Le meuble français organise sa riposte à la concurrence d’Europe de l’Est

 
 
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“Méridienne “Fakir”, de F et B Lefèbvre, exposée le 5 janvier 2006 au salon du meuble de Paris (Photo : Jean-Pierre Muller)

[20/01/2007 10:57:03] PARIS (AFP) Les fabricants français de meubles s’organisent pour tenter de résister aux coups de boutoir de leurs concurrents asiatiques et d’Europe de l’Est, Pologne en tête, misant sur l’international et la promotion du design français.

La production de meubles est “malmenée”, reconnaît Henri Griffon, président de l’Union nationale des industries françaises de l’ameublement (Unifa). Mais elle “s’adapte”, “en restant un secteur très innovant”, a-t-il déclaré avant l’ouverture du Salon du meuble samedi à Paris, Porte de Versailles, où sont attendus 80.000 visiteurs pendant cinq jours.

La production hexagonale a reculé de 1,6% en valeur sur les dix premiers mois de 2006, après un repli de 0,2% sur l’ensemble de 2005 à 6,1 milliards d’euros, selon les derniers chiffres de l’Institut de promotion et d’études de l’ameublement (Ipea).

Encore très artisanale, la filière pâtit d’une fragmentation en une myriade de petites entreprises, dans une position difficile pour peser face aux grands distributeurs qui imposent des baisses de prix pour séduire leurs clients.

La grande distribution représentait fin 2006 la moitié du réseau de distribution de meubles en France, selon une étude de l’institut Sociovision-Cofremca pour l’Unifa.

A la recherche de meubles bon marché, ces distributeurs alimentent en partie un bond des importations de meubles étrangers, en provenance de Chine, d’Indonésie, mais aussi d’Europe de l’Est, et en particulier de Pologne, premier producteur de meubles de la région, expliquent les experts de l’Ipea.

Déstabilisés, certains fabricants français n’hésitent plus à délocaliser leur production vers l’Est, pour réduire leurs coûts. En France restent les services dédiés au design, à la conception des meubles.

Résultat, les effectifs français s’érodent. Quelque 8.500 postes ont disparu entre 2002 et 2005. La filière emploie aujourd’hui un peu plus de 78.700 salariés, selon des chiffres de l’Ipea.

Les industriels se veulent cependant optimistes, et organisent leur riposte.

D’abord en nouant des contacts avec leurs concurrents directs. “Les industriels prennent les devants et commencent à construire des usines, trouver des partenariats avec les pays de l’Est”, en Pologne ou en Roumanie, explique Henri Griffon.

Ensuite, ils misent sur l’innovation des matériaux utilisés, et une certaine “griffe” française. “Si les prix baissent, le secteur progresse en volume, car la part du petit meuble et du meuble design contemporain augmente, représentant aujourd’hui environ 70% du chiffre d’affaires des industries françaises de l’ameublement”, souligne à cet égard M. Griffon.

L’ensemble de cette stratégie est repris par un “projet sectoriel” pour la période 2006-2010 dévoilé à l’occasion du Salon du meuble. Ce document pose cinq axes stratégiques, parmi lesquels une meilleure lisibilité des prix et des produits pour le client final, l’innovation, ou encore le développement de la présence du meuble français à l’étranger.

Pour financer ce plan, l’Unifa va réinjecter dans la filière une “taxe fiscale” prélevée auprès des industriels, d’un montant annuel global de 15 millions d’euros.

Les industriels parient aussi sur un maintien du dynamisme de la demande, portée par la construction de logements neufs et l’engouement des Français pour la décoration.

En 2006, le marché français du meuble a progressé pour la troisième année consécutive, avec un chiffre d’affaires global en hausse de 2,6%, à 9,01 milliards d’euros, selon l’Ipea.

 20/01/2007 10:57:03 – © 2007 AFP