EADS : Forgeard a touché plus de 6 millions d’euros lors de son départ

 
 
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Le co-président d’EADS Noël Forgeard, le 28 juin 2006 à Paris (Photo : François Guillot)

[11/04/2007 09:03:52] PARIS (AFP) L’ancien co-président exécutif d’EADS et ex-PDG d’Airbus, Noël Forgeard, a touché plus de 6 millions d’euros lors de son départ en 2006 du groupe européen, auxquels s’ajoute une prime de non-concurrence de 2,4 millions d’euros, selon un document destiné aux actionnaires d’EADS.

“En vertu de son contrat de travail, Noël Forgeard a eu droit à six mois de préavis, représentant une somme de 1.223.317 euros (salaire brut et bonus), et des indemnités de départ de 4.893.268 euros, soit deux ans de salaire brut annuel”, écrit EADS, maison mère d’Airbus, dans ce document publié avant l’assemblée générale des actionnaires le 4 mai.

En 2005, M. Forgeard avait touché une rémunération brute de 2,33 millions d’euros, comprenant un salaire fixe annuel de 1,13 million d’euros et un bonus de 1,2 million.

En outre, M. Forgeard bénéficie à partir de 2007 d'”une indemnité de non-concurrence de deux ans, qui représente un montant brut mensuel de 101.917 euros”, soit 2,44 millions sur vingt-quatre mois, indique EADS.

Des responsables syndicaux d’Airbus à Toulouse ont jugé “scandaleux” et “choquant” le montant de ces indemnités.

“Le premier scandale, c’est que c’est légal. Noël Forgeard n’a pas volé cet argent, ni enfreint la loi”, a déclaré à l’AFP Jean-François Knepper, délégué syndical FO (majoritaire) et vice-président du comité européen d’Airbus.

“Alors qu’on fait un plan de restructuration, les actionnaires ont accepté les conditions négociées par Forgeard. J’ai du mal à comprendre que d’un côté on parle d’économies et que de l’autre côté on accepte ses conditions. Cette décision de lui attribuer un +golden parachute+ suscite un émoi considérable chez les salariés d’Airbus”, a-t-il ajouté.

“C’est extrêmement choquant”, a pour sa part réagi, Denis Bertrand, représentant syndical CFE-CGC (majoritaire chez les cadres d’Airbus) au Comité central d’entreprise.

“Si Forgeard a été remercié, c’est que ses résultats n’étaient pas satisfaisants. Il nous a conduits à la situation que l’on connaît aujourd’hui, avec des restructurations. Les salariés vont devoir accepter des suppressions de postes, et à côté de ça, des responsables partent avec de super parachutes dorés. La pilule est amère”, a-t-il dit à l’AFP.

M. Forgeard, évincé d’EADS en juillet 2006, a fait les frais des retards du programme Airbus d’avion géant A380, dont l’annonce a fait chuter le titre EADS de plus de 26% en Bourse le 14 juin et provoqué une grave crise industrielle et de management.

L’ancien patron d’Airbus (de 1998 à 2005) était en outre fragilisé par l’exercice controversé en mars 2006 de stock-options, dont il avait retiré une plus-value de 2,5 millions d’euros, peu avant l’annonce de nouveaux retards de l’A380.

Plusieurs autres dirigeants d’EADS avaient également levé leurs options de souscriptions d’actions à la même époque.

M. Forgeard a toujours clamé sa bonne foi, en assurant qu’il n’était pas au courant des nouveaux retards de l’A380 lorsqu’il a vendu son paquet d’actions.

Selon le document publié mardi, l’ancien dirigeant d’EADS détient encore 297.000 stock-options valables en principe jusqu’à 2013, 2014 et 2015. Selon l’hebdomadaire Marianne paru samedi, il en garderait le bénéfice, malgré son départ de l’entreprise.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) a ouvert une enquête sur de possibles délits d’initiés au sein du groupe et le parquet de Paris a ouvert une instruction le 20 novembre contre X pour “délit d’initié, diffusion de fausses informations et recel sur le titre de la société”.

Les indemnités de M. Forgeard, rendues publiques mardi, sont “tout à fait immorales par rapport à Power 8 (plan d’économies d’Airbus prévoyant plusieurs milliers de suppressions d’emplois, ndlr). Qu’est ce que Forgeard a fait? Beaucoup de gros dégâts (…) on va déposer un complément de plainte contre X pour abus de biens sociaux”, a commenté mardi Didier Cornardeau, président de l’Association des petits porteurs actifs (Appac).

Le capital d’EADS est contrôlé par un pacte d’actionnaires liant l’allemand DaimlerChrysler à l’Etat français et au groupe Lagardère. 41% du capital est par ailleurs “flottant”, détenu en Bourse par le public.

 11/04/2007 09:03:52 – © 2007 AFP