L’euro franchit 1,32 dollar et établit un nouveau record face au yen

 
 
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Le symbole de l’euro devant le siège de la Banque centrale européenne à Francfort en 2005 (Photo : John MacDougall)

[28/11/2006 22:40:32] NEW YORK (AFP) L’euro a franchi mardi le seuil de 1,32 dollar, qu’il n’avait plus atteint depuis le printemps 2005, et a établi un nouveau record face au yen, alors que la hausse de la monnaie européenne suscite des craintes pour la vigueur de la croissance européenne.

L’euro est monté mardi jusqu’à 1,3208 dollar, son meilleur niveau depuis le 22 mars 2005. Il a atteint un record historique face au yen, à 153,36 yens.

Vers 22H05 GMT (23H05 à Paris), l’euro valait 1,3200 dollar contre 1,3131 lundi vers 22H00 GMT. Le dollar valait 116,16 yens contre 116,05 yens.

Cette nouvelle progression de la monnaie européenne a été déclenchée mardi par un indicateur confirmant la précarité de l’économie américaine.

Les commandes de biens durables aux Etats-Unis ont ainsi accusé en octobre leur baisse la plus importante en six ans, reculant de 8,3% par rapport à septembre. Même en excluant la composante des transports, dont le recul était attendu, les commandes ont reculé de 1,7%, la baisse la plus nette depuis juillet 2005.

Ce chiffre a réveillé les “incertitudes concernant la dynamique de l’économie américaine”, a commenté Bob Sinche, analyste chez Bank of America.

“Ce chiffre donne encore du crédit à l’hypothèse d’une baisse des taux aux Etats-Unis, alors qu’au contraire la Banque centrale européenne devrait continuer de relever les siens”, a expliqué Mike Carey, économiste chez Calyon.

La Réserve fédérale américaine (Fed) pourrait en effet baisser son taux d’intérêt directeur – actuellement fixé à 5,25% – en 2007, alors qu’au contraire les taux en zone euro devraient atteindre 3,50% en décembre et vraisemblablement rester sur la pente ascendante en 2007.

Cette divergence réduit, au bénéfice de l’euro, le différentiel de taux d’intérêt entre les deux monnaies et entretient la progression de l’euro contre le dollar.

Cette progression suscite par ailleurs polémiques politiques et débats économiques depuis quelques jours.

Lundi, le ministre français de l’Economie, Thierry Breton, a jugé que la dépréciation du billet vert appelait une “grande vigilance collective”. Le sujet est d’autant plus sensible que la France est à six mois de l’élection présidentielle, et que sa croissance a stagné au troisième trimestre.

L’organisation patronale paneuropéenne Unice a pour sa part jugé “préoccupant” le taux de change de l’euro.

Lundi soir, les ministres des Finances des douze pays de la zone euro, qui se réunissaient à Bruxelles, se sont cependant montrés sereins face à la nouvelle hausse du taux de change de la monnaie unique, tout en réaffirmant leur vigilance.

Le président de l’eurogroupe Jean-Claude Juncker a estimé que le taux de change ne posait pour l’instant pas de problème mais qu’une “volatilité excessive” de la monnaie unique n’était “pas souhaitable pour la croissance” et que l’eurogroupe resterait “vigilant”.

Même sérénité du côté de l’OCDE pour qui la situation n’est pas alarmante pour le moment et reflète la vigueur retrouvée de l’économie européenne.

L’OCDE reconnaît toutefois que cette hausse de la monnaie unique “neutralise quelque peu l’effet d’une demande étrangère vigoureuse”.

Lui faisant écho, le directeur du FMI pour l’Europe Michael Deppler a laissé entendre mardi à Bruxelles qu’il ne faudrait pas que l’euro s’apprécie trop par rapport à son niveau actuel.

La monnaie unique est “correctement valorisée” actuellement et elle doit évoluer entre 1,25 et 1,30 dollar pour le rester, a-t-il affirmé.

A court terme, plusieurs analystes s’attendent de toute façon à voir la progression de l’euro s’épuiser, après sa nette hausse des derniers jours (il a pris 2,7% en une semaine).

Bob Sinche, de Bank of America, estime même que la monnaie européenne aura du mal à progresser davantage à plus long terme.

“La force de l’euro va commencer à faire ralentir la croissance européenne l’année prochaine”, a-t-il pronostiqué, estimant que cela allait contribuer à faire redescendre la monnaie unique.

 28/11/2006 22:40:32 – © 2006 AFP