Etats-Unis : des doutes apparaissent sur la solidité de la croissance

 
 
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Une Américaine utilise un ordinateur portable en Californie en août 2006 (Photo : Justin Sullivan)

[27/02/2007 18:45:38] WASHINGTON (AFP) Les commandes de biens durables ont plongé en janvier aux Etats-Unis, soulevant chez les économistes et à la Bourse des inquiétudes sur la vigueur réelle de la reprise.

Les commandes de biens durables –des biens d’une durée de vie de trois ans ou plus– ont chuté de 7,8% le mois dernier, accusant leur recul le plus marqué depuis octobre 2006, a indiqué mardi le département du Commerce.

Une baisse était attendue après les bons chiffres de décembre, mais beaucoup moins importante. Pour l’économiste indépendant Joel Naroff, “le gros ralentissement de la demande en janvier est un retour à la réalité”.

Ces chiffres n’ont rien fait pour soulager les marchés américains, déjà perturbés par la chute de la Bourse de Shanghaï. Vers 17H00 GMT, le Dow Jones perdait 167,03 points (-1,32%) à 12.465,23 points.

“Le marché était de toute façon en phase de correction”, a réagi Al Goldman, analyste d’AG Edwards. Celle-ci “avait commencé mercredi dernier mais le retrait a été accéléré aujourd’hui par les nouvelles venues de Chine”, où les marchés financiers ont subi un fort recul, ravivant les craintes d’explosion de la bulle boursière.

En ce qui concerne les Etats-Unis, la crainte des courtiers comme des économistes est que la reprise ne soit finalement pas aussi forte que l’on pensait.

Le rapport de mardi “vient appuyer les récents propos de l’ancien président de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan”, selon lequel une récession pourrait arriver aux Etats-Unis cette année, ont noté les analystes de Briefing.com.

Même s’il a quitté ses fonctions à la Fed il y a plus d’un an, Alan Greenspan garde son statut d’oracle et les marchés sont peu habitués à l’entendre parler aussi ouvertement d’une possible récession.

Sa prédiction vient en tout cas contredire la sérénité affichée depuis plusieurs mois par la Réserve fédérale.

“La Fed assure que tout va bien dans l’économie. C’est peut-être vrai, mais les commandes de biens durables ne nous disent pas que les choses ont commencé en fanfare cette année”, a ajouté M. Naroff.

La baisse des commandes de janvier s’explique notamment par le fort recul de commandes dans le secteur des transports, surtout pour les avions de ligne (-60%). Ce n’est pas le plus préoccupant, compte-tenu des fortes variations mensuelles que connaît ce secteur.

Le rapport envoie des signaux plus inquiétants sur l’investissement des entreprises. Les commandes de biens d’équipement hors défense et hors aviation ont baissé de 6%, du jamais vu en trois ans.

“La timidité des investissements des entreprises au premier trimestre 2007 va agir comme un frein sur l’ensemble de la performance économique”, prédit Brian Bethune du cabinet Global Insight.

Ces préoccupations ont occulté les chiffres plus positifs reçus mardi, que ce soit la confiance des consommateurs au plus haut depuis cinq ans et demi, ou les reventes de logements beaucoup plus fortes que prévu en janvier.

Les économistes ont en fait déjà les yeux tournés vers mercredi, dans l’attente des chiffres de la croissance du quatrième trimestre qui devraient être révisés en nette baisse, à 2,3% au lieu de 3,5% annoncé initialement.

Cela signifierait que, au lieu de s’être reprise en fin d’année, la croissance américaine a en fait continué à tourner en sous-régime et que le bout du tunnel n’est pas encore en vue.

Pour les analystes, cela devrait aggraver la correction de la Bourse.

“Accrochez vos ceintures. Nous ne pensons pas que la correction sera grave ni prolongée, mais elle pourrait être plus prononcée que les passages à vide d’un ou deux jours que nous avons vus récemment”, affirme Frederic Dickson de DA Davidson.

 27/02/2007 18:45:38 – © 2007 AFP