Construire des partenariats mondiaux

Par : Tallel
 

ue180507.jpgLe 1er
janvier, l’Allemagne a pris la présidence de l’( et du G8. La dernière fois
que notre pays a assuré cette double présidence, c’était en 1999. Cette
année, notre objectif premier est de relever les défis planétaires et de
tirer le meilleur parti de la mondialisation.

Les
intérêts et préoccupations de l’UE et du G8 ne sont nullement identiques,
mais il existe plusieurs domaines dans lesquels nous pouvons mettre à profit
notre double présidence pour créer d’utiles synergies.


Économie
mondiale, responsabilité et dialogue

«Croissance et responsabilité» est le thème de notre présidence du G8, et
nous tenons particulièrement à impliquer les économies émergentes dans la
gouvernance mondiale. Non seulement les économies émergentes ont une
responsabilité accrue dans le règlement des questions mondiales, mais leur
propre conception de ce rôle évolue. Les progrès de la mondialisation
exigent un cadre fonctionnel et fiable, ainsi qu’un dialogue sur les
questions économiques urgentes. C’est pourquoi Mme la Chancelière Angela
Merkel invite les grands pays émergents au sommet du G8 en juin prochain à
Heiligendamm, station balnéaire sur la mer Baltique. Ce n’est pas la
première fois que ces pays participent à un sommet du G8, mais à
Heiligendamm nous serons à même de jeter les bases d’une coopération de
longue durée qui pourra être poursuivie dans d’autres instances. L’OCDE peut
largement contribuer à la progression de ce «Processus de Heiligendamm».

Prenons
le domaine crucial de l’économie. Nous devons envoyer le message suivant :
des règles de marché, conjuguées à une conception sociale de la
mondialisation et à une approche durable de la gestion des ressources, sont
des conditions préalables au développement et à la prospérité de la planète.
C’est dans ce contexte que nous souhaitons nous entendre avec nos
partenaires sur les grands défis de l’économie mondiale.

En
soulignant les aspects positifs de l’économie mondiale, nous voulons définir
un « Agenda du G8 pour la croissance et la stabilité mondiales» qui tracera
la route à suivre en fonction des progrès déjà accomplis.

Nous
souhaitons une déclaration du G8 sur la liberté d’investir dans les pays
industrialisés comme dans les économies émergentes, afin de contrer la
tendance actuelle au protectionnisme dans ce domaine. Nous voulons également
examiner des règles relatives à l’investissement international garantissant
des conditions comparables et équitables aux investisseurs étrangers.

L’innovation est déterminante pour nos sociétés du savoir, et nous sommes
décidés à avancer dans la protection contre le piratage et la prévention
contre les violations des droits de propriété intellectuelle qui minent nos
économies. Il faudra pour cela renforcer notre coopération internationale en
matière de science et de recherche.

Enfin,
pour l’Allemagne mais aussi, de plus en plus, pour d’autres pays, il est
indispensable de consolider les piliers sociaux de la mondialisation à
partir de valeurs universelles communes. Cette dimension cruciale sera
soulignée à Heiligendamm, où les principes de responsabilité sociale des
entreprises, y compris les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des
entreprises multinationales, tiendront une place importante.


Sécurité
énergétique et climat

Les pays
du G8 et de l’OCDE partagent un intérêt profond pour l’établissement de
relations fiables, transparentes et coopératives avec tous les fournisseurs
et consommateurs d’énergie. En décembre 2007, Frank-Walter Steinmeier,
ministre fédéral des Affaires étrangères, accueillera dans le cadre du G8
une conférence à Berlin sur le thème «promouvoir une politique étrangère
pour des approvisionnements énergétiques sûrs et durables». L’un des aspects
de cette question est la diversification de nos liens énergétiques. En tant
que membre de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Allemagne
s’emploie déjà à favoriser l’ouverture des marchés internationaux de
l’énergie, la concurrence, l’efficacité énergétique, les pratiques
respectueuses de l’environnement et le développement de la coopération
internationale. Mais nous devrons aussi travailler ensemble pour établir des
structures solides de coopération entre les principaux pays producteurs, de
transit et consommateurs.

L’accélération du réchauffement climatique constitue également un immense
défi mondial. L’UE est prête à ouvrir la voie dans le domaine de la
protection du climat et à promouvoir des réformes structurelles vers une
économie plus écologique, indépendamment de l’issue des négociations
internationales. De fait, le Conseil européen des 8-9 mars 2007 a adressé un
signal politique fort à cet égard, annonçant que l’UE réduira ses émissions
de gaz à effet de serre de 20 % d’ici 2020 par rapport à leurs niveaux de
1990.

