Airbus jure “plus que jamais” par le plan Power8 malgré un succès record au Bourget

 
 
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Image de synthèse du A350

[22/06/2007 15:19:59] LE BOURGET (AFP) Fort d’une moisson record de commandes au salon du Bourget qui l’a fait repasser devant l’américain Boeing, Airbus a néanmoins insisté vendredi sur la nécessité d’appliquer son plan de réduction de coûts “Power8”, dénoncé par les syndicats après tant de succès commerciaux.

“La question de la compétitivité se fait sur les coûts et Power8 est indispensable pour permettre à Airbus de rester compétitif avec un dollar à 1,35 euro”, a martelé le président d’Airbus, Louis Gallois, dans un entretien à l’AFP, alors que la grogne monte face à ce paradoxe chez les salariés en France et en Allemagne.

Le président Nicolas Sarkozy, devrait évoquer la situation d’Airbus lors de sa visite samedi au Salon du Bourget.

Après quatre jours réservés aux professionnels de l’aéronautique, l’avionneur européen finit le “Paris Air Show” sur un bilan spectaculaire, avec 728 commandes récoltées depuis lundi, dont 425 fermes, ce qui représente un montant catalogue total, purement indicatif, de 98 milliards de dollars.

Vendredi, alors que le Bourget ouvrait ses portes au grand public, Airbus a annoncé deux derniers contrats. Le saoudien NAS a signé une intention d’achat pour 20 monocouloirs A320, tandis que Singapore Airlines a confirmé sa commande de 20 long-courriers A350, permettant au modèle rival du Boeing 787 d’afficher désormais 154 commandes fermes, après des débuts poussifs.

Airbus affiche 626 commandes fermes depuis le début de l’année, contre 510 pour le concurrent Boeing, qui faisait jusqu’ici la course en tête. Le constructeur aéronautique européen s’est toutefois empressé de souligner qu’après avoir engrangé toutes ces commandes, il avait “plus que jamais” besoin de son plan de réduction de coûts pour rivaliser avec l’américain.

“Certains disent: +maintenant que vous avez des ventes records, vous n’avez pas besoin de Power8+’. En réalité, nous en avons encore plus besoin. Nous rivalisons avec Boeing en terme de ventes, mais pas en terme de coûts”, a fait valoir le directeur commercial d’Airbus, John Leahy, au Salon du Bourget.

“Boeing a l’avantage de vendre des avions en dollars, mais il les construit aussi dans cette monnaie, alors que nous construisons nos avions pour moitié en euros”, a-t-il ajouté, qualifiant cela de “désavantage compétitif”.

Adopté pour tenter de surmonter les déboires de lancement du très gros porteur A380 et pallier la faiblesse du dollar face à l’euro, le plan de restructuration Power8 prévoit 10.000 suppressions d’emplois en 4 ans et un recours accru à la sous-traitance.

Après la déferlante de succès commerciaux du Bourget, on avoue chez Airbus qu’il ne sera pas aisé de “faire passer ce paradoxe en interne”. En France comme en Allemagne, l’argumentaire d’Airbus a du mal à passer.

Face à l’afflux de commandes, “supprimer 10.000 emplois n’est pas réaliste”, a indiqué vendredi à l’AFP le porte-parole du puissant syndicat allemand IG Metall, Daniel Friedrich.

“Les contrats prouvent qu’Airbus est une entreprise compétitive telle qu’elle est aujourd’hui”, a-t-il affirmé. “Dans les usines allemandes, on ne voit pas comment répondre à ces commandes avec ne serait-ce qu’un seul salarié ou une seule salarié en moins”, a-t-il affirmé.

“Doit-on devenir une société industrielle avec des engagements industriels ou une société financière à surveiller tous les jours les cours de l’euro et du dollar?”, s’est quant à elle interrogée la déléguée syndicale CFE-CGC, Françoise Vallin.

“Ce n’est pas en fermant des sites et en en vendant d’autres que l’on augmentera la capacité industrielle d’Airbus à rivaliser avec Boeing”, a déclaré à l’AFP le délégué syndical central CGT, Xavier Petrachi.

 22/06/2007 15:19:59 – © 2007 AFP