Agriculture : Sarkozy menace de mettre son “veto” aux négociations de l’OMC

 
 
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Nicolas Sarkozy sur le perron de l’Elysée le 17 mai 2007 (Photo : Patrick Kovarik)

[29/05/2007 20:15:33] SAINT-PIERRE-LE-VIGER (AFP) Le président Nicolas Sarkozy a affirmé mardi, au cours d’une rencontre avec des agriculteurs en Seine-Maritime, que “la France mettra son veto” lors des négociations commerciales de l’OMC si les intérêts agricoles français sont menacés.

“Dans les négociations de l’OMC, s’il y a des efforts à faire, que tout le monde les fasse. Pour l’instant, je ne vois pas les efforts que sont disposés à faire les Etats-Unis”, a-t-il dit en citant également l’Inde et le Brésil.

“Si on ne comprend pas ça à la table de l’OMC, la France mettra son veto”, a-t-il ajouté.

“Je ne suis pas disposé à échanger l’agriculture contre les services dans le cadre des négociations de l’OMC. On ne peut pas continuer à négocier comme cela”, a déclaré M. Sarkozy.

“Je suis totalement déterminé à défendre l’agriculture comme un élément de la puissance économique de notre pays”, a-t-il poursuivi. Il a également assuré que “l’agriculture a un avenir”, à l’attention des jeunes agriculteurs désireux de s’installer.

De Bruxelles, le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, qui négocie pour les pays de l’UE à l’OMC, a immédiatement réagi aux propos du président français en rappelant que lui non plus ne voulait pas un accord “à n’importe quel prix”.

“Si les autres (participants) ne peuvent pas faire un effort proportionné à l’offre européenne, je n’aurai d’autre alternative que de revoir ce que l’Europe a mis sur la table”, a expliqué M. Mandelson, dans une déclaration transmise à l’AFP.

M. Mandelson négocie, en vertu d’un mandat, sous le contrôle du conseil des ministres de l’UE dans lequel chaque pays peut faire valoir ses “intérêts vitaux”.

Selon une source communautaire interrogée mardi, la “capacité de la France à exercer un droit de veto dépend” sur un plan légal “du contour final d’un (éventuel) accord” bouclant le cycle de Doha.

Sur le volet agricole, la position de l’Europe sera arrêtée entre les 27 à la majorité qualifiée, mais “s’il y a dans l’accord une forte composante sur les services, la réponse n’est pas claire”, ajoute la même source. Certains domaines, tels les droits de propriété intellectuelle, relèvent en effet d’une décision à l’unanimité.

“Au moins, M. Sarkozy semble favorable à un accord équilibré alors que (Jacques Chirac) était opposé à tout type d’accord”, a toutefois relevé cette même source.

Les négociations engagées en 2001 à Doha, au Qatar, relancées mi-mai après dix mois de blocage, achoppent principalement sur le problème agricole.

Les Etats-Unis sont sous pression pour réduire leurs subventions à leurs agriculteurs et l’Union européenne ses droits de douanes sur les produits agricoles. Les pays riches reprochent pour leur part aux grandes économies émergentes –Brésil, Chine, Inde– de ne pas ouvrir davantage leurs marchés à leurs produits manufacturés et à leurs services.

Après deux jours de discussions à Bruxelles, les quatre principaux acteurs du cycle de Doha à l’OMC (G4: UE, Etats-Unis, Brésil et Inde) ont réaffirmé le 18 mai leur espoir de conclure ces négociations d’ici la fin de l’année.

Les négociateurs espéraient à l’origine parvenir à un accord au moins dans les grandes lignes d’ici fin juin, date de l’expiration du mandat donné par le Congrès américain au président George W. Bush pour négocier des accords commerciaux.

Les discussions au sein du G4 vont se poursuivre dans les prochaines semaines et le groupe se réunira à nouveau formellement vers la fin juin.

 29/05/2007 20:15:33 – © 2007 AFP