Cependant, l’UE ne peut agir que sur 15 % environ des émissions mondiales de
gaz à effet de serre. Afin de combattre le changement climatique provoqué
par l’homme, le protocole de Kyoto devra, après 2012, faire place à un
régime global de protection du climat contraignant pour tous les gros
émetteurs. L’UE veut lancer des négociations pour un traité lors de la
conférence internationale sur le climat de décembre 2007 à Bali, pour les
conclure en 2009. Dans la perspective d’un traité international de ce type,
l’UE serait même disposée à réduire ses émissions de 30 % d’ici 2020 par
rapport à leurs niveaux de 1990.

Grâce à
l’initiative du G8 de 2005, des pays tels que la Chine et l’Inde sont
maintenant associés au processus. L’Allemagne entend aller plus loin dans le
contexte de sa double présidence et d’autres partenariats. L’efficacité
énergétique est une préoccupation centrale, et nous distinguons trois
secteurs dans lesquels des économies sont mondialement possibles : la
production d’électricité (technologie du charbon épuré), le transport
(voitures propres) et la construction (bâtiments durables). L’AIE a établi
plus d’une quarantaine d’« accords de mise en œuvre» pour stimuler le
développement de ces technologies. Les pays émergents ont eux aussi un
appétit énergétique croissant et coopèrent désormais plus étroitement par
l’intermédiaire de réseaux spéciaux d’experts. Cette coopération est
essentielle à la réussite des politiques climatiques.


Échanges

L’enjeu
est ici triple. En premier lieu, il y a le cycle de Doha. Les économies
développées prospèrent grâce à leurs échanges avec le monde entier. Même si
nous tirons des avantages particuliers des liens avec les économies
émergentes en croissance rapide, nos propres intérêts et nos engagements
envers les pays en développement nous obligent à veiller à la réussite du
cycle de Doha.

Les
relations commerciales transatlantiques sont le deuxième enjeu. Les liens
entre les États-Unis et l’UE sont certes étroits, mais ils peuvent encore
être améliorés dans les domaines des normes de production, de la propriété
intellectuelle, des marchés de capitaux, de l’énergie et de l’environnement.
Ces questions font l’objet de l’Initiative transatlantique de Mme la
Chancelière Merkel. Elles sont aussi au cœur des efforts de M. le ministre
Steinmeier pour un partenariat technologique UE-États-Unis, qui faciliterait
la recherche transatlantique sur l’énergie et le changement climatique.

Enfin,
il y a le commerce avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). L’UE
espère notamment, sous notre présidence, conclure les négociations sur les
accords de partenariat économique conçus pour promouvoir le développement et
l’intégration dans l’économie mondiale.

Croissance et gouvernance en Afrique

L’Afrique est une autre priorité de la présidence allemande, et nous
réaffirmons notre confiance en son avenir. Nous entendons faire progresser
le partenariat de réforme du G8 avec l’Afrique, et, dans cet objectif,
mettre davantage l’accent sur la responsabilité des pays africains. Nous
devons davantage soutenir la réforme, surtout parmi les pays qui y sont
ouverts et participent à l’Initiative du Nouveau partenariat pour le
développement de l’Afrique (NEPAD). Nous voulons renforcer les fondations de
la bonne gouvernance, de la démocratie et de l’État de droit. Ce sont des
conditions préalables à la construction d’une administration et de systèmes
d’éducation, de santé, d’imposition et de sécurité sociale efficaces.

Le G8 a
consolidé son partenariat avec l’Afrique en octroyant des remises de dette
et des aides publiques supplémentaires, par exemple lors des sommets de
Cologne en 1999 et de Gleneagles en 2005. Mais le financement public ne
suffira pas pour réaliser les objectifs du Millénaire fixés par les Nations
unies. Il est également important de stimuler la croissance du secteur
privé, et donc d’améliorer le climat de l’investissement par le
développement des infrastructures, la mise en place d’instruments financiers
appropriés et la lutte contre la corruption.

Notre
présidence de l’UE s’emploie en outre à construire un partenariat pour
garantir l’avenir des ressources énergétiques de l’Afrique. L’objectif est
d’assurer une gestion responsable, efficace et transparente des richesses
naturelles et des marchés de matières premières, afin de promouvoir le
développement et de vaincre la pauvreté. Le sommet UE-Afrique de la fin de
l’année devrait déboucher sur un accord de stratégie commune à cet effet, et
la présidence allemande prépare activement cet événement.

En
résumé, nous devons tous nous efforcer de donner une impulsion politique à
la mondialisation. Nous devons rendre celle-ci viable et équitable sur les
plans économique, écologique et social. Nous devons impliquer plus
étroitement les pays émergents comme partenaires responsables de la
gouvernance mondiale sur les fronts économique et politique. Durant sa
double présidence en 2007, l’Allemagne s’emploiera à faire en sorte que
s’exprime la responsabilité particulière de l’UE et du G8 dans
l’établissement d’un cadre fiable et efficace pour l’avenir de l’économie
mondiale.

*
Ambassadeur d’Allemagne auprès de l’OCDE

(Pour
des informations complémentaires sur la présidence allemande de l’UE, voir :


www.ue2007.de/fr/

ou

www.g-8.de
)