, ont permis aux marchés de la région de prospérer ces dernières années et d’atteindre des maximums historiques. Mais la crise subite du “subprime” a infligé une sévère correction à ces marchés.
Tous les petits investisseurs n’ont cependant pas cédé à la tentation de vendre. Beaucoup attendent stoïquement que la crise s’apaise dans l’espoir de voir leurs actions redécoller. “La dégringolade est rapide, c’est très inquiétant. Mais, in fine, je crois qu’il ne s’agit que d’une phase de correction”, analyse Nobuyuki Seto, un homme d’affaires nippon de 49 ans qui a choisi de conserver son portefeuille. La Bourse de Tokyo a subi deux fortes baisses mercredi (-2,19%) et jeudi (-1,99%), même si la plupart des économistes considèrent que l’économie japonaise est peu exposée au problème des “subprimes” : hantées par le souvenir de la débâcle bancaire des années 1990, les institutions financières nippones sont allergiques aux risques, une prudence salutaire par les temps qui courent. “Il est étonnant que les prêteurs américains et européens se soient lancés dans des crédits aussi risqués”, critique Hidenori Suzuki, un boursicoteur japonais âgé de 60 ans. “Mais pour l’instant, la seule chose que je puisse faire, c’est attendre”, dit-il, résigné. |
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