Bruxelles se démarque des critiques de Paris sur l’euro fort et la BCE

 
 
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Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia, le 1er mars 2006 à Bruxelles (Photo : Gérard Cerles)

[29/11/2006 12:29:45] PARIS (AFP) Le commissaire européen Joaquin Almunia a pris ses distances mercredi avec les critiques de la France sur l’euro fort et la Banque centrale européenne (BCE), réitérées encore à demi-mot par le ministre des Finances Thierry Breton.

Le commissaire aux Affaires économiques et monétaires reconnaît que la hausse de l’euro face au dollar et au yen “suscite certains problèmes pour le secteur exportateur”, mais juge qu’il n’y a “aucune raison d’être alarmé par la situation, ni alarmiste”, dans une interview au journal Le Monde daté de jeudi.

“Nous sommes vigilants, car nous n’oublions pas que c’est un risque. Mais l’on ne peut pas considérer que nous sortions des limites habituelles”, selon M. Almunia.

Faisant allusion aux critiques de la France il affirme qu’il faut mieux “se concentrer sur les choses que l’on peut et doit faire. C’est plus utile et plus efficace”.

La BCE est souvent accusées par les responsables politiques français de tous bords d’encourager l’appréciation de la monnaie unique par ses hausses de taux qui rendent la monnaie plus attractive.

M. Almunia considère lui que le niveau des taux d’intérêt directeurs de la Banque centrale européenne n’est pas un frein pour la croissance. Appelant Paris à appliquer plutôt les réformes nécessaires, il juge que “les raisons pour lesquelles nous avons des taux de croissance plus faibles dans la zone euro sont plutôt d’ordre structurel”.

Thierry Breton a quant à lui jugé mercredi “important” que la BCE “entende” ce que disent les ministres de l’Eurogroupe (l’instance réunissant les ministres des Finances de la zone euro) sur le taux de change euro-dollar, qui ont prôné la “vigilance”.

Quand l’euro a dépassé les 1,30 dollars, “j’ai souhaité que nous ayons une expression nouvelle, c’est-à-dire que nous exprimions notre vigilance collective” au sein de l’Eurogroupe, a expliqué M. Breton lors de la conférence de presse mensuelle du Premier ministre, Dominique de Villepin.

Il ne “semble pas illégitime que nous ayons une expression” sur la situation des changes, a expliqué M. Breton.

“On en a parlé pendant longtemps (lundi à Bruxelles entre ministres à l’Eurogroupe, ndlr), certains souhaitaient qu’il n’y ait aucune expression, je souhaitais qu’il y en ait une”, et ce “précisément” avant que la BCE se réunisse, a-t-il dit.

L’institut monétaire se réunit le 7 décembre et a préparé le terrain à cette occasion à une nouvelle hausse de son taux directeur, en arguant de la solidité de la reprise économique en cours. Il devrait alors passer de 3,25% à 3,50%.

L’euro a franchi mardi le seuil de 1,32 dollar, qu’il n’avait plus atteint depuis le printemps 2005, avant de redescendre sous ce seuil.

Les critiques françaises sont récurrentes. Le Premier ministre Dominique de Villepin avait ainsi proposé le 14 novembre que l’Union européenne se dote d’un “bouclier monétaire” et d’une “véritable stratégie de change” intégrant des objectifs de croissance, de protection de l’industrie et d’emploi.

Par ailleurs, le commissaire européen a suggéré un renforcement de l’Eurogroupe qui est sensée constituer un pendant à la BCE.

A son avis, il “n’y a pas de capacité de décision suffisante des responsables de la zone au sein de l’Eurogroupe”.

 29/11/2006 12:29:45 – © 2006 AFP