GB : la réalité des baisses d’impôts de Gordon Brown très discutée

 
 
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Le ministre des Finances britannique Gordon Brown le 21 mars à Londres

[22/03/2007 14:01:00] LONDRES (AFP) La presse britannique était sceptique jeudi sur la réalité des allègements fiscaux annoncés la veille par le ministre des Finances britannique Gordon Brown dans ce qui devrait être son onzième et dernier budget avant de devenir Premier ministre à la place de Tony Blair.

M. Brown a répondu aux critiques à la radio et à la télévision, en profitant pour essayer de donner de lui une image plus humaine que d’habitude, lançant même: “J’espère qu’on m’aime”.

Le budget a été ponctué mercredi de deux annonces-phares: la baisse de 30 à 28% du taux de taxe professionnelle, et la baisse de 22 à 20% du taux de base de l’impôt sur le revenu à partir d’avril 2008.

Mais il est vite apparu que ces allègements étaient compensés par des hausses. En particulier, pour la taxe professionnelle, le taux est au contraire relevé pour les plus petites entreprises. Et pour l’impôt sur le revenu, M. Brown supprime la première tranche à 10% sur les 3.280 premiers euros qui seront donc taxés à 20%.

Dans la foulée des conservateurs qui ont estimé que ces annonces de baisses de deux points (“2 p.”) allaient “aggraver la situation de 3,5 millions de familles” et relevaient de “l’escroquerie” (“con trick”), la presse s’en est donnée à coeur joie jeudi.

“2P or not 2P”, titrait ainsi l’Independent. “Le tour de passe-passe de Gordon”, estimait le Daily Telegraph. Le Daily Star comparait M. Brown à “King Con”, tandis que le Daily Mail lançait : “ce que Gord (jeu de mots avec “Lord”, “le Seigneur” en anglais) nous donne, Gord nous le reprend”.

Au contraire, le Sun se réjouissait : “Reasons 2P cheerful”, “des raisons d’être content”. Le Daily Mirror vantait “le budget coup de tonnerre qui fera de Gordon le prochain Premier ministre”.

Le Guardian était neutre : “Brown sous les feux de la rampe avec un budget destiné à contrer” David Cameron, le leader conservateur, tout comme le Times : “le budget à 2%”.

Le Financial Times constatait que “les Tories dénoncent un budget-escroquerie” et résumait : “Gordon Brown tire sa révérence avec un budget qui attire les gros titres en abaissant les taux (d’imposition), mais récupère chaque penny avec une série de mesures destinées à augmenter les recettes”.

Le quotidien financier publiait aussi un dessin montrant M. Brown coiffé d’une toque de grand chef, soulevant pompeusement une cloche d’argent marquée “baisses d’impôts” pour dévoiler… un petit pois, seul au milieu d’une grande assiette.

M. Brown a estimé jeudi que ses annonces constituaient “une réforme majeure”, mais dans un budget “fiscalement neutre”, une manière de reconnaître qu’il reprenait en effet d’une main ce qu’il donnait de l’autre, dans un contexte de recettes diminuées par la raréfaction du pétrole en mer du Nord.

Il a cependant soutenu que les plus faibles bénéficieraient des changements.

Le Guardian a souligné “les nouveaux habits de showman” du ministre, qui a annoncé la baisse d’impôt sur le revenu à l’extrême fin de son discours après avoir fait mine de le conclure par un emphatique : “c’est un budget pour les familles britanniques, pour l’équité et pour l’avenir”.

Dans la même veine, le chancelier, dont l’austérité tranche avec la jovialité de M. Blair, et dont les méthodes avec ses collaborateurs ont été qualifiées de “staliniennes” et de “cyniques” cette semaine par un ancien collègue, a voulu renverser la vapeur jeudi.

Malgré les attaques “qui ne sont pas quelque chose qu’on a envie d’entendre”, “j’espère qu’on m’aime”, et que “les gens comprennent d’où je viens et ce que j’essaie de faire”, a-t-il ainsi déclaré.

 22/03/2007 14:01:00 – © 2007 AFP