Le Maghreb, une terre d’accueil de l’investissement mondial

Par : Autres

zarg200607.jpgRecouvrant
un ensemble géographique, humain et culturel homogène, le Maghreb a su,
pendant la lutte d’indépendance, faire preuve de vitalité comme pôle
idéologique de rassemblement et de mobilisation. Aujourd’hui la guerre
économique mondiale est une réalité, elle impose aux Etats maghrébins, à
leurs peuples respectifs et notamment aux acteurs économiques, le même élan,
mus en cela par l’idéal unitaire, pour faire front aux impacts négatifs
éventuels de la globalisation des échanges mondiaux des biens, des services
et des capitaux, et de tirer profit collectivement des bienfaits de
l’internalisation en se constituant en tant que pôle homogène et solidaire
pour accueillir les investissements directs étrangers.

Le Maghreb dans l’échiquier de la mondialisation

Preuve que le Maghreb est en train de prendre sa place dans l’échiquier de
la mondialisation, les investisseurs des pays émergents dont les Chinois,
les Emiratis ou encore les Indiens, réalisent actuellement une percée
remarquée dans une Afrique du Nord en forte croissance.

En Europe et particulièrement en France, l’agenda géopolitique actuel cogite
sur l’idée d’une Union méditerranéenne à promouvoir, sur le modèle de la
Construction de l’Union européenne, une intégration par l’économie des deux
rives de Mare Nostrum, tirant en cela les leçons de l’échec du programme
Euromed initié en 1995 à Barcelone. La construction de cette maison
méditerranéenne serait basée sur une “coopération renforcée” entre l’Europe
du Sud et le Maghreb.

Sur le plan institutionnel, ce Maghreb existe. Le traité de Marrakech du 17
février 1989 signé par l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la
Tunisie, instituant l’Union du Maghreb Arabe, peut faire figure en effet
d’une importante étape dans la construction du Grand Maghreb.
L’intensité et le développement des relations économiques entre les pays
maghrébins est dictée par une nécessaire convergence des systèmes
économiques, plus ouverts et plus libéraux et une complémentarité qui, selon
les derniers rapports de la Banque mondiale, fera gagner la zone près de 1
point de croissance l’an si elle se concrétise. Ces rapports indiquent en
particulier que le coût du non Maghreb est estimé à 10 milliards de US$ par
an pour l’ensemble des économies de es pays de l’UMA ! Les chantiers de
l’intégration sont immenses, de la convertibilité régionale de la monnaie, à
la circulation plus fluide des biens, des services et des capitaux
maghrébins dans le Maghreb, à la coopération voire intégration des systèmes
de transport et infrastructures. Beaucoup est déjà fait par les Etats, mais
aujourd’hui, l’investissement est une affaire prioritairement privée.

L’attraction de l’investissement dans la région et rôle du secteur privé

L’assise juridique pour promouvoir l’investissement dans la région est déjà
opérationnelle.
La Tunisie, au début des années 1990, le Maroc et l’Algérie,
au début des années 2000, ont modifié le code des investissements et la
fiscalité dans le sens de davantage d’ouverture. Ceci a eu pour effet
immédiat une forte attractivité des investisseurs étrangers notamment dans
le cadre des privatisations opérées par les pays du Maghreb (participations,
acquisitions, concessions et B.O.T.).

Toutefois, le secteur privé de la région, constitué pour la plus part de PME
et PMI, souvent familiales, a la responsabilité de s’organiser en nouant des
partenariats intermaghrébins à même de leur permettre de disposer de taille
critique pour pouvoir résister à la mondialisation galopante. Plus que
jamais, le Maghreb économique a besoin de champions locaux, des capitaines
maghrébins de l’industrie et de services, qui sauront maintenir et
développer les emplois et la richesse locale, tout en étant mieux armés pour
négocier avec les groupes mondiaux intéressés par la zone Afrique du Nord.

Le secteur associatif peut jouer un rôle prépondérant en vue de cette
intégration maghrébine, en favorisant les espaces de rencontres et de
débats. Ces échanges permettent l’émergence de nouvelles idées d’alliances
entre investisseurs et entrepreneurs maghrébins, oeuvrant ainsi sur le plan
de la complémentarité microéconomique pour atteindre globalement la
complémentarité régionale convoitée. On a dénombré cette année plusieurs
manifestations dont le thème portait sur la zone économique maghrébine, le
patronat d’abord avec des structures telles que l’UTICA, l’IACE, voire le
CJD, mais aussi des secteurs entiers tels que les banques, le transport, le
tourisme, …

Toute cette effervescence maghrébine actuelle n’est certainement pas le
fruit du hasard. Il est temps, en effet, de bâtir la maison économique
maghrébine, tous les indicateurs locaux et internationaux convergent vers ce
sens de l’histoire. A titre illustratif du rôle joué par la société civile,
l’Association des Tunisiens des Grandes Ecoles organise son forum annuel cet
été sur le thème «La dimension Maghrébine : Nouvel espace d’opportunité pour
l’investissement et l’entreprenariat».

Lors de cette 16ème édition du forum ATUGE dont la première partie s’est
tenue à paris le 9 juin 2007 et la deuxième partie se tiendra le 19 juillet
à Tunis, l’accent sera mis sur l’importance de mise en relations des
compétences maghrébines pour un Maghreb économique attractif sur le plan de
l’investissement et compétitif sur le plan des échanges des biens et des
services. En collaboration avec le CJD et l’IACE, en partenariat avec le
CEPEX et la FIPA, parrainé cette année par une banque pan maghrébine (c’est
déjà un symbole), ce forum sera le lieu de la mise en avant d’expériences
concrètes d’investissement dans la région par des entreprises maghrébines,
mais aussi l’occasion pour les multinationales étrangères de présenter leur
perception de cette entité géographique sur le plan des avantages
spécifiques pour les IDE.

La présence dans ce forum de l’Association des Marocains des Grandes Ecoles
(AMGE) ainsi que le REAGE (Réseau des Algériens des Grandes Ecoles) marque
la volonté de ces hommes et femmes dans la mise en commun des ressources
humaines et des compétences maghrébines comme l’ont fait, jadis pour sa
construction, les pères fondateurs de l’Europe, en mettant en commun les
ressources économiques vitales dans les années 50, à savoir le charbon et
l’acier. Cinquante ans plus tard, le capital humain constitue, désormais, la
ressource vitale de la croissance économique dans le Maghreb.

L’heure de la construction d’une ère de prospérité économique dans le
respect mutuel des identités locales (parce qu’elles existent) dans le
Maghreb a sonné, saisissions cette opportunité, car cette zone du monde ne
supportera pas un autre rendez-vous manqué dans son histoire, ne serait-ce
que par égard à ceux qui ont donné leur vie pour la souveraineté du Maghreb
et pour notre jeunesse qui mérite un héritage prometteur.

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*Hassen Zargouni est statisticien
économiste, fondateur et dirigeant d’un bureau d’études de marché installé
dans l’ensemble des pays du Maghreb ; Président de l’Association des
Tunisiens des Grandes Ecoles françaises d’ingénieurs et de gestion (ATUGE
Tunisie), Membre du Bureau Exécutif de la Chambre tuniso-française de
commerce et d’industrie ; président de la commission «Jeunes Entrepreneurs».