Inde : l’économie tourne à plein régime mais manque d’électricité

 
 
SGE.OEM22.170607193729.photo00.quicklook.default-245x170.jpg
Un générateur dans une rue commerçante à New Delhi, le 23 mai 2007 (Photo : Manpreet Romana)

[17/06/2007 19:47:48] NEW DELHI (AFP) L’économie indienne tourne à plein régime mais la puissance émergente asiatique manque d’électricité, obligeant particuliers et entreprises à s’équiper de générateurs pour produire leur propre courant.

Comme chaque été, New Delhi brûle sous 45 degrés Celsius, poussant climatiseurs, ventilateurs ou réfrigérateurs à pleine capacité et provoquant des coupures de courant.

A l’exception de résidences officielles et diplomatiques préservées, les 14 millions d’habitants de la capitale sont victimes de pénuries d’électricité, souvent plusieurs heures par jour.

Récemment, les magasins du marché le plus chic de la ville, Khan Market, ont dû baisser le rideau après 14 heures de coupure. “Sans lumière, un commerçant ne peut rien vendre. L’électricité, c’est indispensable. Le gouvernement doit s’en occuper”, proteste Satinder Grover, marchand de chaussures du bazar touristique Janpath, en plein centre-ville.

Les coupures électriques en Inde ne sont pas une nouveauté, mais la situation a empiré avec le ‘miracle’ économique. Le géant asiatique a vu son Produit intérieur brut croître de 9,4% sur un an en 2006/2007, un chiffre record, après un taux moyen de 8% ces cinq dernières années.

Avec toujours plus d’immeubles de bureaux et d’habitations, la demande d’électricité dépasse parfois de 14% ce que le réseau national peut fournir, d’après le gouvernement. Et dans les campagnes où vivent les deux-tiers des 1,1 milliard d’Indiens, seuls 44% des foyers sont raccordés au réseau électrique.

Il n’y a tout simplement pas assez d’électricité, résume Shubhra Puri, du magazine ‘Power Line’. L’Inde n’a que 600 kilowattheures par habitant, moitié moins que… l’Irak, d’après M. Puri.

“Nous sommes tellement privés de courant que même en jonglant avec la gestion du réseau, il y aura des coupures”, estime-t-il.

La distribution électrique est mal gérée et il n’y a pas eu assez de centrales construites ces vingt dernières années, relèvent des experts. De plus, le vol d’électricité est un sport national. A New Delhi, il est fréquent de se brancher sur le compteur de son voisin.

Du coup, sociétés et particuliers s’équipent de générateurs au gazole. Les ventes de ces machines bruyantes et polluantes devraient bondir de 20% cet été, prédit l’association du patronat indien, Assocham.

La totalité des générateurs en Inde crachent 25.000 mégawatts (MW), soit 20% de ce que fournit le réseau national d’électricité, selon le ministère de l’Energie.

Les entreprises qui s’implantent autour de New Delhi installent des générateurs pour être alimentées 24h/24h. Même chose dans les immeubles qui poussent comme des champignons en banlieue.

Dans l’est huppé de New Delhi, des diplomates indiens à la retraite ont même adossé à leur luxueux complexe résidentiel, bâti il y a 20 ans, des générateurs au diesel.

“A l’époque, on espérait que les choses s’amélioreraient”, explique Kalarickal Pranchu Fabian, un ambassadeur. “Mais les années passant, les gens en sont de moins en moins convaincus”, déplore-t-il. Chez lui, les coupures de courant ont duré au total 300 heures en 2006.

Maintenant, le ministère de l’Energie promet un accès à l’électricité pour chaque foyer d’ici à 2012 et la production, à cette date, de 212.000 MW. C’est-à-dire l’ajout de 80.000 MW en cinq ans alors que l’Inde ne s’est dotée que de 20.000 MW de plus au cours des cinq dernières années.

“Le secteur de l’électricité n’est pas très prometteur”, s’est inquiété en mai le Premier ministre Manmohan Singh, craignant qu’avec trop peu de courant, l’Inde ne maintienne pas son rythme de croissance.

 17/06/2007 19:47:48 – © 2007 AFP